Une quarantaine de jeunes agriculteurs de l'Ardèche ont mené une action symbolique dans la nuit de dimanche à lundi. Ils ont muré une porte de la préfecture à Privas. Après le mouvement du début d'année, ils estiment que l'État n'a pas "respecté ses engagements".
Ils sont venus avec des parpaings. Une quarantaine de jeunes agriculteurs de l'Ardèche ont muré l'accès à la préfecture de Privas, dans la nuit de dimanche à lundi. Sur une banderole, on pouvait lire : "fermeture pour non-respect des engagements".
"Le ras-le-bol"
Nathalie Soboul, la présidente du syndicat des jeunes agriculteurs, explique : "on attendait des aides à la trésorerie, rien n'est venu". Son collègue, Benoit Breysse ajoute : "c'est le ras-le-bol". Il précise que la fièvre catarrhale n'a fait qu'empirer la situation : "on attendait un soutien sur les problèmes sanitaires, on est laissés à l'abandon".
Depuis un an, on prévient les services de l'État pour dire que les choses ne vont pas, qu'on attend des simplifications administratives et, il n'y a pas de réponse. On passe la moitié de notre temps à faire de la paperasse.
Benoît Breysse, vic-président du syndicat des jeunes agriculteurs de l'Ardèche
"J'ai peur de l'avenir"
Parmi les jeunes agriculteurs présents lors de cette action, Thibaut, 22 ans. Après son bac pro, un BTS, il est en cours d'installation. Mais, pour lui, l'avenir est incertain. "Demain, quand je m'installer, je ne sais pas comment je ferai quand on voit les difficultés".
J'ai peur de l'avenir, entre les tâches administratives et le manque de revenus. Pourtant, je rêve de vivre de mon travail. Agriculteur, c'est plus qu'un métier, c'est une passion.
Thibaut Exbain, jeune agriculteur.
"Un pacte de confiance"
Sur l'antenne de France 3 Rhône-Alpes, ce dimanche 27 octobre, le président régional du puissant syndicat agricole, la FNSEA, évoquait le manque de reconnaissance du travail accomplit et du problème de rentabilité des exploitations. La France est en plein dilemme avec l'Europe. Un accord d'échanges commerciaux est sur le point d'être signé avec des pays d'Amérique latine. Ce "Mercosur", serait fatal pour l'agriculture française, selon Michel Joux.
Si le Mercosur est signé, il y aura un grave défaut de concurrence entre les agriculteurs français et ceux d'Amérique du Sud. S'il est signé, cela signifierait que les actions menées l'hiver dernier n'ont pas été comprises.
Michel Joux, président régional de la FNSEA.
Il en appelle un "pacte de confiance entre la société et les agriculteurs", n'écartant pas la reprise du mouvement des agriculteurs en colère.
Une série en plusieurs épisodes
Comme en écho, à l'issue de cette action, en Ardèche, la nuit dernière, les agriculteurs présents ont prévenu : "on aurait aimé une seule saison, mais ce soir, c'est l'épisode un de la saison deux". Ils se sont déjà donné rendez-vous pour d'autres rassemblements, menaçant d'un deuxième épisode, voire d'un troisième.
En janvier dernier, les agriculteurs s'étaient fortement mobilisés. À travers tout le pays, des actions d'envergure avaient paralysé une partie de l'économie, avec, notamment, le blocage des autoroutes.