Un professeur d'Histoire Géo de Tourcoing a décidé d'effacer toutes ses publications numériques après qu'une demande de blâme venait d'être formulée à son encontre. La raison, ses écrits numériques. Censure ou manquement au devoir de réserve ? Interview.
Détaché depuis début septembre au sein de Canopé Lille (ex-CRDP) en tant que chef de projet numérique, Ghislain Dominé, a reçu un sacré coup sur la tête en apprenant par téléphone vendredi qu'une demande de blâme avait été formulée à son encontre. Sa faute supposée : avoir publié un billet intitulé De l'incertitude 2.0 (dépublié depuis) illustré par une photographie d'ordinateur des années 80, prise au rectorat. L'intéressé accuse le coup aujourd'hui et craint pour son avenir. Selon le journal Le Parisien qui publie un papier sur cette affaire, le billet était une critique de la politique du gouvernement sur le numérique à l'école. Mais pour le prof, "Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que je n'ai jamais tenté d'atteindre à l'autorité ou à l'institution. Sinon je ne travaillerai pas pour elle. Cela fait 10 ans que je m'investis dans l'Education nationale.
"Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que je n'ai jamais tenté d'atteindre à l'autorité ou à l'institution. Sinon je ne travaillerai pas pour elle. Cela fait 10 ans que je m'investis dans l'Education nationale."
Sentiment d'injustice ?...
"Ce que je ne comprends pas c'est que, d'une part, on encourage à publier des livres, et que, de l'autre, un petit prof comme moi est rappelé à l'ordre quand il essaie de critiquer de manière constructive, alors que, dans le même temps, cela ne semble pas poser de problème lorsque Farida Belghoul ou Jean-Paul Brighelli désinguent à tout va l'institution. J'ai l'impression de m'être pris un tsunami en pleine figure, un retour de boomerang alors que j'estime que tout ce que je faisais été d'écrire des billets que j'estimais "de bon sens".
Pourquoi avoir effacé votre blog et votre compte twitter ?
"J'ai effacé tout car, je ne voulais pas qu'après ce coup de fil, d'autres billets ou surtout des remarques humoristiques sur twitter puissent être interprété(e)s en ma défaveur. Maintenant, ce que je crains, c'est qu'une fois le soufflet médiatique retombé, en juin, mon poste ne soit pas renouvelé. Alors même que deux syndicats m'ont assuré que si j'étais soumis à devoir de discrétion, c'est à dire ne pas dire mes opinions politiques ou religieuses aux élèves, mon devoir de réserve de ne pas critiquer l'institution est beaucoup plus sujet à interprétation : "ne pas être élogieux", est-ce sortir du devoir de réserve ?... Par ailleurs, je me suis fait traiter d'Ayatollah du numérique mais c'est tout l'inverse, je pense que le numérique est un moyen de promotion des humanités."
Selon le Parisien, qui révèle cette histoire, le ministère se veut rassurant et déclare que "l'auteur du blog sera reçu par le recteur" mais qu'il n'y aura "ni blâme ni sanction".