"Inclusion durable" et "élimination des bidonvilles" : 4 questions sur le "village d'insertion" pour Roms qui va voir le jour à Marseille

Marseille va créer son premier "village d'insertion" pour des familles Roms en 2024. Il sera implanté sur l’ancienne aire d’autoroute de l’Estaque, en bordure de l’A55, à Saint-Henri. En quoi consiste le projet ?

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En juillet dernier, le conseil municipal a acté la mise en place d'un projet de "village d'insertion" destiné au relogement de familles Roms de plusieurs squats de Marseille. Une sorte de "zone tampon", comme l'expliquait Audrey Garino, adjointe au maire de Marseille en charge de la Solidarité sur le plateau de BFM TV.  France 3 Provence-Alpes fait le point sur le projet qui devrait voir le jour en 2024. 

Un " village d’insertion", qu’est-ce que c’est ?

Un "village d'insertion" destiné aux Roms fait référence à un projet ou une initiative visant à faciliter l'insertion sociale et économique des communautés Roms, qui sont souvent confrontées à des défis importants tels que la discrimination, la marginalisation et la pauvreté.

Dans un ouvrage intitulé "Les " villages d’insertion" : un tournant dans les politiques en direction des migrants roms en région parisienne ?", Olivier Legros, géographe, enseignant-chercheur à l’Université de Tours explique que ces villages sont "installés par l’Etat et par les collectivités locales en proche banlieue à partir de 2007. Ces dispositifs visent l’élimination des grands bidonvilles construits au cours des années 2000 par des Roms roumains et bulgares, le plus souvent sans ressources et en situation irrégulière." Il explique qu’il s’agit d’un "hébergement sur des terrains clôturés et surveillés, et un accompagnement social pendant une durée de trois à cinq ans".

Dans l’annexe à la délibération soumise au vote des conseillers municipaux,  lors du conseil municipal du 7 juillet dernier, la Ville et l’État détaillent effectivement leur volonté de construire "un sas d’insertion socioprofessionnel renforcé" dans une logique de "trajectoire d’inclusion durable sur le territoire".

Où se trouvera ce village d’insertion Roms à Marseille ?

Après une mure réflexion entre l’Etat, la ville de Marseille et la métropole, le choix s’est tourné vers un terrain qui appartient à l’Etat. Il s’agit de l’ancienne aire d’autoroute de l’Estaque, en bordure de l’A55, à Saint-Henri. L’accès se fera via des terrains municipaux cédés par la Ville. Le village sera constitué d’une centaine de conteneurs recyclés sur 2,5 hectares. 

Le lieu sera géré par le service de l’ Association Départementale pour le Développement des Actions de Prévention des Bouches-du-Rhône (Addap 13) et l’Ampil (Action méditerranéenne pour l’insertion sociale par le logement).

A qui est-il destiné ?

Au total, 12 ménages seront installés dans ce village d’insertion Roms, soit environ 80 personnes. Il s’agit d’une partie des familles, principalement Roms, du squat de Cazemajou (15e).  Il a été en partie évacué à l’été 2022, pour permettre la réalisation du tramway, entre Arenc et l’avenue du capitaine-Gèze. Depuis cette exclusion, ils sont nombreux à vivre dans un des nombreux bidonvilles du Nord de Marseille. Ils ont été simplement déplacés, sans qu’un lieu d’accueil digne n’ait été envisagé.

Selon Marsactu, les familles "repérées lors du diagnostic social préalable seront accompagnées, le village d’insertion participant ainsi d’une forme de marchepied vers le droit commun." Certaines de ces familles ont des enfants scolarisés qui trouveront une nouvelle école d’accueil, dès l’année prochaine. L'ouverture du village est prévue pour 2024. 

Existe-t-il d'autres exemples de "village d'insertion" en France ?

Cette initiative n’est pas nouvelle. Depuis 2007, l'Etat et les collectivités travaillent main dans la main pour installer des villages d’insertion destinés aux Roms. Non loin de Marseille, à Gardanne, entre l’automne 2012 et janvier 2017, des familles roms avaient trouvé un lieu de répit. Sur l’ancien site minier du Puits Z, un petit village prend forme, encadré par la mairie. Ces années leur auront permis d’être en règle et d’avoir accès à toutes les prestations sociales et sanitaires mais aussi à l’école pour les enfants, le droit à un suivi médical, et d’apprendre la langue.

Près de Lyon, le projet de village d’insertion a été un véritable succès également. Créé en 2015, il a accueilli 16 familles qui avaient été évacuées de bidonvilles. Trois ans plus tard, 80% des familles ont trouvé emploi et logement, quant à leurs enfants, ils sont tous scolarisés.

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