Avec l'arrivée du printemps, les abeilles reprennent du service, avec toute la fragilité de leur système d'organisation au sein de la ruche. Un apiculteur branché les surveille désormais à distance avec des capteurs électroniques, pour ne pas les déranger.

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On s'attend à rencontrer un apiculteur d'expérience avec tout l'attirail décrit dans nos livres d'images, et c'est un Géo Trouvetou (célèbre inventeur, héros de bandes dessinées) qui vous ouvre la porte. Ce mardi matin 14 avril, c'est un passionné d'abeilles qui m'invite dans son univers, dans la région de Lonny, en terre ardennaise. Très vite, on comprend que l'homme maîtrise l'électronique et le bidouillage compulsif : l'atelier déborde de belles idées, toutes au service de la reine... des abeilles.

 



A 48 ans, David Gilloux, dépanneur informatique en première casquette, change de tenue quand il se consacre à la passion de ses insectes. Cet ingénieux ingénieur s'est posé quelques questions en observant la vie de ses premières ruches, les idées ont jailli.

L'apiculteur connecté

"Aujourd'hui, les abeilles ne peuvent malheureusement pas vivre sans l'intervention de l'homme !", me lance-t-il du fond de son atelier. Elles sont trop habituées à nous. Mais le problème, c'est que dès qu'on ouvre une ruche, on les dérange. On perturbe leur façon de vivre. En vérifiant les cadres à miel par exemple, pour voir si la reine est là, il y a des risques de la tuer involontairement. En reposant un cadre, si la reine est entre les deux parties, elle peut se faire écraser."

L'idée, c'était de trouver une façon de s'occuper des abeilles sans les déranger. Mais pour savoir quand on doit intervenir, il faut voir ce qui se passe dans la ruche, surveiller sans l'ouvrir, sans y être. L'électronique permet de faire cela.
- David Gilloux, apiculteur à Lonny dans les Ardennes

 


L'idée de cet apiculteur-bidouilleur est audacieuse : barder la maison des insectes de différents capteurs pour recueillir des informations. Certes, avant lui, une dizaine de jeunes pousses, (start-up en anglais), intéressées par la gestion des ruches à distance, se sont fait connaître en France. Mais notre homme est un autodidacte dans le domaine. Son expérience de la "bricole connectée" date d'il y a tout juste un an, sa maison est un laboratoire d'essais.

Ainsi, la base de ses ruches est truffée d'électronique qui analyse en temps réel: le poids, la température, l'humidité des lieux et le son, le chant des occupantes. La pression atmosphérique, elle aussi, est prise en compte pour compléter les indications. Chaque ruche est ainsi reliée par signal radio à une passerelle, un appareil central installé au rucher, le tout dans un rayon d'un kilomètre.

 


Le transmetteur renvoie en permanence les données collectées au serveur de David qui contrôle et visualise ensuite les chiffres sur des courbes. Derrière son ordinateur, l'apiculteur voit tout, sans se faire piquer. "Grâce à ces capteurs, j'interviens au moment propice ! " me confirme-t-il en ouvrant la caisse de bois en construction. Si une reine venait à mourir, par exemple, la colonie disparaîtrait elle aussi dans les semaines qui suivent. Donc, à ce moment-là, il faut remettre une nouvelle reine. Ça, on peut désormais le savoir avec le capteur son."

Les abeilles changent de fréquence, de chant si elles n'ont plus de reine. Elles deviennent orphelines, elles n'ont plus de mère en quelques sortes, et elles changent de son. La fréquence normale d'une ruche est environ de 200 hertz, alors, si mon capteur entend 1000 hertz, c'est qu'il y a un problème. C'est comme un cri, elles sont complètement affolées.
- David Gilloux, apiculteur connecté, dans les Ardennes

 


Surveille ton poids

Si David est à l'écoute de ses colonies avec l'analyse des sons, le paramètre poids attire également toute son attention.
En fidèle défenseur d'une apiculture pour sauvegarder l'espèce, l'idée de rendement n'est pas son objectif. Pourtant, la santé de la ruche passe par la surveillance de son poids. Le travail de collecte de miel de ses infatigables ouvrières se mesure et se pèse au gramme près.

 


 "Le capteur de poids, c'est pour voir si on a des rentrées de miel !, m'explique-t-il en me détaillant son système électrique. L'été, ça permet d'intervenir, d'aller récolter le miel quand il faut. Si la ruche perd deux kilos par exemple, ça veut dire qu'une partie des abeilles est partie faire un essaim, et qu'il n'y a plus de reine dans la colonie. L'hiver, ça indique si les abeilles manquent de nourriture. En début d'hiver, une ruche fait 30 kilos, réserve comprise. Si le poids descend vite, il faut compléter la nourriture. Ce sont vraiment des informations utiles."

 


Des alarmes qui sauvent

Les premiers mois dans sa combinaison d'apiculteur ne se sont pas déroulés sans quelques erreurs de débutants. David en a conscience, il revient sur son apprentissage en ces termes : "La ruche doit être aux alentours de 70 % d'humidité. Cet hiver, j'ai perdu deux colonies, (plus de 50 000 abeilles), car les ruches étaient dans un bois. L'emplacement était trop humide, elles n'ont pas réussi à extraire toute l'humidité, la colonie est morte. Avec le capteur d'humidité, j'aurai perçu le problème avant, et j'aurai bougé les ruches. À termes, je vais donc équiper mes 50 ruches de tous ces capteurs pour éviter cela."

 


Compter les abeilles, une par une

David Gilloux rêve d'un projet pédagogique autour du monde de l'abeille. Il prépare une ruche connectée, disponible sur Internet pour le public. Elle fera partager la vie de ses insectes. Avec ses batteries de capteurs électroniques et une caméra infrarouge, le quotidien de nos ouvrières n'aura plus de secrets. Le site s'appellera "mesabeillesconnectees.com" et sera opérationnel dans quelques semaines. 

 


En attendant, et peut-être pour mieux trouver le sommeil, l'ingénieur va compter les entrées et sorties de ses protégées. Son prochain défi technologique : un système infrarouge placé à l'entrée de la ruche pour en surveiller les passages.
 
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