Le Royaume-Uni a accueilli vendredi 20 nouveaux réfugiés, mineurs non accompagnés en provenance de la "Jungle" de Calais, mais les tabloïds font enfler la polémique autour de l'arrivée de ces jeunes migrants et leur âge.
"Les enfants de Calais sont les bienvenus ici", a scandé vendredi une petite foule d'une soixantaine de personnes à l'arrivée en autocar des 20 réfugiés à Croydon, dans le sud de Londres. "Nous voulons témoigner notre solidarité envers ces jeunes, leur dire qu'ils sont les bienvenus dans ce pays, qu'ils y ont leur place et qu'ils y seront en sécurité. Nous sommes tous très heureux de les voir arriver", a déclaré Tim Clapton, prêtre anglican présent parmi de nombreux militants associatifs.
Alors que l'évacuation de la "Jungle" de Calais doit débuter lundi matin, 75 mineurs en provenance du camp et originaires notamment de Syrie, d'Afghanistan et d'Erythrée ont retrouvé cette semaine leurs proches au Royaume-Uni au titre du regroupement familial, selon l'association France Terre d'Asile. Et 350 autres mineurs isolés -- sur les 1.290 que compterait la "Jungle" -- ont passé des entretiens ces derniers jours avec des représentants du ministère de l'Intérieur britannique, précise l'association.
Même si le nombre d'arrivées est jugé dérisoire par bon nombre d'associations, les tabloïds britanniques et plusieurs députés conservateurs ont réservé aux jeunes réfugiés un accueil glacial tout au long de la semaine. "Ils ne ressemblent pas à des enfants. J'espère que personne n'abuse de l'hospitalité
britannique", a tweeté mardi le député conservateur gallois David Davies, réclamant qu'ils soient soumis à des tests dentaires afin de déterminer leur âge.
"Traitement raciste abominable"
Côté médias, le Sun, quotidien le plus vendu outre-Manche, a mené la fronde, affirmant notamment qu'un Afghan de 38 ans s'est glissé parmi les mineurs. Ce dernier, photographié à son arrivée en Angleterre, a depuis fait la Une de plusieurs tabloïds, tous étonnés que ce dernier possède des rides autour des yeux.La polémique a enflé quand l'ex-footballeur international britannique Gary Lineker, présentateur star de la BBC, s'est ému sur Twitter du "traitement raciste abominable" de ces arrivées par une partie de la presse. En réponse, le Sun a mis la pression vendredi sur la BBC pour qu'elle licencie Gary Lineker, l'accusant de "propager des mensonges sur les migrants". Outre son tweet, le Sun lui reproche d'avoir relayé une affirmation d'une association britannique selon laquelle le réfugié afghan n'est pas un imposteur mais un interprète travaillant pour le ministère de l'Intérieur britannique. Entre temps, l'association a retiré cette affirmation. "Je reçois une claque aujourd'hui, mais cela pourrait être pire: mettez-vous à la place, juste une seconde, d'un réfugié contraint de quitter sa maison", a réagi Gary Lineker dans un tweet.
Getting a bit of a spanking today, but things could be worse: Imagine, just for a second, being a refugee having to flee from your home.
— Gary Lineker (@GaryLineker) 21 octobre 2016
Avant lui, la chanteuse Lily Allen s'était attirée les foudres des tabloïds la semaine dernière après s'être "excusée au nom de son pays" pour le sort des migrants de Calais, lors d'un déplacement dans la "Jungle". Mais tous les deux ont reçu de nombreux soutiens, notamment sur les réseaux sociaux.
Vendredi, Jeremy Corbyn, le leader du parti d'opposition travailliste, a salué sur Twitter leur prises de position: "J'ai de l'admiration pour Gary Lineker et
Lily Allen, qui ont montré la Grande-Bretagne sous son meilleur visage: bienveillante, accueillante et debout face à la peur et aux divisions".