Prendre du recul sur ses propres croyances pour mieux comprendre celles des autres, tel est le défi du nouveau diplôme universitaire « Connaissances et pratiques de l'interreligieux». Une tâche essentielle pour les chercheurs en théologie des universités de Strasbourg, Tübingen, Heidelberg et Bâle.
Il y a encore quelques décennies, les grandes religions monothéistes vivaient plutôt leur vie chacune de leur côté. Mais le brassage des populations, mariages mixtes et migrations ont changé la donne, créant des rencontres entre fidèles, des objections… et parfois des violences.
« Il suffit d'avoir fait un minimum de travail avec des confirmants – des enfants de 14 ans – pour se rendre très vite compte que l’objection fait partie de toute forme de transmission vivante, raconte Fritz Lienhard, professeur de théologie et représentant projet inter-religio à l’Université de Heidelberg. Face à l’objection, vous avez le droit entre trois solutions : la manipulation, la violence ou l’argumentation. Il n’y a aucune honte à choisir la troisième option ».
Le dialogue interreligieux est un défi que ce sont lancé universitaires allemands français et suisses. À travers le projet « inter-religio », ils sont en train de créer une nouvelle formation : un diplôme universitaire européen accessible dès 2018, et un master pour 2019.
Montrer "plus de cerveau que de muscles" dans le dialogue
Outre cette première formation diplômante européenne, le Projet inter-religio se donne pour objectif de former des groupes de recherches, qui travailleront par exemple sur l'interprétation des différents textes fondateurs et un institut de l'inter-religieux franco-germano-suisse. Ce projet est porté par le professeur Francis Messner, directeur de recherche émérite et professeur à l'Université de Strasbourg.
Selon l'expression de Fritz Lienhard, l'objectif est d'arriver « à montrer plus de cerveau que de muscle entre les religions et les croyances ».
Ce qui exige un bagage théologique minimum, que veulent justement proposer ensemble les 4 universités de Strasbourg, Tübingen et Heildelberg en Allemagne et Bâle en Suisse. Le projet, qui mobilise 26 enseignants-chercheurs, nécessite un budget prévisionnel chiffré à 1,8 million d’euros.