La Coordination nationale infirmière, l'un des principaux syndicats de la profession, avait lancé un appel à la grève ce mercredi pour dénoncer la dégradation des conditions de travail à l'hôpital, reflétée selon elle par cinq suicides d'infirmiers cet été, dont un à Toulouse.
Au niveau national, la Coordination nationale infirmière (CNI) appelle non seulement les infirmiers à la grève mais invite également tous les personnels paramédicaux (kinés, aides-soignants ou encore auxiliaires de puériculture) à se joindre au mouvement pour "des actions locales".
A Toulouse, la CGT Santé indique que les infirmiers et les personnels paramédicaux se joindront jeudi à la manifestation contre la loi travail, (à midi au Monuments aux Morts) pour y exprimer leur mal être dans les établissements hospitaliers.
Le malaise est profond chez les soignants qui dénoncent les "réponses très insatisfaisantes" de Marisol Touraine, la ministre de la Santé "après la vague de suicides" qui a touché le secteur. En cause, la réorganisation des hôpitaux et les nouvelles organisations qui provoquent souvent une réelle souffrance au travail.
Depuis juin, cinq infirmiers se sont donné la mort au Havre, à Saint-Calais, près du Mans, à Reims et à Toulouse.
Dans ce dernier cas, l'infirmier en question avait mis à ses jours au sein même Centre Hospitalier Universitaire de Rangueil.
Son suicide avait été reconnu comme accident du travail. Au CHU de Toulouse, la situation inquiète d'autant plus qu'au suicide de cet infirmier se sont ajoutés les suicides, en dehors de leur lieu de travail, d'un autre infirmier, d'une aide-soignante et d'une étudiante en soins infirmiers.
"Le suicide, c'est toujours des causes multifactorielles", concède Patricia Calmettes, membre de la CGT à l'hôpital de Rangueil. Mais ce n'est pas une raison pour faire l'impasse sur "ce qui se passe au niveau professionnel", ajoute-t-elle. "La souffrance, on la voit grandir tous les jours et à toutes les échelles". Les résultats d'un diagnostic sur les risques psycho-sociaux, très attendus par les 16.000 salariés du CHU, devraient être connus à l'automne.
Voir le reportage à Toulouse de Pascale Lagorce et de Laurence Boffet :
Critiquée pour son silence médiatique, la ministre a reconnu dimanche le caractère "extrêmement préoccupant" de ces drames, promettant pour l'automne de nouvelles mesures contre les risques psycho-sociaux à l'hôpital.
Mais face à la souffrance de "tous les personnels", victimes des "restructurations", d'un manque d'effectifs, et qui ont "de plus en plus l'impression de mal faire leur travail", la CNI réclame des "actions urgentes".
Parmi elles, "l'attribution de fonds" pour des embauches, la "définition de ratios soignants au lit du patient par spécialité" ou encore le "renforcement des services de santé au travail".
La CNI convie également les "blouses blanches" à un rassemblement le 14 septembre à Martigues, près de Marseille, où se tiendront leurs universités d'été. Elle les invite à porter un brassard noir pour observer une minute de silence, en hommage à leurs "collègues décédés cet été".