Dans le Cantal, le moulin de l'Epie, situé sur la commune de Cussac, a bien failli devoir mettre la clef sous la porte. On vous explique comment l’agriculture biologique a sauvé ce moulin spécialisé dans l'alimentation du bétail.
Dans le Cantal, au bord de la rivière l'Epie, la bien nommée, un petit moulin fabrique depuis des années des granulés pour l'alimentation du bétail. Mais lorsque Bernard Déchambre, minotier ici depuis des années, prend sa retraite, son fils Alexis ne peut pas reprendre l'affaire tout seul. Entre alors en scène le groupe Jambon, également spécialisé dans la nutrition animale. Il devient actionnaire à 75 % du moulin avec un objectif : se spécialiser dans l'aliment du bétail certifié bio. Géraud Serre, responsable opérationnel du groupe Jambon, explique : « C'est un partenariat gagnant-gagnant. Eux, ça leur permet de continuer à faire vivre leur structure et nous, ça nous permet de nous diversifier dans une nouvelle activité. » Il se rend au moulin une fois par semaine pour vérifier que tout se passe bien et échanger avec Alexis Déchambre au sujet de la qualité, du renouvellement de matériel…
"La société était condamnée à fermer boutique"
Logistiquement, le groupe Jambon soulage le quotidien d'Alexis Déchambre : « La société était condamnée à fermer boutique. Jambon nous a proposé de monter une unité bio au moulin de l’Epie. Ca nous apporte du savoir-faire, du personnel, de la logistique. Quand j’étais avec mon père, je m’occupais de tout ce qui était livraison, fabrication, comptabilité… Maintenant, je vais pouvoir me concentrer uniquement sur la fabrication. » Selon lui, son moulin est la première fabrique d’aliments bio pour le bétail du Cantal. La production a commencé au mois de juillet, pour le plus grand bonheur d’Alexis Déchambre : « Ca fait bientôt 10 ans que je suis là et ça me plaît. Ça aurait été dommage de fermer. » Pour pouvoir passer au bio, toutes les machines ont dû être nettoyées de fond en comble pendant presque 2 mois, pour qu’il ne reste « plus un grain conventionnel ».
"On a une volonté de n’être qu’un acteur régional"
Fin août, le moulin a obtenu sa certification pour l'agriculture biologique et Alexis a commencé la production. Ici, 8 céréales y sont assemblées. L'objectif est de produire 1500 tonnes de granulés cette première année, et de trouver des clients à proximité, comme l’explique Pierre Barthélémy, président du groupe Jambon : « J’aime le bio quand c’est des circuits courts, quand c’est bien raisonné. C’est ça qui me parait intéressant et c’est ça qu’on a voulu faire ici, en faisant du bio avec des produits français. L’objectif, c’est aussi de livrer sur une zone très restreinte. On a une volonté de n’être qu’un acteur régional et de ne pas nous éloigner de notre base. Pour nous, ce moulin était vraiment un outil qui nous correspond, avec son emplacement, son savoir-faire. Alexis connait parfaitement son savoir-faire, c’est un vrai atout. » Pour moderniser l'outil de production, 200 000 euros d'investissement sont prévus, notamment pour informatiser le moulin et améliorer la traçabilité. Les filières agricoles bios en France représentent 200 000 emplois en 2020. Ce chiffre est en constante augmentation depuis quelques années.