L'inquiétude des agriculteurs face à la sécheresse. La pluie n'a pas été assez abondante cet hiver pour recharger correctement les nappes phréatiques. Les récoltes pourraient en pâtir. Ils redoutent une deuxième année calamiteuse.
Jean-Luc Gérard, agriculteur bio à Solre-le-Château, le sait déjà : l'année va être difficile pour son élevage. Le manque d'eau a fortement impacté sa récolte d'herbe, aliment principal pour nourrir son bétail en bio. En moins de 2 mois, 70 % de perte dans les prairies et difficile d'envisager une amélioration.
Autre secteur, autre illustration du manque d'eau, cette fois dans les semis. A Mairieux, Jean-Christophe Rufin nous montre un champ de chicorée. A peine 40 % des graines ont levé. "Ce sont des graines qui ont germé et dont le germe s'est désseché par manque d'eau, explique-t-il. On le voit quand on l'écrase, il y a plus rien. Ça c'est mort, ça ne poussera plus, même si on a de l'eau."
Le retard ne se rattrapera pas. La profession parle de perte de rendement, de manque à gagner et pour les éleveurs, d'obligation de compenser en achetant de l'aliment pour bétail. Le déséquilibre entre l'offre et la demanche risque de faire exploser les prix pour des trésoreries déjà exangues. "De la trésorerie, il n'y en a plus, affirme Jean-Christophe Rufin, secrétaire général FRSEA Hauts-de-France. Donc il y a deux solutions pour un éleveur, c'est passer par la banque, si elle veut bien encore prêter quelque chose et après l'autre solution, c'est de vendre du cheptel."
Les syndicats d'exploitants agricoles ont alerté les autorités il y a un mois déjà. Après les pluies diluviennes de juin 2016, la profession supportera très mal une deuxième année consécutive de calamité.
L'été s'annonce chaud, selon Météo France
Météo-France, prévoit un été "plus chaud que la normale". "Le +signal chaud+ est prédominant pour cet été" sur l'ouest et le nord de l'Europe ainsi qu'autour du bassin méditerranéen, a indiqué mercredi Jean-Michel Soubeyroux, de la direction de la Climatologie de Météo-France.Ce qui signifie des températures probables plus élevées que la normale (par rapport à la période 1981-2010), une tendance de fond liée au changement climatique. "On en prend l'habitude depuis quelques années, avec le signal du réchauffement climatique", souligne le climatologue. Ces prévisions pour l'été, basées sur des données océaniques et atmosphériques mondiales, ne donnent en revanche aucune indication sur les pluies ni sur d'éventuels
épisodes de canicule à attendre.
Les précipitations estivales, qui prennent généralement la forme d'orages, restent de fait difficiles à prévoir à moyen terme. En attendant, Météo-France prévoit le retour de pluies sur l'Hexagone pour la fin de la semaine. "Les précipitations des prochaines semaines seront déterminantes pour les Hauts-de-France et le Grand-Est, afin d'éviter une aggravation de la sécheresse sur ces régions", souligne l'organisme de la prévision.
L'Hexagone a connu un déficit pluviométrique proche de 30% sur les six derniers mois. Les pluies début mai ont apporté un peu de répit, mais à partir du 20 le thermomètre a grimpé pour atteindre des valeurs records. Ce printemps devrait ainsi entrer dans le top 5 des printemps les plus chauds enregistrés depuis 1900 et le début des relevés. Pour autant, la sécheresse des sols reste moins sévère et plus localisée qu'au printemps 2011, où tout le pays avait été concerné. On est loin aussi de l'historique année 1976, où les pluies avaient commencé à manquer dès l'automne précédent.