A Poitiers cette semaine, 48 internes et une trentaine de chirurgiens de toute la France se forment aux techniques du prélèvement. L'université de Poitiers dispose d'un atout unique au monde, un système de simulation avec de vrais corps donnés à la science.
Trois plateaux de chirurgie en même temps dans la même pièce, c’est une scène improbable.
Sur la table pourtant ce jour-là, ce sont bien de vrais corps donnés à la science mais à qui on a redonné une vie artificielle, avec de l'air et du faux sang. Toutes les conditions sont alors réunies pour recréer une situation de prélèvement d'organe. Autour du simulateur, il y a des internes en fin de formation, venus de toute la France. Ils n'ont jamais pratiqué cet acte chirurgical.
Un reportage de MN Missud, J. Sousa avec les interviews d’Astrid Herrero, chirurgienne hépatique au CHU de Montpellier, de Pauline Tortajada, interne au CHU de Rouen, du Prof Benoît Barrou, directeur de l'école francophone de prélèvement multi-organes et de Sarah Drouin, assistante en urologie à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
L'école francophone de prélèvement multi organes existe depuis 2009 et forme une cinquantaine de préleveurs par an. Les internes sont motivés mais le travail est souvent ingrat. Les interventions ont lieu à 80% la nuit, à l'improviste et le geste est délicat.
Dans cette formation, les internes s'intéressent également à la préservation des organes prélevés. L’apprentissage se fait par le partage d’expérimentés entre jeunes médecins et praticiens plus aguerris, avec les mêmes outils que ceux qu’ils retrouveront dans leurs hôpitaux respectifs.
Entre un don et la greffe finale, un organe passe entre de nombreuses mains. La réussite et la survie du receveur dépend beaucoup de la formation de cette chaine de professionnels.