La Commission européenne a récemment demandé des explications au gouvernement français sur l'autorisation donnée à l'usine Altéo de Gardanne (Bouches-du-Rhône) de poursuivre le rejet de déchets dans le parc national des calanques de Marseille, selon un document consulté mercredi par l'AFP.
L'activité de l'usine Alteo Gardanne est l'extraction d'alumine à partir de la bauxite. Les résidus de l'extraction, qu'ils soient liquides, solides ou boueux doivent donc être considérés comme des déchets,
C'est ce qu'écrit la direction générale de l'environnement de la commission européenne dans ce document, dont l'existence avait été évoquée dans un premier temps par le journal Le Monde.
Les questions de la commission européenne
"De quelle nature sont ces déchets solides issus de l'extraction d'alumine sur le site de Gardanne? L'analyse de leur toxicité a-t-elle été uniquement effectuée par l'exploitant? Des analyses ont-elles été effectuées/commanditées par les services de l'état? Par des tiers? Quels en sont les résultats, notamment en termes de présence de métaux lourd ?", demande notamment la Commission. Elle veut également des précisions sur "les mesures adoptées" pour prévenir ou réduire les conséquences sur l'environnement et la santé des rejets. "Quelles sont les mesures de prévention de la détérioration de la qualité de l'eau qui ont été prévues par le plan de gestion?", interroge-t-elle.Le bon délai ?
Dans ce courrier daté du 24 janvier, la commission donne 10 semaines au gouvernement français pour lui donner des réponses. Alteo, après 50 ans de rejets de "boues rouges" polluantes dans les calanques, a obtenu fin décembre 2015 par arrêté préfectoral, une nouvelle autorisation et un délai de six ans pour mettre ses rejets liquides aux normes. L'usine a modifié ses procédés, gardant à terre les boues solides et ne rejetant plus qu'un liquide filtré, qui a abouti, selon Alteo, à une réduction du flux de métaux rejeté de plus de 99%. Mais les opposants continuent de les considérer comme polluants.Plusieurs associations écologistes ont récemment saisi le tribunal administratif de Marseille pour contester le délai de dérogation de six ans accordé par l'Etat pour mettre ses rejets liquides aux normes. Sea Sheperd, Surfrider et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) demandent quant à elle l'annulation "pure et simple" de l'arrêté préfectoral du 28 décembre 2015.