Depuis jeudi, les 30.000 habitants de Grigny ont perdu leur unique supermarché. Un coup dur pour cette ville sans centre, où nombre de commerces ont déjà fui la violence. Les habitants vont devoir se déplacer dans les villes aux alentours pour faire leurs courses.
L'autoroute A6 y sépare deux grands ensembles: la Grande Borne avec son dédale de logements sociaux, et les tours de Grigny 2. Dans le centre commercial, "on a vu défiler ED, puis Leclerc, maintenant Casino. Tout le monde s'en va", explique une habitante.
La Grande Borne est un quartier très peu fourni en commerces. Le bureau de poste a déserté la place face aux violences. La mairie assure pouvoir trouver un repreneur dès cet hiver et éviter un scénario similaire à celui d'Argenteuil. Sur la dalle de cette ville du Val d'Oise, le Franprix - marque du groupe Casino - avait également fermé en invoquant des violences en septembre 2015. Il a fallu un an pour convaincre une autre enseigne et le site s'apprête seulement à rouvrir.
Le maire communiste, Philippe Rio, fulmine. En juillet, il était reçu à Matignon pour entériner un plan d'urgence avec l'Etat afin de redresser Grigny. Et voilà qu'à la rentrée, il perd le poumon commercial de la commune. "Casino crée l'apartheid commercial de cette ville", lance-t-il à l'AFP.
Malgré plusieurs réunions depuis neuf mois, "le groupe ne nous a pas laissé le temps de trouver un repreneur", alors que la mairie négocie avec une autre enseigne et que "deux mois de plus nous auraient suffi", assure le maire. "Si on nous avait dit clairement: en novembre, on a quelqu'un pour reprendre la suite, on serait resté", rétorque un porte-parole de Casino. Le groupe explique qu'il maintient ce magasin depuis des années, malgré les vols, les violences récurrentes et l'explosion du budget sécurité, qui a rendu le magasin très déficitaire. Il promet de reclasser les 36 salariés du supermarché en son sein, en fonction de leurs souhaits.
►Voir le reportage de Bruno Lopez et Gilles Bezou