Un week-end quasi estival juste après de nouvelles chutes de neige. Le risque d'avalanches sera encore très élevé en haute montagne. La plus grande prudence est recommandée alors que le bilan de la saison est déjà lourd : 28 morts dans des avalanches dont 27 skieurs de randonnée.
Depuis mi-janvier, en haute montagne, les périodes d'instabilité se succèdent. Les avalanches ont déjà coûté la vie à 28 personnes dont 27 skieurs de randonnée. A la veille d'un week-end qui promet d'être estival , et qui devrait donner des fourmis dans les jambes aux amateurs de glisse, les secouristes et nivologues lancent un appel à la prudence.
Une année noire pour le ski de rando
Alors que les remontées mécaniques sont restées fermées tout l'hiver en raison de la crise sanitaire, l'ANENA (Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches) enregistre déjà 28 morts emportés par des avalanches. Un chiffre équivalent à la moyenne d'une année normale mais la saison n'est pas terminée.
"Ce sont des accidents qui ont lieu en ski de randonnée pour la plupart", explique Frédéric Jarry, référent de la formation sauvetage avalanche à l'ANENA : "on est déjà à 27 décès en ski de rando alors que d'habitude on est plutôt à 12 décès par an en ski de randonnée (...) c'est un bilan assez lourd".
Les alpinistes chevronnés premières victimes des avalanches
Les gens qui ont péri dans des avalanches ne sont pas des novices précise Frédéric Jarry : "ce sont, comme d'habitude, plutôt des gens qui ont assez d'expérience et qui sont aptes à analyser les risques."
Cette semaine, cinq personnes sont mortes emportées par des coulées de neige dans le massif des Ecrins. Deux moniteurs de l'ESF de l'Alpe d'Huez au glacier Long à Ailefroide. Et un guide isérois et ses clients grenoblois à Villar d'Arènes. Des enquêtes sont en cours mais il semblerait que les avalanches aient été provoquées à chaque fois par le passage de skieurs en amont.
"Personne n'est à l'abri confirme Pierre-Marie Dupré, commandant en second du PGHM (Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne) de l'Isère, "ces avalanches dramatiques rappellent qu'il faut être extrêmement vigilant et savoir renoncer dans sa pratique en cas de doute".
Un week-end à hauts risques
Avec les nouvelles chutes de neige de ces dernières heures (les cumuls pouvant atteindre 50 cm en haute montagne en Savoie et Haute-Savoie), le week-end s'annonce particulièrement instable. D'autant que ces conditions hivernales vont être suivies par un brutal retour à des conditions estivales dès samedi. "On aura 10 à 11° à 2.000 mètres d'altitude explique Sophie Tessier, directrice déléguée à Météo France Alpes du Nord, donc il y aura une vraie instabilité avalancheuse."
"Ce réchauffement brutal va déstabiliser la neige, donc on aura à la fois des plaques en altitude devant les pentes froides, les versants nords et puis dans les versants ensoleillés, avec ce gros redoux, on aura aussi les départs de neige humide des conditions printanières", confirme Daniel Goetz ingénieur nivologue à Météo France. Par rapport à la situation du début de semaine, les spécialistes craignent donc, pour ce week-end, plus de départs spontanés que d'avalanches provoquées par le passage de skieurs.
Des précautions à prendre
Ce week-end, les pentes raides, à plus de 30° sont vivement déconseillées. Pour s'en convaincre, on peut regarder le test effectué par Alain Duclos, le président de l'association data-avalanche, ce jeudi en Haute-Maurienne, à 3500 mètres d'altitude. On constate que la première couche de neige est déjà très fragile et ce test a été effectué juste avant les nouvelles chutes de neige conséquentes de la nuit dernière.
Avant de partir en haute montagne, il est vivement recommandé de préparer sa sortie de façon minutieuse. Se renseigner sur les conditions (météo, état du manteau neigeux…), prendre conseil auprès des professionnels de la montagne et des mairies, signaler son itinéraire et être équipé (pelle, sonde, détecteur de victimes d’avalanche…).
Par ailleurs, il est impératif de ne pas se surestimer. Etre attentif aux moindres signes de danger (petite coulée…) et savoir renoncer si les conditions se dégradent.