300 manifestants à Dijon appellent à revoir le calcul de l'allocation adulte handicapé, "une question de dignité"

300 personnes ont manifesté ce jeudi 16 septembre à Dijon (Côte-d'Or) pour réclamer un nouveau mode de calcul du montant de l'allocation adulte handicapé. L'aide est actuellement basée sur les revenus du foyer et non sur ceux de la personne en situation de handicap.

Elles réclament l’individualisation de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH). Près de 22 associations de défense de personnes en situation de handicap organisent ce jeudi 16 septembre 50 manifestations à travers la France, dont une à Dijon (Côte-d'Or), pour contester le mode de calcul de cette aide. La pension est actuellement basée sur le revenu du couple et non-pas sur celui de l’individu concerné. 

270 000 Français en situation de handicap qui sont en couple bénéficient de l’AAH selon APF France Handicap, l’une des associations à l’initiative du mouvement. Les différents collectifs réclament que l’aide soit calculée en fonction de la situation de la personne et non pas des revenus du couple. Avec la législation actuelle, si le salaire du conjoint qui travaille augmente, l’allocation de la personne non-valide baisse et peut même disparaître.

Une situation de dépendance financière 

"Une personne handicapée quand elle est en couple souhaite contribuer au coût du foyer. Dans un couple normal, si l’un des deux a une augmentation de salaire, on ne peut pas avoir une diminution des revenus de l’autre côté", explique Dominique Paris, représentant d’APF France Handicap en Côte-d’Or. La manifestation organisée dans le département a réuni 300 personnes à partir de 13h30.

C’est une question de dignité. Chacun veut participer à la vie commune. Ça fait partie des droits essentiels d’avoir une vie de couple digne. Les personnes vivent ça comme une profonde injustice et se posent des questions sur leurs couples.

Dominique Paris

représentant d’APF France Handicap en Côte-d’Or

Depuis sa création en 1975, l’AAH est pensée comme un soutien financier apporté aux personnes qui ne peuvent pas travailler en raison de leur handicap. Pour l’APF France Handicap, l’allocation doit devenir un revenu d’existence fixe et estimé à partir de la situation personnelle de l’individu. "On ne comprend pas pourquoi ce serait soumis à une condition de ressources puisque son handicap n’est pas soumis à la condition du couple. C’est complètement injuste. Ça crée un déséquilibre et une dépendance financière vis-à-vis de l’autre", dénonce Florence Lecomte-Legrand, directrice technique de l'APF France Handicap en Côte-d'Or et Saône-et-Loire.

Retrouvez ci-dessous l'interview de Christophe Paris, invité du JT de France 3 Bourgogne.

Des couples se séparent pour éviter la perte de l'AAH

Mariés depuis 2018, Marie-Anne et Nicolas Slowinsky se posent des questions sur leur avenir alors que le jeune homme se lance dans la création de sa propre entreprise. "Si ça marche trop, il faut que je compense pour mon épouse. Tu te demandes si ça vaut le coup de monter une entreprise sachant qu’il faut penser à l’autre par rapport aux revenus. Je sais qu’à un moment donné, je vais devoir prendre en compte tout ça".

Marie-Anne dénonce alors la dépendance financière dans laquelle se retrouvent certaines personnes en situation de handicap avec la baisse ou la perte de l’AAH. "On cherche l’indépendance et on devient dépendant de son conjoint. Si on a une allocation, c’est qu’on en a besoin. Il y a des gens qui ont besoin d’aide pour faire leur toilette et manger. Ils la financent avec l’AAH. Si elle baisse, ils prennent sur leurs fonds à eux sans pouvoir travailler. Ce n’est pas forcément facile".

Pour éviter de perdre leur allocation, certaines personnes en situation de handicap hésitent alors à fonder un foyer. Dernièrement, deux Saône-et-Loiriens ont dû rompre leur PACS, après que l’un des membres du couple a perdu son AAH en raison de l’augmentation de salaire de son conjoint.

Une proposition de loi bloquée par le gouvernement

Mais pour Marie-Anne et Nicolas Slowinsky, hors de question de se séparer pour des questions de revenus. "On ne divorcera pas ! Ce n’est pas possible", souffle la jeune femme. Les époux attendent surtout une évolution de la législation française.

En février 2020, une proposition de loi pour la déconjugalisation de l'AAH avait pourtant été votée en première lecture à l’Assemblée nationale, avant d’être validée par le Sénat en mars 2021. Mais le gouvernement a bloqué le processus en juin dernier, proposant un abattement forfaitaire qui ne satisfait pas les publics concernés par l’allocation.

"On a le sentiment de ne pas être compris par les pouvoirs publics, le gouvernement", confie Nicolas. "On n’est pas très entendus. Quand on n’est pas confronté au handicap, on ne peut pas comprendre", abonde Marie-Anne.

Avec le mouvement organisé dans près de 50 villes françaises ce jeudi 16 septembre, les associations espèrent faire avancer le débat et obtenir une révision du mode de calcul de l’AAH. Le 12 octobre prochain, la proposition de loi sera à nouveau débattue au Sénat.

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