La Cour des Comptes a publié aujourd'hui un rapport sévère avec la politique du train à grande vitesse en France. Incohérent, pas assez rentable, le TGV déraille. Mais quel impact ce rapport peut-il avoir pour la ligne LGV entre Nice et Marseille?
Les enseignements du rapport de la Cour des comptes (ici pour le texte complet) sur le train à grande vitesse français sont nombreux, mais il est très difficile d'en tirer des conclusions claires pour l'avenir de la LGV Provence-Alpes-Côte-d'Azur entre Marseille et Nice.
En effet et pour commencer, le texte du rapport n'évoque presque pas la situation de Nice. En 173 pages, la ville n'est mentionnée qu'une fois, et encore...Uniquement pour expliquer que l'avion reste aujourd'hui le principal moyen de transport entre la ville et Paris, au détriment du TGV. Il s'agit seulement pour la Cour des comptes d'illustrer la marge d'opération optimale du train. En dessous d'une heure (Paris-Lille), les utilisateurs prennent la voiture, au dessus de trois heures (Paris-Nice), ils choisissent l'avion.
En revanche, il est possible de tirer certains enseignements par association, avec toute la mesure que cela implique. Tout d'abord, la plupart des recommandations du rapport vont à l'encontre d'un projet de nouvelle ligne. La Cour critique vertement le choix du rail français d'opter systématiquement pour de nouvelles constructions plutôt que l'adaptation des lignes existantes, mettant en avant un fort coût financier et environnemental, peu justifié selon elle au regard de la rentabilité finale.
Même si la ville n'est pas directement citée dans le rapport, il est aisé d'appliquer le prisme de la Cour des comptes à une LGV Nice-Marseille. En considérant la destination parisienne, Nice resterait trop éloignée pour satisfaire aux critères du rapport. En considérant Marseille, la ville se trouve déjà largement dans la fourchette de 1h à 3h, optimale pour les trajets en train.
En revanche, la Cour des Comptes évoque des solutions alternatives. Notamment, elle suggère l'adaptation de plus grandes vitesses aux lignes « classiques ». Les TGV fréquentent des voies qui ne sont pas adaptées à leurs capacités 40% du temps. Selon le rapport, la SNCF pourrait aisément gagner sur cette marge avec des travaux moins importants que la construction de nouvelles lignes. La Cour suggère notamment l'adoption des trains pendulaires. Cette technologie, jusqu'ici ignorée par les constructeurs français, permet aux trains de s'incliner dans les virages grâce à des vérins et donc de conserver leur vitesse sur des parcours plus sinueux. Une solution à envisager sur la Côte d'Azur?
Enfin, le fait même que la ligne Marseille-Nice ne soit jamais évoquée est révélateur. La Cour des Comptes accorde toute son attention à d'autres lignes en construction ou en projet, comme les liaisons Paris-Bordeaux et Bordeaux-Toulouse. Le rapport s'emploie même avec énergie à démontrer la difficulté ou l'inutilité de certaines d'entre elles. « L'oubli » de la LGV Provence-Alpes-Côte-d'Azur pourrait simplement signifier que la Cour des comptes elle-même ne croit déjà plus à sa construction...