Le collectif Zero Waste a lancé mercredi une campagne auprès des grandes chaînes de fast food en France. Sur 122 restaurants visités, seuls 5 trient leurs déchets. Au mépris de la loi et de la planète. Reportage à Strasbourg.
Ils n'ont pas particulièrement faim. Ils sont même écoeurés. Ecoeurés par la gestion des déchets de la chaîne de fast food.
Voici la brigade de Zero Waste Strasbourg. Une petite dizaine de militants bien décidés aujourd'hui à faire le tri des déchets du Mc Do. Et y a du boulot. Sacrément.
Des déchets sur un plateau
De juillet à septembre, les groupes locaux Zero Waste France ont enquêté sur le tri dans les franchises des trois plus grandes chaînes de restauration rapide en France (McDonald's, Quick/Burger King et KFC). Et les résultats sont indigestes au possible. Sur 122 fast-foods visités, seuls 5 font le tri.
A Strasbourg, sur les 8 inspectés, c'est simple, aucun ne trie. La tête à Toto sauf que c'est pas drôle.
Notre groupe local a décidé ce midi d'installer ses pancartes devant Mc Do en plein centre-ville. La chaîne, leader du secteur produirait plus de 115 tonnes de déchets d'emballage par jour.
Soit 1 kg de déchets par seconde. Ça fait mal au bide et à la planète.
Sensibiliser
Chez Mc Do donc, comme chez les autres, tout va dans une poubelle unique alors même que la grande majorité de ces déchets sont recyclables. Direction ensuite l'incinérateur ou la décharge et tout ce qui s'en suit. Emissions de CO², gaz à effet de serre ....
Pas de tri #Mcdonalds Porte de Pantin alors que fast-foods sont obligés de trier. Je veux #letripartout ! #déchets ➡️https://t.co/tZKPtVPzgQ pic.twitter.com/kCjtUQUjPn
— Ilias Panchard (@IliasPanchard) 18 octobre 2017
Florie Lallemant n'en revient pas : "On pousse les gens à faire le tri sélectif à la maison, c'est entré dans les mentalités ça maintenant et d'un autre côté Mc Do fait n'importe quoi".
En toute impunité qui plus est.
Zéro tri, zéro poursuite
Amélie et Alexandre sont bien d'accord " c'est pas normal que les grandes multinationales soient comme ça au dessus des lois " et de rajouter " c'est sûrement encore une histoire de gros sous".
Amélie enfonce le clou "c'est un manque de volonté politique, c'est tout".
Car la loi est, elle, plutôt volontaire.
Le décret du 10 mars 2016 impose la mise en place du tri au delà d'une certaine quantité de déchets produits. Ainsi, les producteurs de déchets non ménagers sont tenus de trier leurs déchets recyclables :
- S'ils font appel à des entreprises privées pour le ramassage de leurs déchets
OU
- S'ils produisent plus de 1100 litres de déchets par semaine (soit une vingtaine de sacs poubelles standards de 50L). 20 sacs poubelles ? rien à côté de ce que doivent jeter la plupart des fast-foods en France.
Oui mais voilà. Le fameux décret ne prévoit aucune sanction, ni même aucun mode de contrôle. Alors forcément les papiers gras rejoignent l'alu des canettes et le plastic des couverts. Hopla.
Une pétition a été mise en ligne mercredi pour alerter les pouvoirs publics sur cette impunité criminelle pour la planète. Elle a recueilli 6000 signatures.
Solutions alternatives
Il existe pourtant des solutions alternatives mais elles supposent de revoir complètement le traditionnel modèle des fast-foods.
Pourquoi par exemple ne pas proposer sur place de éco-cup pour remplacer les canettes ?
Ou des boîtes réutilisables pour les sandwich à emporter ? Des lunch box quoi.
Et pourquoi ne pas tout simplement se servir du bon vieux service à l'assiette ? C'est ce que teste en tout cas McDonald's en Suède .... et qu'a testé Benoit à Strasbourg.
Equipé, le voilà tout sourire au comptoir.
Son Mc Veggie commandé, il demande à être servi .... dans son assiette. Le caissier a l'air totalement désarçonné, le pauvre garçon. " J'ai pas le droit de toucher la nourriture, vous savez". Le gérant, qui n'est pas né de la dernière pluie et qui nous a vu venir avec nos gros sabots écolo, prend les choses en main.
Sa raclette en acier en main, ni une, ni deux, voilà le Veggie dans le plat.
©France 3 Alsace
Si les fast-foods ne changent pas leurs pratiques, nous pouvons nous, en attendant changer les nôtres.
Deux possibilités : ne plus y aller. Radical mais redoutablement efficace.
Ou, plus soft, faire comme Benoît, amener sa vaisselle. Ecolo et tellement smart !