Ravagée par les flammes, la "Jungle" de Calais est désormais quasiment déserte

Née il y a 18 mois, la "Jungle" de Calais se consumait mercredi au milieu des cendres et débris noircis, abandonnée par les migrants chassés par de violents incendies qui, avec la bénédiction des autorités, ont précipité la fin du plus vaste bidonville en France.

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"C'est vraiment aujourd'hui la fin de la Jungle", a affirmé mercredi la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, alors que les forces de l'ordre ont pénétré dans le camp, très étendu puisqu'il couvre une dizaine d'hectares. A cause des incendies, elles en ont bloqué temporairement les accès les plus faciles à contrôler, interdisant l'entrée à ceux - migrants, bénévoles, journalistes- , qui voulaient encore y pénétrer.
"Il n'y a plus personne sur le camp", a déclaré la représentante locale de l'Etat. En fait, à 16H00, si le site était quasi désert, il restait toutefois une centaine de migrants sur place. En revanche, au Centre d'accueil provisoire (CAP), formé de conteneurs et qui n'héberge plus que des mineurs, la vie suivait son cours: des enfants jouaient au foot dans la cour, dans un air rendu presque irrespirable par la fumée des incendies, dont la plupart étaient éteints.

5000 personnes mises à l'abri

Selon Mme Buccio, à la mi-journée "plus de 5.000 personnes" avaient déjà été prises en charge dans le processus de démantèlement engagé lundi, sur un total de 6.400 recensés dans le camp par les autorités (8.150 selon des associations). 21 autocars étaient partis à 14H30 pour acheminer des migrants (Soudanais, Afghans et Erythréens surtout) vers les Centres d'accueil et d'orientation (CAO).La préfète a annoncé la fermeture du centre de transit "ce soir" mercredi. "On va continuer toute la journée à travailler", et compte tenu des capacités d'hébergement d'"au moins 1.600" places disponibles, "on sera au moins à 6.600" personnes prises en charge en fin de journée, a-t-elle ajouté.

Le gouvernement veut faire place nette rapidement. "Des moyens plus importants" vont être déployés par l'entreprise chargée de déblayer le site, "avec l'objectif de "détruire les habitats à l'abandon", a dit Mme Buccio. "C'est vraiment pas bien, on est obligés de partir mais on n'a pas d'endroit pour dormir ce soir", se plaignait un Afghan contemplant la fumée.

La "Jungle" offre désormais un visage d'apocalypse: le feu a pris un peu partout, notamment dans l'allée centrale du camp bordée récemment encore de commerces informels, ravageant tentes, cabanes et caravanes. D'épais panaches de fumée noire étaient visibles depuis le port de Calais, à 500 mètres de là. Les flammes léchaient certains poteaux électriques, et la camionnette d'une association s'est embrasée.

"On reste ici"

Ces incendies sont une "tradition, notamment pour certaines communautés qui mettent le feu à leur habitation au moment de la quitter", ce qui "prouve aussi que les migrants s'en vont", a affirmé Mme Buccio. Le même phénomène avait été constaté en mars lors du démantèlement de la zone sud. Mais les associations contestent vivement cette interprétation.
Les feux étaient allumés principalement par des migrants afghans. "Ils sont en colère parce que la Jungle est finie et qu'ils n'ont pas réussi à aller en Angleterre", commentait Yones, un Erythréen de 17 ans. Mais pas seulement: un jeune Erythréen a tenté avec un briquet de mettre le feu aux rideaux d'une caravane, alors que des flammes n'étaient qu'à deux mètres de lui, témoigne un journaliste de l'AFP.

En bordure du camp, 11 Soudanais refusent toujours de quitter la "Jungle". Leurs tentes sont encore loin des zones incendiées, ils n'ont pas peur du feu. "On veut toujours passer en Angleterre, on reste ici", explique Mohamed, 30 ans. Deux bénévoles de l’Auberge des migrants leur expliquent pourtant qu'il faut partir. "C'est difficile d'être entendu, explique Véronique, l'une d'elles. "Tu en as qui disent non, nous on reste. Tant que leurs abris ne sont pas détruits, ils ne se rendent pas compte".
Des migrans ne se résignaient pas à partir en CAO. "Je vais finir dans la rue. Ca va être le destin de beaucoup d'entre nous. Je pense que même si la Jungle brûle, certains reviendront ici, où au moins on a une possibilité de pouvoir tenter notre chance en Grande-Bretagne", affirmait Rami, un Soudanais de 27 ans.


Les incendies avaient démarré mardi soir, faisant rage une partie de la nuit. Dès l'ouverture du centre à 08H00, plusieurs centaines de candidats au départ s'étaient présentés au centre de transit.
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