Nos confrères de Reporterre publient le témoignage des proches de Rémi Fraisse tué ce week-end sur le site du barrage de Sivens. Qui était le jeune homme ? Que faisait-il à Sivens ? Que s'est-il passé dans la nuit de samedi à dimanche ?
L'amie du jeune militant, sa soeur, ses amis ont accepté de rencontrer un de nos confrères de Reporterre et de lui donner leur version de ce qui s'est passé le 25 ctobre à Sivens. Ils reviennent aussi sur la personnalité de Rémi Fraisse. Tous ont affirmé qu'ils ne s'exprimeront plus dans les médias et que c'est donc le seul témoignage qu'ils apporteront
Tous décrivent « un type bienveillant, pacifiste et un peu grande gueule » qui " n’était pas du genre à se laisser embarquer sans raison par n’importe qui". Ni militant ni activiste, "il s’intéressait à la protection de l’environnement, se sentait concerné par ce combat."
Son amie Anna était avec lui sur le site du barrage de Sivens et raconte qu'elle est arrivée "avec lui vers 16 heures sur place, on voyait déjà au loin la fumée, l’hélicoptère, on ne s’attendait pas du tout à ça. Mais des personnes nous ont rassuré en nous disant que tous ces événements se déroulaient de l’autre côté de la zone, à deux kilomètres. (...) Nous sommes restés du côté du chapiteau, Rémi a rencontré plein de gens, chantait des chansons, les messages inscrits un peu partout nous faisaient rire, il y avait un bon esprit. C’est là dedans que nous voyions notre place. Nous sommes restés à proximité toute la soirée, à faire la fête."
Notre dossier complet sur la mort de Rémi Fraisse et le barrage de Sivens ici
Au milieu de la nuit, certains ont voulu aller voir ce qui se passait plus loin." À leurs dires, ça avait l’air impressionnant, on entendait encore les explosions fortes. Rémi a voulu y aller.(...) Je l’ai vu partir d’un coup en criant « Allez, faut y aller ! » Il a commencé à courir devant. Il n’avait rien pour se protéger, il n’a pas mesuré ce qui l’attendait. Les flics ont tiré en rafale, je me suis écarté pour me mettre à l’abri. Quand je me suis retournée, Rémi n’était plus là."
Elle poursuit : "Ensuite, les gendarmes ont fait une sortie. On a commencé à le chercher, en allant même tout devant, sans succès. Je ne sais pas combien de temps ça a duré. J’ai crié son nom dans le champ mais il ne répondait pas. J’ai passé la nuit dehors à le chercher puis à retrouver sa voiture. C’était un cauchemar. Pendant toute cette phase, j’ai perdu mon portable, un objet précieux car il contient nos dernières photos ensemble."
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Les proches de Rémi Fraisse regrettent l'instrumentalisation médiatique et politique de sa disparition "révélateur d’une société qui à bien des égards marche sur la tête (...). Tout a été beaucoup trop vite depuis sa mort. (...) Nous avons appris le résultat de l’autopsie par les médias." Un manque d'information qui a poussé la famille a déposer deux plaintes pour « homicide volontaire » et pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner », pour avoir accès au dossier.