La colère et l'effroi d'un collectif de parents de Valence les ont poussés à adresser un courrier au Premier Ministre dans lequel ils affirment ne plus vouloir accompagner leur enfants à l'école sans présence policière
Voici plusieurs années qu'elles alertent. Courriers et demandes de rencontres avec la municipalité, les forces de police, les médias..., mais cette fois-ci un cap a de nouveau été franchi dans le climat de violence décrit par de nombreuses familles dans les quartiers du Plan et de Fontbarlettes à Valence.
"On enlève les gamines de la ZUP?" voici le message que France 3 Rhône-Alpes a pu consulter diffusé sous forme de sondage sur instagram. Depuis, un climat de paranoïa et de psychose s'est emparé du quartier du Plan (surnommé la ZUP par les habitats) où vivent un peu plus de 6000 habitants. Quelques jours auparavant, une photo indiquant par des flèches des personnes à abattre a circulé, créant un climat de terreur et de profonde inquiétude.
Si ces familles ne prennent pas ces menaces à la légère c'est par ce que ce n'est pas la première fois, et que certaines menaces ont déjà été suivies d'effets. Ces habitants vivent dans un climat de violence extrême depuis plusieurs années. En 2023, une série d'assassinats en pleine rue avaient amené les pouvoirs publics à se réunir pour déployer des moyens exceptionnels sur le terrain. CRS en nombres, saisies d'arme et de drogue, renforcement des relations entre les services municipaux et services de l'Etat, les habitants avaient alors eu le sentiment qu'un changement pouvait s'amorcer.
" Une violence d’une rare barbarie sous nos fenêtres"
Mais si depuis plusieurs semaines, le climat semble plus apaisé au premier abord, des actes de violence extrêmes se déroulent selon plusieurs témoignages. La différence tient au fait que les langues se sont liées et que depuis l'intervention des pouvoirs publics, ce qui se passe dans le quartier ne sort plus du quartier, laissent entendre les échanges avec des acteurs locaux.
Un silence brisé le vendredi 12 janvier 2023 par ce courrier envoyé au Premier ministre et à l'ensemble des acteurs publics concernés :
"Jour après jour, nous découvrons, apprenons, entendons, vivons des faits de violence d’une rare barbarie sous nos fenêtres. Malgré nos interpellations passées, malgré les interventions massives des forces de police les violences avérées ou promises continuent.
Nous ne pouvons plus supporter cet état de terreur au quotidien, surtout après les menaces récentes sur les réseaux sociaux qui appellent notamment à "enlever les gamines de la ZUP. Nous ne pouvons accepter que ces faits et informations que nous connaissons et qui sont connus des pouvoirs publics ne déclenchent pas une réaction exemplaire".
Réponse : la Force d'Action Républicaine
Pourtant l'Etat, la municipalité, les services de police et de justice se sont réunis autour d'une même table pas plus tard qu'à l'automne 2023 et se mobilisent pour mettre en place ce que le gouvernement a appelé de ses vœux : une Force d'Action Républicaine.
Il s'agit à travers des équipes pluridisciplinaires d'apporter une "réponse globale", de "concentrer dans un quartier tous les efforts de l’État (…) pendant plusieurs mois", avait déclaré la Première ministre, Elisabeth Borne, le 26 octobre 2023.
"À partir d’un diagnostic commun, nous déploierons des moyens pour traiter les difficultés que les populations rencontrent, en matière de sécurité, mais aussi pour des réponses judiciaires, éducatives ou sociales", avait-elle précisé. Cette FAR est en cours de déploiement dans trois premières villes en France dont Valence mais aussi Maubeuge et Besançon.
Sans police plus d'enfant à l'école
Malgré ces annonces, plusieurs familles demandent des résultats plus rapides et font valoir leur droit à la sécurité de façon imminente, compte tenu notamment de la présence d'armes lourdes et du climat d'affrontement permanent entre deux quartiers plongés dans les dérives d'une rivalité historique.
"Si à partir de lundi matin, des forces de police ne sont pas présentes aux abords des établissements scolaires, nous ne pourrons pas ou plus scolariser nos enfants", dans le courrier adressé à Gabriel Attal, à la direction académique, aux services de la préfecture, de la mairie et du ministère de l'intérieur certains parents expriment leur peur de laisser leurs enfants sortir de chez eux.
Pourtant les écoles du quartier du Plan à Valence sont extrêmement mobilisées pour assurer un cadre éducatif apaisant et constructif à leurs élèves qui pour certains présentent des symptômes de choc post-traumatiques liés à ce que les habitants décrivent comme " un climat de guerre" dans leurs quartiers.
Des patrouilles seront renforcées lundi matin aux abords des écoles, a indiqué la préfecture auprès des familles dans une réponse par courrier envoyé le samedi 13 janvier 2024. Une information également confirmée par le Maire. "Il y aura bien des patrouilles de la police nationale et de la police municipale dès lundi matin" a déclaré Nicolas Daragon maire (LR) de Valence. Il explique avoir reçu le courrier des habitants ce vendredi soir "sans contact préalable". Mais face aux craintes de ses concitoyens, il promet une réunion dans la semaine avec eux et la préfecture.