"C'est un cran au-dessus dans la violence", la maire de Romans-sur-Isère menacée de décapitation

Il y a un avant "mort de Thomas à Crépol", et un après. La maire DVD de Romans-sur-Isère (Drôme), Marie-Hélène Thoraval, a déposé plainte le 29 novembre, après avoir reçu des menaces par téléphone et sur les réseaux sociaux dont une de mort "par décapitation".

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Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans-sur-Isère, a été la cible de menaces de mort ce 29 novembre. Le mercredi matin, la mairie reçoit deux appels anonymes. "Le premier parle de nous à la mairie comme des fachos, des faibles, que les Français sont faibles", relate Marie-Hélène Thoraval. Le second demande si l'élue a des gardes du corps "et une kalach pour se protéger chez elle".

La maire n'en fait pas plus de cas, jugeant d'une tentative d'intimidation, avant de recevoir un autre message, envoyé cette fois sur son compte Instagram. "Là, on m'a menacé de mort par décapitation, en écrivant qu'on allait jongler avec mon crâne", détaille l'élue. "C'est un cran au-dessus dans la violence, celle portée aux élus et ce que l'on peut vivre quand on dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas", explique Marie-Hélène Thoraval". Elle porte immédiatement plainte le 29 novembre. "L'affaire est prise très au sérieux par les services concernés.", ajoute-t-elle. 

Un avant et un après Thomas

Pour elle, ces menaces interviennent alors qu'elle dénonce la délinquance qui "empoisonne" sa ville. "Une poignée de jeunes veulent faire du quartier de la Monnaie une zone de non-droit, ce que je refuse.", affirme avec détermination Marie-Hélène Thoraval. 

Marie-Hélène Thoraval a dénoncé à plusieurs reprises, une "culture de l'excuse à longueur de temps" dans le quartier de La Monnaie. L'élue de droite pour qui il y a déjà un "avant et un après Thomas", a aussi soutenu les familles des victimes dans leur volonté de faire reconnaître le caractère raciste du meurtre de Crépol. Ce qui n'a pas été retenu par le parquet de Valence à ce jour. 

Le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère est au cœur de l'attention depuis la mort de Thomas, 16 ans, tué en marge d'un bal dans le village de Crépol. Certains des suspects impliqués dans la mort de Thomas seraient originaires du quartier.

Des propos stigmatisants

"Ces propos stigmatisent les habitants du quartier", dénoncent à leur tour les riverains de la Monnaie. Ils organisent une manifestation ce 2 décembre à 13 heures sur la place du marché, pour montrer leur "solidarité et leur unité" et leur "détermination à aider les jeunes à vivre dans la paix et dans la sécurité dans leur ville, dans leur pays". 

Pour Marie-Hélène Thoraval, une telle manifestation vient, au contraire, confirmer son propos. "On ne saurait réduire le quartier de la Monnaie à ces individus délinquants, j'ai toujours dit que les habitants de la Monnaie aspiraient à une vie paisible et je défends ce quartier", renchérit l'élue. 

L'ultradroite pointée du doigt

Des militants identitaires veulent organiser deux rassemblements le même jour, le 2 décembre, devant la préfecture à 14 heures, "pour rendre hommage à Thomas et demander justice" mais aussi "pour demander la libération des manifestants" du week-end dernier. La préfecture de la Drôme a pris un arrêté pour interdire ces manifestations pour des "risques de troubles". 

Largement relayée par les réseaux d’ultra-droite, la manifestation laisse présager, par la présence d’individus souhaitant reconduire des actions agressives et des démonstrations de forces des tensions similaires à celles qui se sont déroulées les 25 et 26 novembre derniers.

Préfet de la Drôme

dans un communiqué du 1er décembre

Le 25 novembre dernier, une semaine après le décès de Thomas, des membres de l'ultradroite ont organisé une "expédition punitive" xénophobe à la Monnaie. Parmi eux, des militants du groupe identitaire "Division Martel". Six personnes de cette mouvance ont été jugées en comparution immédiate en début de semaine, elles ont été condamnées à des peines de six à dix mois de prison. Onze autres, aussi interpellées au cours du week-end du 25 et 26 novembre, attendent d’être jugées. 

Appel au calme

Le maire de Valence, Nicolas Daragon, a exprimé son soutien Marie-Hélène Thorval. 

Ce matin, l'association des maires de la Drôme a dénoncé des "menaces intolérables". "À travers elle, ce sont tous les élus de France qui sont attaqués et nous nous tenons solidairement à ses côtés.", peut-on lire dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. 

"Conformément au « Pack Sécurité des élus », toutes les mesures sont d’ores et déjà prises pour assurer sa sécurité ainsi que celle de ses proches. La Police Nationale est pleinement mobilisée", affirme le préfet de la Drôme qui condamne fermement les menaces à l'encontre de Marie-Hélène Thoraval. 

Du côté du gouvernement, les appels au calme se sont multipliés pour tenter d'apaiser le climat dans la Drôme. Olivier Véran s'est déplacé le 27 novembre afin de rencontrer les élus et pour assister à une cérémonie d'hommage à Thomas dans son lycée de Romans-sur-Isère. 

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé le lendemain qu’il demanderait la dissolution de trois groupuscules d’ultradroite, une réaction "ferme" selon lui destinée à éviter "un scénario de guerre civile". Depuis 2021 et la "disparition" de Génération Identitaire, le gouvernement s'emploie à dissoudre plusieurs groupes de l'ultradroite, mais des émanations de ces groupes se forment et subsistent notamment dans la région lyonnaise. 

De son côté, Marie-Hélène Thoraval, attend des "actions concrètes" et "une paix sociale à co-construire". Quant à la violence de l'ultradroite, l'élue réfute toute responsabilité, arguant que ces propos ont été prononcés bien après les manifestations identitaires. "On ne règle pas la violence par la violence", conclut l'élue, reprenant les propos du porte-parole Olivier Véran. 

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