Le centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier a été déclaré "cluster" ce mercredi 28 avril avec 6 cas de covid parmi le personnel pénitentiaire, à cinq jours de l'ouverture du procès de Nordhal Lelandais pour le meurtre d'Arthur Noyer.
L'annonce a été faite officiellement au sein de l'établissement ce mercredi 28 avril, nous a confirmé par téléphone Alain Chevallier.
Selon le délégué régional UFAP-Unsa-Justice, un premier cas positif a été signalé samedi dernier. Lundi, on en comptait deux nouveaux, et hier mardi, trois de plus. Tous surveillants et membres du personnel. Selon les premiers résultats des tests de l'un des membres touchés par le virus, "il s'agirait du variant anglais".
Trois cas contacts a priori pour l'instant répertoriés doivent être isolés. L'établissement déclaré cluster devrait, comme le veut le protocole de l'Agence régionale de santé, mettre en place une opération de dépistage massif.
"Nous n'en avons pas encore eu connaissance, et nous n'avons pas beaucoup d'informations très claires de la direction", nous a indiqué Alain Chevalier qui a précisé "pour les détenus, un certain nombre d'activités ont été mises à l'arrêt dans les ateliers et le mess de restauration du personnel a été fermé".
C'est la deuxième fois depuis le début de la pandémie que Saint-Quentin Fallavier, à la fois centre de détention et maison d'arrêt, est déclaré "foyer de contamination". Avec trois cas avérés, sur décision de l'ARS, tout le monde avait été dépisté les 4 et 5 novembre dernier, détenus comme personnels, avec au final quatre cas positifs, dont trois détenus et un intervenant extérieur.
Le procès de Nordhal Lelandais pourrait-il être compromis?
L'administration pénitentiaire a confirmé en toute fin de soirée à l'AFP ce 28 avril, l'existence de ce foyer épidémique révélée par le Dauphiné Libéré.
Elle indique "qu'il a été signalé mercredi matin à l'Agence régionale de santé (ARS), comme le veut la procédure et que la situation est parfaitement maîtrisée.".
Mais ce nouveau foyer infectueux intervient dans un contexte particulièrement délicat : c’est à Saint-Quentin-Fallavier que Nordahl Lelandais est incarcéré depuis plus de trois ans.
Il doit comparaître dès ce lundi 3 mai devant la cour d'Assises de Chambéry pour le meurtre du Caporal Arthur Noyer en 2017.
Il doit être extrait de sa cellule chaque jour pour être déféré jusqu'au palais de justice qui a dû lui aussi mettre en place un dispositif inédit lié notamment à la pandémie.
L'administration pénitentiaire a assuré à l'AFP "qu' elle ne voyait pour l'instant aucun obstacle à sa comparution la semaine prochaine, précisant que les extractions judiciaires sont stoppées pour les personnes malades."
Toujours selon l'administration, "aucun cas n'a été signalé parmi les détenus".
Depuis son incarcération, le détenu Lelandais, meurtrier présumé d'Arthur Noyer et de la petite Maëlys, est placé en quartier d'isolement, seul dans sa cellule et lors de la promenade, "mais il est forcément en contact avec les surveillants à plusieurs moments de la journée, il y a aussi les conditions de déférement au tribunal, rien ne garantit à 100 % que Lelandais ou quelque détenu que ce soit ne soit pas, à un moment, positif au virus", déclare le délégué syndical des surveillants.
Et de mentionner "une bagarre entre détenus dimanche, qui a été séparée par des surveillants aujourd'hui positifs,il y a forcément des cas contacts parmi les détenus".
Les surveillants de prison sur la liste des métiers à risque prioritaires
"Les choses sont en train de s'organiser, mais nous n'avons pas vraiment les informations", regrette Alain Chevallier, nous ne sommes pas encore vraiment concernés par la vaccination (...) Seuls les plus de 55 ans ont été contactés en ce sens".
Depuis le samedi 17 avril, les gardiens de prison comme les policiers ou les professeurs, considérés comme métiers prioritaires exposés, ont a priori le droit de se faire vacciner. La seule condition est pour l'instant d'avoir plus de 55 ans.
Sur le plateau de "Dimanche en politique" sur France 3, le 11 avril dernier, le garde des Sceaux et ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, interrogé sur le Covid, a vivement conseillé au personnel pénitentiaire de se faire vacciner. "C’est un conseil, une incitation, pas davantage", a-t-il expliqué. "C’est comme ça qu’on va s'en sortir, pas autrement."
Il a évoqué les conditions de vaccination en détention : "J’ai tenu à ce que les détenus soient vaccinés dans les mêmes conditions que le reste de la société civile", a-t-il déclaré, même si certaines personnes refusent le vaccin AstraZeneca. "Les détenus ont, dans ce lieu de privation de liberté, cette liberté là aussi", a assuré le ministre, qui réfute l'idée que les prisonniers soient des "cobayes".
En attendant, selon Alain Chevallier, Délégué à l'échelle de la Région, les nouveaux cas "flambent ces dernières semaines un peu partout dans les établissements pénitentiaires, lieux confinés par excellence", comme à Corbas, à Bourg-en-Bresse ou à Varces.
La maison d'arrêt de Grenoble-Varces déclaré "foyer de contamination"
A l'autre bout du département, à Grenoble-Varces, des mesures d'isolement ont été aussi mises en place et un dépistage a été organisé dans l'établissement pénitentiaire, considéré comme un foyer de contamination par les autorités sanitaires.
Le lundi 19 avril, cinq détenus et cinq membres du personnel de la maison d'arrêt de Grenoble-Varces, en Isère, avaient été testés positifs au Covid-19.
Si l'Administration pénitentiaire assure que "les extractions pour les procès ne sont pas spécialement perturbées par la crise sanitaire", on se souvient qu'en novembre dernier, le procès des attentats de janvier 2015 à Paris avait dû être suspendu plus d’un mois. Plusieurs prévenus avaient attrapé le Covid.