Le repreneur de l'usine Alpine Aluminium de Cran-Gevrier (Haute-Savoie), Frank Supplisson, est visé par une enquête préliminaire. Les investigations ont débuté à la suite d'un signalement de l'avocat d'anciens salariés pour des licenciements présumés frauduleux.
Le repreneur d'entreprises en difficulté Frank Supplisson est visé par une enquête préliminaire pour escroquerie au jugement et abus de faiblesse. L'enquête est diligentée par le parquet d'Annecy après la reprise de l'usine Alpine Aluminium à Cran-Gevrier (Haute-Savoie), a-t-on appris lundi 14 juin, confirmant une information de l'Essor Savoyard.
Les investigations ont été entamées à la fin de l'année 2020 par l'antenne de police judiciaire des Savoie. Elles font suite à un signalement de l'avocat d'anciens salariés d'Alpine Aluminium, société coopérative reprise en décembre 2019 par l'entreprise de M. Supplisson, Industry, en partenariat avec Samfi-Invest.
Frank Supplisson a, par ailleurs, été mis en examen en avril dans le cadre du rachat du groupe sidérurgique lorrain Ascométal en 2014. En Haute-Savoie, les faits examinés par le parquet d'Annecy étaient, lundi également, discutés devant le conseil des prud'hommes d'Annecy. Une filiale d'Alpine Aluminium, Alpine Steel, y a été assignée par dix anciens salariés pour des licenciements présumés frauduleux.
Maître Thierry Billet, leur avocat, à l'origine du signalement au parquet, a accusé le dirigeant d'avoir mis en place "un stratagème" pour se séparer de ces collaborateurs sans avoir à "payer l'amende prévue initialement et devoir en répondre devant le tribunal de commerce". Alors que 49 des 85 salariés d'Alpine Aluminium étaient repris en 2019, la justice avait fixé une pénalité de 12 500 euros pour chaque nouveau licenciement économique qui interviendrait dans les trois ans.
Pas de reprise d'activité
Selon l'avocat annécien, ses clients ont été "convoqués par SMS un par un dans un hôtel d'Annecy pour essayer de les persuader" de toucher directement 12 500 euros tout en étant licenciés pour faute grave. Huit d'entre eux ont signé la transaction, deux autres ont refusé et font l'objet d'un licenciement économique sans que soient mises en œuvre "les mesures sociales prévues par la procédure", a indiqué Me Thierry Billet.
"Il y a eu une volonté de tromper les salariés et de tromper le tribunal de commerce par le fait qu'on a pris des engagements qu'on n'a jamais tenus", a martelé l'avocat, en dressant le constat que l'activité industrielle n'a jamais redémarré à Alpine Aluminium. L'avocat soupçonne le repreneur d'avoir été davantage intéressé par le potentiel immobilier de cette réserve foncière de huit hectares au cœur d'Annecy plutôt que par le devenir industriel d'Alpine Aluminium.
"On a eu le confinement, le Covid, etc. Rien n'a été favorable à ce que l'activité de production reprenne", a défendu Maître Cécile Pesson, avocate d'Alpine Steel. Elle conteste toute "pression" de la part de Frank Supplisson sur les personnels licenciés pour faute grave et met en avant un "refus individuel de chaque salarié de travailler pour le repreneur".