Dans un communiqué publié ce mardi 9 mars, la communauté des personnels et des enseignants de Sciences Po Grenoble a condamné les accusations d'islamophobie à l'encontre de leurs deux collègues. Le principal syndicat étudiant a exigé de son côté des sanctions contre les deux professeurs.
"Un collage sauvage comportant des propos injurieux." Voici comment l'ensemble des enseignants et personnels de Sciences-Po Grenoble, qui se sont réunis en assemblée générale lundi 8 mars, ont qualifié les collages mettant en cause deux des enseignants de l'IEP, accusés d'islamophobie. "Nous condamnons fortement et fermement ces actions dangereuses pour nos collègues, notre institut et notre démocratie. Des vies sont aujourd’hui en danger et c’est intolérable", peut-on lire dans ce communiqué publié ce mardi. Ils en appellent "à l'apaisement".
Une posture que n'a pas adopté l'Union syndicale de l'IEP. Le principal syndicat étudiant a exigé des sanctions à l'encontre des deux professeurs. "Nous continuerons à demander des sanctions tant que ces deux professeurs ne se seront pas excusés", a indiqué lors d'une conférence de presse le président de l'Union syndicale de l'Institut d'études politiques (IEP), Thomas Mandroux. Des écrits de l'un des deux professeurs visés "ont été jugés par des personnes concernées - donc des personnes musulmanes ou affiliées à l'islam - comme islamophobes", a-t-il ajouté pour expliquer cette exigence.
"Ce n'est pas nous qui avons lancé la machine"
"Ce n'est pas nous qui avons lancé la machine", s'est défendu l'étudiant de 23 ans en défendant l'appel lancé par son organisation le 22 février. Le syndicat étudiant majoritaire à l'IEP de Grenoble avait alors demandé des témoignages d'étudiants sur d'éventuels "propos problématiques" qui auraient été tenus dans un cours, sans nommer l'enseignant visé. Pour autant, M. Mandroux a "condamné tout forme de violence" et s'est désolidarisé des collages apparus dans l'établissement le jeudi 4 mars où apparaissaient le nom des deux professeurs contestés.
Dans un communiqué commun publié dans la nuit de lundi à mardi, l'Unef, l'Union syndicale de l'IEP (qui n'est pas affiliée à l'Unef) et d'autres syndicats étudiants locaux avaient regretté que "l'emballement médiatique présente les deux collègues (professeurs) comme des victimes." Ces syndicats demandent à la direction de l'IEP "de prendre les mesures qui s'imposent pour que le débat académique puisse se tenir dans un cadre serein et respectueux."
Par ailleurs, une cinquantaine d'étudiants de Sciences Po Grenoble ont manifesté ce mardi midi contre l'islamophobie. "Stop islamophobie d'Etat", "Le racisme est un délit" ou encore "Islam ≠ Terrorisme", pouvait-on lire sur les banderoles.
Une enquête en cours
La directrice de Sciences-Po Grenoble, Sabine Saurugger, est sortie du silence et a répondu aux questions du Dauphiné Libéré. "L’idée était plutôt de former rapidement un consensus entre tous les départements pour s’en sortir au mieux." Une enquête a été lancée pour tenter de retrouver l'identité des personnes auteures des collages. La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a également annoncé le début d'une mission de l’inspection générale de l’éducation afin d’établir les responsabilités de chacun.
Les deux enseignants visés par des accusations d'islamophobie à l'IEP de Grenoble font désormais l'objet de mesures de protection policière susceptibles d'être renforcées, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en déplacement lundi à Gannat, dans l'Allier. La direction de l'IEP et l'Université Grenoble-Alpes ont condamné lundi ces collages visant deux enseignants.