Le CHU a décidé de susprendre un certain nombre de ses programmes de recherche dans l'attente de se mettre en conformité avec les injonctions de l'Agence de sécurité du médicament, qui pointe de sérieuses déficiences dans la gestion des protocoles.
Le CHU de Limoges suspend "un certain nombre" de programmes de recherches jusqu'en janvier 2018. La raison tient dans une lettre d'injonction signée par l'Agence nationale de sûreté du médicament (ANSM), le 20 octobre dernier.
Dans ses deux pages, le gendarme de la santé indique avoir mené une inspection du 12 au 15 septembre 2017 des activités de l'hôpital "en tant que promoteur de recherches impliquant la personne humaine (RIPH)". Cette enquête a "mis en évidence des non-conformités critiques, notifiées dans une lettre urgente de mise en garde" adressée au CHU Limoges.
Avec un vocabulaire d'une extrême sévérité, l'ANSM pointe les déficiences de l'hôpital dans la supervision des protocoles de recherches menées en collaboration avec ses partenaires : "Le processus de sélection des lieux de recherches ne permet pas de garantir que les [partenaires] retenus ont les connaissances suffisantes en matière de réglementation relative aux essais cliniques, dont en particulier les bonnes pratiques cliniques ; et/ou qu'ils disposent des moyens adéquats pour mener de manière rigoureuse une recherche", estime l'agence.
RAS, selon la direction
Contactée, la direction de l'hôpital minimise la portée de ces propos : "Nous prenons cette injonction comme une opportunité de s'améliorer", assure le directeur général adjoint CHU Limoges, Pascal Bellon. "A titre de précaution, nous avons différé dans le temps un certain nombre de projets le temps de répondre aux injonctions. Mais les équipes médicales seront au rendez-vous de la recherche".Même ton du côté syndical : "Nous ne voulons pas mettre à mal notre image. Ils ont pointé un dysfonctionnement administratif", relativise Jean-Christophe Razet, Secrétaire général FO CHU Limoges. Ces injonctions de l'ANSM seraient "régulières", estime-t-on à l'hôpital.
Cependant, seuls trois autres centres hospitaliers ont été visés par une injonction de l'ANSM depuis le début de l'année, peut-on constater sur le site de l'agence.
L'hôpital refuse de préciser la nature des programmes de recherches suspendus. Selon nos informations, les travaux les plus médiatiques du CHU seraient concernés : la greffe d'utérus et les implants de sternums en céramique.
La direction de l'hôpital tient à préciser que "l'injonction de l'ANSM ne met en aucun cas en jeu la qualité du suivi médical des patients ni leur sécurité."