Le procès de Nordahl Lelandais, jugé pour le meurtre de Maëlys et deux agressions sexuelles sur des petites cousines, s'est poursuivi ce mercredi devant la cour d'assises de l'Isère. Les avocats des parties civiles ont entamé leur plaidoirie. Revivez les instants importants de l'audience dans notre direct commenté.
Après deux journées consacrées à l'étude psychologique et psychiatrique de Nordahl Lelandais, le procès de l'ancien militaire, jugé pour le meurtre de Maëlys et deux agressions sexuelles sur des petites cousines, est entré dans sa dernière ligne droite, ce mercredi 16 février.
Dans un premier temps, la présidente a entrepris la lecture de plusieurs dépositions de témoins qui n'ont pas pu se présenter devant la cour d'assises de l'Isère. Les avocats des parties civiles ont commencé à plaider en fin de matinée. L'audience doit se poursuivre jusqu'à jeudi soir avant le délibéré, vendredi. L'avocat de la mère de Maëlys, Me Fabien Rajon, devrait plaider en dernier pour les parties civiles. Revivez, minute par minute, cette journée d'audience dans notre direct commenté.
Ce qu'il faut retenir de la journée d'audience
- "Mais elle est où, Maëlys ?" Me Fabien Rajon, avocat de Jennifer Cleyet-Marrel, s'est adressé directement aux jurés pendant plusieurs dizaines de minutes au cours de sa plaidoirie, en fin de journée. Il leur a proposé de se mettre à la place de sa cliente, la mère de la petite Maëlys, le soir où le fillette a disparu au cours d'un mariage. "Vous ne pouvez pas l'imaginer, mais à cet instant précis, votre fille court un danger mortel. Un regard noir, malsain, est posé sur elle", a déclaré l'avocat, entamant une longue description de la soirée, décrivant le "cauchemar" des mois qui ont suivi, répétant sans cesse "Mais elle est où, Maëlys ?". Pour conclure sa plaidoirie, Me Rajon a fait part de la volonté de la famille de Araujo qui "aspire simplement à être replacé dans un horizon d'humanité". "Par votre décision, a-t-il conclu, vous direz que vous avez compris qui est Nordahl Lelandais."
- Dans sa plaidoirie, Me Boguet, avocat du père de Maëlys, est revenu longuement sur la personnalité de Nordahl Lelandais, sur les expertises des psychologues et des psychiatres. Avec un sens de la formule clinique, il a longuement détaillé la « dangerosité » de l’accusé. Il l’a notamment comparé à un « chauffard » dont certains ont eu le « malheur de croiser la route » : « La vitesse ça grise, c'est bon la vitesse. Jusqu'à ce qu'il se prenne le mur. » L’avocat s’est ensuite directement adressé à Nordahl Lelandais en se faisant passer pour la petite fille : « Tu ne leur as pas dit qu'on te voyait me tourner autour. Tu leur as beaucoup menti, quand tu as dit que j'étais montée spontanément dans ta voiture. »
- La présidente avait débuté cette 13e journée d'audience par la lecture de procès-verbaux. Une grande partie concernait ceux d'un témoin, convoqué mais absent des débats : Farid Chabil. Il était un ancien co-détenu de Nordahl Lelandais au centre de détention de Saint-Quentin-Fallavier. Il aurait recueilli des confidences glaçantes de la part de l'accusé. Mais ces confidences n'ont pas pu être vérifiées. La qualification de viol n'avait pas été retenue, faute de preuves matérielles ainsi que d'indices graves et concordants.
- Les parties civiles ont commencé à plaider, ce mercredi. Un premier moment d'émotion a marqué la cour d'assises de l'Isère, avec "vraisemblablement" la dernière plaidoirie de Me Crespin. Très ému à la barre, l'avocat de deux associations d'aide à l'enfance a déclaré : "Il est temps pour moi d'arrêter, de laisser la place aux jeunes, de quitter le bal des affreux et d'aller faire des pâtés de sable avec mes petits-enfants."
- Me Remond, l'avocate des familles de deux petites cousines agressées sexuellement, s'est ensuite adressée directement à Nordahl Lelandais lors de sa plaidoirie : "Oui M. Lelandais vous êtes un pédophile. Vous êtes un prédateur sexuel. Vous avez cherché une proie. C'est ça un prédateur", lui a-t-elle dit les yeux dans les yeux. Elle a demandé aux jurés la justice pour Maëlys mais également pour les familles et les petites filles agressées sexuellement.
La journée d'audience minute par minute
18h46 - L'avocat de Jennifer Cleyet-Marrel conclue sa plaidoirie en s'adressant une dernière fois aux jurés. "Je voudrais vous dire que la famille de Maëlys vous fait confiance, je voudrais vous dire que la famille de Maëlys n'est pas dans la haine, dit Me Rajon. Qu'elle aspire simplement à être replacé dans un horizon d'humanité. Par votre décision, vous jugerez dans un état de droit que la justice ne doit pas être faible (...) Par votre décision, vous direz que vous avez compris qui est Nordahl Lelandais."
L'audience est suspendue. Elle reprendra jeudi à 9 heures.
18h45 - "Je voudrais finir en revenant sur un terme employé par Nordahl Lelandais devant la cour d'assises, ajoute Me Rajon, avocat des parties civiles. Nordahl Lelandais, vous n'avez pas donné la mort à Maëlys. Cette expression, je la trouve mielleuse, niaise, indécente. Nordahl Lelandais, vous l'avez arrachée à la vie."
L'avocat brandit un petit agenda, celui que la fillette aurait dû utiliser à la rentrée des classes. "Des pages qui ne demandaient qu'à être écrites", mais ne l'ont jamais été.
18h40 - "Soudain, vous réalisez que ce regard posé sur votre fille vous avait intrigué. Plus tard, vous apprendrez le récurage de sa voiture. Votre intuition s'avérait, hélas, la bonne. Plus tard, la machine judiciaire se mettra en route." Me Rajon, l'avocat de la mère de Maëlys, continue de s'adresser aux jurés en leur proposant de se mettre dans la peau de sa cliente le soir de la disparition de la fillette. Et les temps qui ont suivi, jusqu'à la découverte de son corps, six mois après sa disparition.
"Les cauchemars de la mère Maëlys font écho à ceux d'une autre mère, Cécile Noyer. Voilà ce que la mère d'Arthur Noyer (le jeune caporal tué en mai 2017 par Nordahl Lelandais, ndlr) a dit : 'J'ai rêvé qu'Arthur me téléphonait, il me disait viens me sauver, j'ai froid.' Je me suis réveillée, je n'avais aucun appel d'Arthur."
18h30 - "Vous lâchez quelques mots 'Mais elle est où, Maëlys ?' La suite, vous la connaissez", poursuit Me Rajon, toujours en s'adressant aux jurés. Il continue de raconter le déroulé de la soirée lors de laquelle Maëlys a disparu, décrivant le "cauchemar" de Jennifer Cleyet-Marrel, sa mère. "Votre pouls s'emballe, vous cherchez partout. La salle de mariage ressemble à une scène de chaos."
"C'est de la terreur. C'est une question de vie ou de mort. Vous hurlez son nom. Il faut composer le 17, appeler les gendarmes, rassembler ses esprits pour leur donner le maximum d'informations (...) Mais elle est où, Maëlys ?", répète Me Rajon.
"Vous comprenez au regard des gendarmes qu'ils sont inquiets. La panique laisse désormais la place à une étrange ambiance, plus calme, plus lourde. Cette fois vous comprenez que votre agitation n'est d'aucun secours. Mais elle est où, Maëlys ?"
18h23 - L'avocat de Jennifer Cleyet-Marrel poursuit sa plaidoirie en proposant aux jurés de se mettre dans la peau de sa cliente lorsque celle-ci s'est rendue au mariage, le 26 août 2017.
"Je vous demande de vous mettre l'espace de quelques minutes à la place de Jennifer de Araujo quand tout a basculé, dit Me Rajon, se lançant dans une longue description. Imaginer que vous allez rejoindre un mariage de famille en fin d'été, avec vos filles et votre mari. Vous revenez de vacances de 15 jours au Portugal (...) Vous voulez, à cet instant, prolonger votre été, malgré la rentrée qui arrive dans quelques jours. Dans la matinée, vous êtes allée chez le coiffeur avec vos deux filles."
"Imaginez la joie de retrouver vos proches. Leur bonheur enivre l'assemblée. Les mariés sont solaires, ils sont radieux. Vous le sentez et vous vous enivrez de cette énergie. L'amour est là partout. On vous l'a répété dans votre enfance : ces moments sont précieux, il faut les savourer. Alors vous le faites pleinement, vous êtes heureuse d'être une mère, vous êtes heureuse d'être une femme tout simplement."
"Elle a hâte, Maëlys, de tourner la page d'une année scolaire difficile. Vous espérez la savoir heureuse. Cet été 2017 vit ses dernières heures. Vous continuez à prendre le temps. Encore un peu de soleil, encore un peu de douceur. (...) Vous êtes assise à table à quelques pas de la table des mariés. (...) Vous ne pouvez pas l'imaginer. Mais à cet instant précis, votre fille court un danger mortel. Un regard noir, malsain, est posé sur elle. Quelqu'un dont le cerveau déborde d'adversité. Quelqu'un qui a tué un homme il y a tout juste cinq mois. Quelqu'un qui a abusé de deux fillettes. Il est là."
18h13 - Me Rajon revient sur le témoignage de l'ancien procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, devant la cour d'assises. Au cours de sa prise de parole, de vifs échanges ont eu lieu avec l'avocat de la défense, Me Jakubowicz.
"Jean-Yves Coquillat n'avait rien à gagner à venir à la barre de cette cour d'assises, estime Me Rajon. Ma démarche l'a peut-être mis mal à l'aise. (...) Que vous a-t-il dit cet ancien procureur de la République ? Cette affaire lui tenait à cœur, il était affecté par cette affaire."
Et l'avocat de poser deux questions aux jurés : "Quand voulez-vous que Nordahl Lelandais rode à nouveau devant les boites de nuit de Chambéry ? Quand voulez vous qu'il rode devant une maternelle, devant une école ou un collège ?"
18h05 - "Sur le mobile sexuel, on n'a pas de preuve. Mais l'absence de preuve, c'est la conséquence directe de l'attitude de Nordahl Lelandais", juge Me Fabien Rajon, toujours au sujet du meurtre de la fillette de 8 ans. "Dire que Nordahl Lelandais a voulu violer Maëlys est ma conviction."
18h00 - Quel était le mobile du meurtre de la petite Maëlys ? "Le mobile sexuel est pour moi une évidence", estime l'avocat de la mère de la fillette. Première évidence, selon Me Rajon, l'activité du téléphone portable de Nordahl Lelandais dans la nuit du 27 août 2017 : "C'est le mode avion, c'est l'activité frénétique de suppression de fichiers et de photos."
Par ailleurs, la mort de Maëlys intervient à la même période que les agressions sexuelles sur les petites cousines de l'accusé. "Je vous soumettrai une question, déclare Me Rajon en s'adressant aux jurés, que s'est-il passé avant et après ? Doit-on croire Nordahl Lelandais quand il dit que les vidéos ont duré 55 secondes et que les agressions ont duré 55 secondes ?"
17h52 - A présent, Me Rajon lit une lettre écrite par les parents d'Arthur Noyer. Nordahl Lelandais a été condamné à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune caporal en mai 2021 par la cour d'assises de la Savoie. Ses parents ont fait parvenir cette lettre à l'avocat de la mère de Maëlys. Il la lit devant la cour.
"Les dernières déclarations de l'accusé appellent de notre part une réaction. A quoi jouez-vous, M. Lelandais ? Vous parlez d'Arthur comme d'un mec bien (...) Vous estimez-vous au dessus des lois pour continuer comme au procès de Chambéry ?", questionnent Didier et Cécile Noyer dans cette lettre. "Ce n'est pas une bagarre, c'est un meurtre. (...) Vous êtes donc un meurtrier. Vos 10 m² de cellule sont-ils moins vivables que les 2 m² de la tombe de notre fils ?"
"Vous n'avez pas changé, vous êtes et vous resterez un menteur, un manipulateur, un lâche (...) Nous attendons toujours cette vérité", poursuivent les parents du jeune caporal tué au printemps 2017. "Oui, que les visages de vos victimes vous hantent jusqu'à l'éternité. Quant à vos excuses, nous les refusons toujours. Un arbre pourri ne donne pas de bons fruits."
17h45 - Me Rajon revient sur les déclarations de Nordahl Lelandais tout au long de cette audience. "Elles sont objectivement désastreuses pour sa défense, constate-t-il. Mais pour moi, elles sont désastreuses quant au manque de recul de Nordahl Lelandais face à ses crimes. (...) Je pense qu'il est incapable d'introspection, de recul et de prise de conscience."
"Comment ne pas faire l'impasse sur les pseudos aveux de vendredi dernier ? Une mauvaise pièce de théâtre, juge Me Rajon à propos des déclarations de l'accusé qui a avoué avoir tué "volontairement" la fillette de 8 ans. C'était l'exacte opposé de ce qu'il a dit pendant 4 heures et demi."
17h42 - L'avocat de Jennifer Cleyet-Marrel aborde un autre point : la détention de Nordahl Lelandais. D'abord, le portable qui lui aurait été apporté en prison. Un fait "anecdotique" : "C'est un signal faible qui caractérise un manque de respect de la norme social."
"Mais ce qui m'intéresse, avance Me Rajon, c'est la date de visionnage des vidéos douteuses." Et l'avocat de lister les recherches de vidéos pornographiques effectuées par l'accusé ces derniers mois. Lelandais reste impassible dans son box.
17h37 - Me Rajon poursuit sa plaidoirie en décrivant la personnalité "inquiétante" de l'accusé. Il rappelle le "consensus des experts quant à sa dangerosité, quant à ses hallucinations."
"Nordahl Lelandais, c'est quelqu'un de très sympathique. Pour rentrer en contact, il est super fort. Ça le rend d'autant plus dangereux", estime l'avocat des parties civiles.
"En ma qualité d'avocat, j'ai cherché un pôle de stabilité dans la famille de Nordahl Lelandais, poursuit-il. La vérité est désastreuse : la famille n'est pas en mesure de lui offrir cette branche à laquelle on peut se rattraper."
17h32 - Le conseil de Jennifer Cleyet-Marrel évoque un autre point du dossier : la piste d'un viol sur Maëlys de Araujo. Nordahl Lelandais n'a finalement pas été mis en examen pour ces faits, faute d'éléments.
"Malgré les démarches du parquet, malgré mes démarches, les juges d'instruction n'ont pas mis en examen Nordahl Lelandais pour viol sur Maëlys. Ils n'ont pas dévié de leur ligne : même si c'était malheureux pour nous, ils ont gardé la prudence, l'impartialité", affirme Me Rajon.
17h25 - L'avocat poursuit en saluant le "travail exemplaire des juges d'instruction". "Les fuites médiatiques n'ont en rien entaché la procédure", juge Me Rajon, détaillant aux jurés les différentes étapes de l'instruction sur le meurtre de la petite Maëlys.
17h18 - Me Rajon tente d'anticiper la ligne de défense de Me Jakubowicz et questionne la régularité de la procédure. "Cette question mérite d'être posée car c'est incontestable, il y a eu un médiatisation à outrance dans cette affaire", reconnaît l'avocat de la mère de Maëlys.
Il rappelle que ses clients ont appris certaines avancées de l'enquête dans les médias. Et le 14 février 2018, quand le corps de la fillette est retrouvé, de nombreux journalistes se sont rendus au domicile de la famille.
"Une meute a franchi la barrière, a franchi le jardin", décrit Me Rajon, estimant que "la première victime de cette médiatisation, c'est bel et bien la famille de Araujo."
17h10 - "Ton innocence a basculé à la sortie de l'enfance. Colleen, l'avenir t'appartient, lui dit Me Rajon. Tu l'as appris à tes dépens : il est si simple de détruire, et si difficile de construire un avenir si dignement. Tu vas devoir trouver la force de croire en ton avenir, la force d'avoir confiance dans le genre humain. L'avenir t'appartient. Ne laisse personne et sûrement pas cet accusé te tirer vers le bas.
Tu as des raisons de penser que ta vie est mal partie. Mais si tu veux voir ce qu'est une vie médiocre, il te suffit de te tourner vers ce box et regarder cet homme. (...) Regarde où mène le mensonge et la médiocrité. Oui, c'est une évidence, car celui qui arrache une vie de 8 ans est un médiocre. Sois-en certaine, cet homme-là va retomber dans l'indifférence qu'il mérite."
17h07 - Me Rajon, l'avocat principal de Jennifer Cleyet-Marrel, débute sa plaidoirie en s'adressant à la sœur de Maëlys, Colleen. L'adolescente avait marqué la cour en s'adressant directement à Nordahl Lelandais lors de sa déposition.
"Elle était encore enfant quand sa sœur a été arrachée à la vie, rappelle Me Fabien Rajon en se tournant vers la famille de Araujo. Colleen, tes longs cheveux bruns, ta peau mat, tes yeux marrons, nous rappellent le visage d'une autre jeune fille que nous tous n'oublierons jamais. Pendant ces 4 années, j'ai reçu des témoignages de soutien qui t'étaient directement destinés. Comment Colleen fait-elle face ? Que devient-elle ? Je voudrais te dire que tu as été digne et courageuse. Ta famille a été fière de toi. Fière des mots adressés à ta sœur, Fière de ton regard que tu adressé à l'accusé, seul dans son box."
17h03 - Me Juglard revient sur la chronologie des faits livrée par Nordahl Lelandais : la fillette monte dans sa voiture, l'ancien militaire "coupe son téléphone, il passe en mode avion". "Quelques secondes après, il va la tuer."
"Elle va mourir, il va la déposer sur le bord d'un chemin. Il va rentrer chez lui, il va changer de short." Le corps de Maëlys sera retrouvé six mois après sa disparition dans une forêt. "Cette montagne elle est terrible, elle est froide, elle est inhabitée. La nature a repris ses droits. Il l'a emmenée là-bas."
L'avocat de Jennifer Cleyet-Marrel souligne les "mensonges" de l'accusé. "Y a-t-il eu autre chose, finalement ?", questionne-t-il. "Le mensonge a évolué dans le récit, il a zigzagué. Il a muté comme un virus. Ce n'est pas les aveux faussement programmés qui vont vous leurrer. Vous savez la dangerosité de cet homme."
Il conclut sa plaidoirie en s'adressant à l'accusé : "M. Lelandais, vos cousines étaient des innocentes. Maëlys, vous l'avez tuée. M. Lelandais, n'oubliez jamais vos morts, n'oubliez jamais Maëlys, car nous ne l'oublierons jamais."
16h57 - "Bientôt, pour nous, viendra le temps du silence. Bientôt, pour vous, le temps de la réflexion et l'instant de la décision", lance Me Juglard, l'avocat de Jennifer Cleyet-Marrel, aux jurés. Puis il revient sur cette nuit du 27 août 2017, quand Maëlys sort de la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin, "souriante" et "heureuse".
"Elle ne peut pas se douter du danger qui la menace. Elle ne peut pas se douter qu'une âme et un dessein aussi noir rode dans ce mariage. Elle ne peut pas s'en douter. Le mal est bien là. Personnifié, déterminé, inévitable. Il va frapper. Nordahl Lelandais va tuer de nouveau, quelques semaines après avoir volontairement tué le caporal Arthur Noyer."
16h52 - Le jeune avocat, debout à la barre, face aux jurés, revient d'abord sur un aspect de ce "procès exceptionnel" : "J'aimerais souligner la dignité et l'exceptionnel courage des familles qui sont restées devant vous pendant trois semaines sans vaciller, devant cet homme."
"Je leur tire mon chapeau, dit Me Juglard, car je ne sais pas comment ils ont pu faire. Même si vous m'aviez dit que vous n'en attendiez pas grand chose, que rien ne ramènera Maëlys, je vous souhaite de tout mon cœur de trouver du courage pour l'avenir."
16h47 - L'audience est reprise. C'est au tour de Me Armel Juglard, collaborateur de Me Rajon qui représente la mère de Maëlys, de plaider.
16h25 - "Il n'y a pas qu'un muet ici, constate à présent Me Boguet, désignant son client, le père de Maëlys de Araujo. Lui, ses cris ne sont plus perceptibles, ses larmes sont sèches. Il vit comme un mort vivant, débarrassé d'une partie de lui même. Il a perdu le poids que faisait sa fille à la fin de sa vie. (...) La première fois que j'ai reçu Joachim de Araujo, il n'arrivait pas à parler. Il n'arrivait pas à trouver ses mots. Il avait un peur bleue de ce procès, il ne savait pas à quoi s'attendre."
"Il n'est pas seulement digne, décrit le pénaliste, c'est un homme, un beau personnage. il est capable de dire qu'après avoir entendu Nordahl Lelandais à la barre, il lui fait pitié (...) J'espère que vous l'entendrez un jour, que vous la ressentirez un jour, la pitié du père de votre suppliciée."
L'audience est suspendue, elle reprendra à 16h45.
16h20 - Le rapport qu'entretenait Nordahl Lelandais avec ses chiens a occupé une partie des débats au cours de cette audience. Des chiens que Me Boguet voit comme "des armes de guerre".
"Les malinois sont utilisés par les unités d'élite pour des attaques. Ce sont des chiens que l'on dresse. (...) C'est comme un fusil, un chien. Tu fais en sorte d'être toujours le sujet dominant", explique l'avocat de Joachim de Araujo.
16h10 - Moment fort de cette plaidoirie, Me Boguet se tourne vers Nordahl Lelandais. Et l'avocat s'adresse à lui en se faisant passer pour Maëlys de Araujo : "Tu ne leur as pas dit qu'on te voyait me tourner autour. Tu leur as beaucoup menti, quand tu as dit que j'étais montée spontanément dans ta voiture. Tu leur as menti, quand tu leur as dit que maman m'avait autorisée."
Car pour le conseil de Joachim de Araujo, la version des faits de l'accusé est "inaudible". "Ça ne correspond pas à la gamine, ça ne correspond pas aux parents. Ça ne correspond à rien d'autre qu'à la mentalité torturée de Nordahl Lelandais", juge-t-il.
16h05 - Recourant à une nouvelle métaphore, Me Boguet en vient au soir du mariage lors duquel la petite Maëlys a disparu le 27 août 2017. "Maëlys, elle est dans un château fort. Elle est dans un mariage de proches familiaux. C'est un endroit où rien ne peut se passer. (...) Ça joue au ballon, il y a une salle spécifiquement attribué pour les enfants. On va pouvoir danser ensemble, se lâcher dans la liesse, en famille avec des amis. En espérant qu'aucun renard ne s'invite dans le poulailler."
"C'est forcément l'oeuvre d'un rôdeur, dit l'avocat, rappelant l'incrédulité des convives lorsque la fillette a disparu de la noce. On se connait, on s'apprécie. Il n'y a pas un tordu parmi nous. C'est là qu'il frappe. C'est là qu'il décide de frapper. Je ne sais pas si son souvenir vous hante, de la grâce qui était la sienne, dans sa petite robe blanche. Elle était toute bronzée de son séjour au Portugal. Elle était en sandale blanche. Elle s'était faite belle. Et je le pense, celui qui avait déjà œuvré, l'a repérée au vin d'honneur. Ça n'engage que moi. Vous ne me ferez pas croire que la rencontre fut fugace."
15h58 - Sans note à l'appui, le pénaliste poursuit sa démonstration, évoquant à présent les agressions sexuelles sur deux fillettes dont Nordahl Lelandais est également accusé. "Il faut imaginer à quel degré de recherche pulsionnel il en est advenu. Il n'est plus tout à fait chez nous", dit Me Boguet.
"Le fait qu'il y ait des captations d'images interrogent différemment, poursuit l'avocat du père de Maëlys, faisant référence aux vidéos des agressions visionnées au cours de l'audience. Si vous captez les images, vous entendez les réutiliser, vous entendez prolonger l'excitation."
15h52 - Me Boguet, l'avocat de Joachim de Araujo, compare Lelandais à un "chauffard" dont certains ont eu le "malheur de croiser la route". "La vitesse ça grise, c'est bon la vitesse. Jusqu'à ce qu'il se prenne le mur", démontre-t-il, évoquant d'abord le moment où sa "trajectoire" croise celle d'Arthur Noyer, "le premier mort".
Le jeune caporal a été tué par Nordahl Lelandais en mai 2017, quelques mois avant l'enlèvement et la disparition de la petite Maëlys.
15h45 - Après la plaidoirie de Me Vatinel, centrée sur le "long chemin de croix" de Joachim de Araujo depuis la mort de Maëlys, Me Boguet s'attache à lister les "choix" de Nordahl Lelandais. Sa "lente dérive où les limites finissent par être repoussées."
"Il n'y a pas de rupture, la digue ne cède pas, assure le pénaliste, toujours à propos de l'accusé. A chaque tentation, à chaque volonté, il y a une part de frustration qui est chassée. On s'endurcit dans cet exercice. (...) Lelandais, il trace. Il est à la découverte des autres. Il découvre mais ne bâtit jamais. Il découvre comme les conquistador, et chasse tout ce qui a de la valeur (...) puis il s'en va une fois qu'il est servi."
15h38 - "Vous êtes un homme qui a fait le choix de céder à ses plus noirs desseins, à faire la place à ses pulsions, et de les servir", lance l'avocat du père de Maëlys à l'accusé. "Il est clivé, nous dit-on. C'est pas un passeport pour faire n'importe quoi", déclare-t-il ensuite en se tournant vers les jurés.
"Quand il fait le choix de l'oisiveté, mère de tous les vices, c'est un choix. Quand il fait le choix de l'alcool, bien mauvaise épouse, c'est un choix. Quand il fait le choix des toxique, c'est un choix, liste l'avocat. Choisir c'est renoncer. Quand vous choisissez ces toxiques, vous vous coupez de notre monde. (...) Si le cannabis fait mal, si le cannabis vous font renoncer à des passions, à des projets de vie, des investissements, c'est un choix. Si vous décidez de le remplacer par un autre toxique, la cocaïne, c'est un choix."
15h30 - Le pénaliste s'adresse longuement à l'accusé. Nordahl Lelandais, lui, reste figé, presque inexpressif. "On ne peut pas être aussi sourd, aussi aveugle aux mains qui se tendent, lui dit Me Boguet, faisant référence aux témoignages des nombreux amis de l'ancien militaire. Je vous en veux car, à l'occasion de ces trois semaines de procès, vous les avez reçus, ces signaux. (...) Vous avez eu l'occasion d'apercevoir les lumières lointaines de ces phares que nous avons allumé pour vous."
"Le chemin sera long, tortueux, tant que vous n'aurez pas fait le choix de vous débarrasser de cette cape de noirceur (...) C'est ce chemin que vous nous obligez à parcourir, à partir de vos silences qui sont souvent des réponses, et de vos réponses qui sont souvent des mensonges", poursuit l'avocat, d'une voix grave et posée, avant de se lancer dans une tirade sur la mythologie scandinave. Nordahl Lelandais et son frère Sven ont évoqué, au cours de ce procès, leur fierté d'afficher ces origines nordiques.
15h25 - "J'ai toujours rêvé de devenir avocat, déclare d'emblée Me Boguet, l'avocat principal de Joachim de Araujo, le père de la petite Maëlys. Cela fait de nous ces mineurs de fond qui, avec beaucoup d'obstination, vont chercher dans la vase, dans la boue (...) ces petites parcelles d'humanité qui font de nous des frères et des sœurs du genre humain."
"Nordahl Lelandais, je vous en veux, lance l'avocat, les mains jointes au niveau du torse, en se tournant vers le box des accusés. Parce que vous m'avez fait douter, douter de ma capacité à trouver cette humanité."
15h23 - "C'est par un long chemin de croix que Joachim se présente devant vous, poursuit Me Vatinel. Quatre ans et demi pendant lesquels il y a eu un espoir fou, brisé. Au cours desquels il y aura eu ces confrontations douloureuses avec la justice. Il faut l'entendre qu'une de ses filles a été tué, il faut entendre qu'une de ses mèches a été coupée, il faut entendre que sa robe a été lacérée. Il faut l'entendre tout cela."
"C'est innommable. Quand on perd un parent, on est orphelin. Quand on perd un enfant, il n'y a pas de nom pour cela", conclut l'avocat de Joachim de Araujo avant de laisser la place à Me Boguet.
15h20 - Me Vatinel liste les épreuves traversées par le père de Maëlys depuis cette nuit du 26 au 27 août 2017. "On ne peut plus supporter le regard de celle qu'on aimait tant, car il nous rappelle les images, l'horreur", décrit l'avocat de Joachim de Araujo.
"Il y a Colleen (la sœur de Maëlys, ndlr) aussi qui se sépare de lui. Inconsciemment. Car elle a perdu sa sœur, ajoute-t-il d'un ton toujours calme. Il n'y a qu'une seule issue pour Joachim de Araujo (...) il ne peut plus être heureux. C'est compliqué de cohabiter avec cette souffrance. Dans ce naufrage, il perd sa femme, sa maison, sa fille, celle qui lui reste."
15h15 - Le corps de la petite Maëlys ne sera retrouvé que le 14 février 2018, six mois après sa disparition, à la suite des aveux de Nordahl Lelandais. "Ce 14 février, c'est le naufrage définitif, relate Me Vatinel. Une plongé abyssale dans les ténèbres de cette mer déchaînée. Monsieur de Araujo, on a retrouvé votre fille. Du moins ce qu'il en reste. C'est l'effondrement. Il n'y a plus aucun espoir. Elle lui a été arraché. C'est fini."
"Lorsque l'information tombe, elle est d'une violence incommensurable. Cette plongée dans l'abysse, elle est destructrice. C'est comme un tsunami émotionnel. Il perd tout : sa femme, qu'il avait aimé pendant 20 longues années (...) Ensemble, ils avaient construit quelque chose de simple, qui leur permettait d'affronter toutes les étapes de la vie."
Le 7 février, au cours du procès, la famille de Maëlys avait pris la parole pour raconter leur chemin de croix depuis la disparition de la petite fille.
15h10 - Puis l'avocat se glisse dans la peau de son client, Joachim de Araujo, le père de la fillette, à cet instant où Maëlys disparaît. Lui qui "est à des années lumière de percevoir le drame qui vient de se jouer. Il ne reverra plus jamais sa fille. Peut-il imaginer ce drame là ? Il est à un mariage."
Aux environs de 3 heures du matin, le 27 août 2017, les invités de la noce commencent à chercher la petite Maëlys. "Il (Joachim de Araujo) cherche, il essaye de percevoir le moindre bruit. Mais rien. Rien jusqu'à cette frénésie. A cet instant, il est en pleine tempête. Les vagues s'acharnent sur lui comme une déferlante. Les gendarmes arrivent. Ils sont nombreux. On comprend mal, on comprend pas. Les chiens. Les hélicoptères. C'est la frénésie. Il ne sait plus où il est. Il ne sait plus s'il fait jour ou s'il fait nuit. Il restera dans cet état de torpeur, dans cet état de panique."
15h05 - Me Vatinel : "On sait ce qui est en jeu. Ce clivage, ces deux mondes qui ne peuvent pas se rencontrer. Votre haine, cette colère quand ces poings vont s'abattre sur le visage lumineux de cette petite (...) Vous avez senti ses os craquer. Vous avez vu son visage se fissurer. Vous l'avez vu, ce sang."
L'avocat du père de Maëlys s'adresse une nouvelle fois à l'accusé qui, assis dans son box, le regarde fixement. "Vous allez à cet instant être confronté à ce que vous venez de faire. Pire encore, vous allez l'abandonner là, après cette scène de violence inouïe. Il y a cette enfant qui agonise sur le siège passager du véhicule, dans son coffre. En dépit de cette violence, vous allez trouver cette force de revenir à ce mariage."
15h - Pour quelle raison la petite Maëlys a-t-elle été tuée ? "On est tous en droit de s'interroger sur le mobile", estime Me Vatinel. Nordahl Lelandais a reconnu, au cours du procès, avoir enlevé et tué "volontairement" la fillette mais continue de réfuter tout mobile sexuel.
"Votre reconnaissance ne me suffit guère, lance l'avocat du père de Maëlys. Pourquoi avoir enlevé cette enfant ? Pourquoi lui donner la mort ? C'est mon opinion, je ne peux la donner à personne. Mais ma conviction est qu'autre chose vous anime lorsque vous l'arrachez des bras de ses parents. Vous êtes animé par autre chose à cet instant."
14h57 - Me Vatinel en vient au moment où la petite Maëlys croise la route de Nordahl Lelandais au cours de la noce. Ce moment où "il referma à jamais les portes des ténèbres, sombres, terrifiants."
"Peut-on seulement considérer, à cet instant, qu'elle soit animé par la seule volonté d'aller voir des chiens ? Est-ce que cela est sérieux ?", questionne le collaborateur de Me Boguet avant de s'adresser à l'accusé : "Non, M. Lelandais, vous n'êtes pas jugé pour des faits de viol, mais vous seul savez ce que vous avez infligé" à la fillette de 8 ans.
14h53 - Et l'avocat du père de Maëlys de revenir sur la soirée de mariage du 27 août 2017. La fillette de 8 ans a disparu dans la nuit. Son corps sera retrouvé huit mois plus tard dans une forêt en Savoie.
"Elle déambule dans la liesse, cette gamine. Elle va de son père, à sa mère, à sa sœur. Elle fait des rencontres de son âge. Elle veut profiter de cet instant. C'est tout ce qui lui importe. Elle prend l'importance de l'événement. Il faut qu'elle en profite de cet instant", raconte Me Vatinel.
"Rien d'autre ne compte que de profiter de cet instant. Rien d'autre que de pouvoir simplement emmagasiner toutes ces émotions qui lui serviront forcément. Elle se fait belle, Maëlys, pour ce mariage. Elle choisit sa coupe de cheveux. Elle va chez le coiffeur. Elle choisit sa robe, énumère l'avocat. C'est comme ça qu'elle va à ce mariage. C'est dans cet état d'esprit qu'elle va dans ce mariage, qu'elle ne connaîtra jamais. Ses parents ne l'amèneront jamais à l'autel de mariage."
14h48 - Me Vatinel parle à présent de Maëlys de Araujo, cette "petite fille de 8 ans qui incarnait l'innocence absolue, la joie de vivre, l'énergie frénétique de ces petits être qui veulent tout voir, tout comprendre, tout ressentir."
"C'était une petite fille discrète, pleine de vie. Et lorsqu'elle se présente à ce mariage, elle vient de finir ses vacances. on sait tous ce que cela représente, ces instants simples, ces vacances simples."
14h45 - "On n'est plus derrière la télé, derrière la radio", avertit l'avocat de Joachim de Araujo, le père de la petite Maëlys. Debout, face aux jurés, Me Vatinel poursuit : "Il n'y a plus de superficialité à cet instant, il n'y a plus de sensationnel. C'est juste trois semaines de factuel que petit à petit vous avez suivi et essayé de cheminer sur la voie de la compréhension. Sur la compréhension de ce qui l'habite lui, et de ce qu'ils endurent eux. Je suis sûr que, comme moi, à des instants des débats, Maëlys a été là. Vous avez senti sa présence."
14h41 - "Je ne sais pas si vous avez tremblé à l'idée de vous confronter à ce procès. Je ne sais pas non plus si vous avez tremblé sous le poids de la responsabilité qui vous a été assignée", lance Me Vatinel, collaborateur de Me Boguet, aux jurés. "C'est le plus beau des rôles qui vous a été assigné à cet instant."
"Peut-être, tout au long de ces trois semaines de débats, avez vous pensé que ce serment était lourd à porter, poursuit l'avocat des parties civiles. Ces trois semaines de débat auront été marquées par des interventions ponctuelles des uns et des autres, des témoins, des parties civiles et de l'accusé. Ces sentiments, la haine, l'affection, la crainte, vous ont affecté quelques instants. De la place qui est la mienne, je sais que vous saurez vous tenir éloignés de ces sentiments-là. Ces trois semaines de procès, avec tout ce que cela implique, se sont tenues dans une extrême dignité."
14h36 - L'audience est reprise. Les avocats des parents de Maëlys de Araujo, Me Laurent Boguet pour le père et Me Fabien Rajon pour la mère, vont plaider devant la cour d'assises de l'Isère. Me Martin Vatinel s'avance tout d'abord à la barre.
12h43 - L'audience est suspendue. Elle reprendra à 14h30.
12h42 - Me Remond conclut : "Nordahl Lelandais a enlevé la vie à Maëlys. Nordahl Lelandais a enlevé, ce qu'on aimerait bien tous retrouver dans cette salle, leur innocence. Aujourd'hui, elles savent. (...) A 4 ans, on est innocent, comme à 6 ans. A 8 ans aussi. Il a enlevé, à ces petites filles, leur innocence. Ces délits sexuels connexes au crime que vous avez à juger sont le talon d'Achille de Nordahl Lelandais.
Les affaires d'enfants sont des affaires qui marquent et qu'on n'oublie jamais. Je pense et je suis même certaine que vous n'oublierez jamais cette affaire Nordahl Lelandais. Mais ce n'est pas de Nordahl Lelandais qu'il faudra se souvenir. Mais c'est bien de Maëlys De Araujo et des deux petites cousines."
12h37 - Me Remond au sujet de ses clients : "Les couples vivent des moments terribles. Ils n'arrivent pas à en parler. Les papas ne réagissent pas comme les mamans. Ce sont des faits de nature sexuelle. C'est compliqué. Le couple peut s'éloigner. C'est difficile. Ils ne font que travailler et s'occuper de leur filles. Ils n'ont plus d'intimité dans un couple comme dans l'autre. Quand ils voient leur fille, ils voient cette image."
12h35 - Me Remond : "Il n'a pas regardé les vidéos montrées par la famille de Maëlys De Araujo. Il ne les a pas regardées non plus. Je trouve ça incroyable. Il n'a pas de courage. S'il en avait, on aurait peut-être des explications. Je pense qu'il a un goût pour la mort, le macabre."
12h33 - Me Remond : "Je voudrais dire un mot sur l'alcool et la cocaïne. Je pense qu'on a bien compris que c'était un prétexte, que l'alcool et la cocaïne ont bon dos. Ce sont des circonstances aggravantes et ne sauraient en rien justifier les actes commis."
12h28 - Me Remond : "Il y n'a pas de question de douceur. Nordahl Lelandais le dit : 'Je savais qu'il ne fallait pas pénétrer un enfant'. Il sait que c'est interdit. (...) Mais il s'est permis de le faire néanmoins."
12h21 - Me Remond : "Sur ces vidéos, il y a cette salive. Ce crachat et je le maintiens dans le sexe de ces enfants. On ne va pas faire un cours d'anatomie. (...) Ce n'est pas dessus, c'est à l'intérieur. Pour quoi faire ? Lui nous dit pour faire ça en douceur. Toucher un enfant, ce n'est pas possible. Selon lui, elles étaient endormies. Il n'y a que lui qui le dit. Si elles étaient endormies, ça ne leur fait pas mal. La salive, ce n'est pas ça. On est pas dupes. Nordahl Lelandais essaye de berner tout le monde. La salive, quand on l'applique sur le sexe d'une autre personne, c'est pour aller au-delà des simples caresses. Qu'est ce qu'il s'est passé après ? Après avoir arrêter de tourner ? (...) Qu'est ce qu'il aurait fait après, s'il n'avait pas été arrêté ?
Sur ces vidéos, on ne voit pas la tête des enfants. Ca c'est caractéristique des pédophiles. Un des témoins nous le racontait il y a quelques jours."
12h20 - Me Remond : "Vous êtes un prédateur sexuel et vous avez recommencé. Au jeu des questions-réponses, nous n'avons toujours pas les réponses. Vous aurez encore l'occasion d'en donner, vous aurez la parole en dernier et tant mieux."
12h19 - Me Remond se tourne vers le box des accusés et s'adresse directement à Nordahl Lelandais : "Oui M. Lelandais vous êtes un pédophile. Vous êtes un prédateur sexuel. Vous avez cherché une proie. C'est ça un prédateur. Alors que vous étiez au domicile de vos cousins puis à votre propre domicile, vous étiez peu nombreux, vous avez cherché une proie. Un objet qu'on se met sous la main. C'est inavouable, la honte ultime, mais vous ne l'expliquez pas. Ce sont ces réponses qu'attendent les parents."
12h17 - Me Remond : "Puis le procès s'annonçant, ultra-médiatisé, elles risquaient d'apprendre ce qui était arrivé. Elles risquaient donc... Il fallait leur dire ce qu'elles avaient vécu, avec des mots de leur âge. En disant qu'on avait touché des parties de leur corps qu'on n'aurait pas dû toucher. Leurs réactions ont été différentes mais les mamans l'ont dit. L'une a éclaté en sanglots, elle souhaitait revoir son parrain mais ce n'était plus possible. La deuxième ne souhaite plus en parler. Qu'est ce qu'il se passe ? Ces petites filles vont dans leur famille quand leurs parents sont venus. Aujourd'hui, leurs enfants savent que leurs parents partent pour aller au procès. Ca dure longtemps."
12h15 - Me Remond : "Elles étaient comme toutes les petites filles de leur âge. Enjouées, espiègles, rieuses, courant partout. A l'image de cette dernière vidéo que nous avons vu de Maëlys lors de ce mariage dans les bras de son papa. Depuis trois semaines, ça va un peu moins bien. Les psy avaient dit aux mamans quand les vidéos avaient été découvertes de ne pas parler des faits à ce moment parce qu'il ne fallait pas induire des souvenirs qu'elles n'avaient pas. Il fallait attendre."
12h13 - Me Remond : "Nous savons que très souvent, il y a la faveur des événements de la vie de possibles reviviscences, des cauchemars, des tentatives de suicide, sans que ces adultes victimes dans leur enfance qui ont refoulé, ne le sachent. (...) Il y a une multitude de possibilités pour que ces faits reviennent à ces petites filles. Espérons que non."
12h11 - Me Remond continue, mains dans le dos, droite devant la barre : "Mes clients se demandent également, depuis qu'on a découvert ces vidéos il y a trois ans, ils se demandent ce qu'il se serait passé si ces petites filles s'étaient réveillées. J'émets toute réserve sur le fait que les deux petites cousines soient totalement endormies au moment des faits. Et nous ne pourrons pas le savoir. C'est ce que j'appelle la bombe à retardement."
12h08 - Me Remond à propos des parents des cousines : "Ils savent ce qui est arrivé à leur petite fille. Ils ont la colère de ne pas savoir pourquoi ça leur est arrivé. Les vidéos n'auraient jamais été découvertes si Nordahl Lelandais n'avait pas été arrêté après les faits concernant Maëlys. (...) Ils ont de la colère. Ils se demandent ce qui a pu arriver. Ils ont du dégout, de la souffrance et ils sont sincères. C'est cette sincérité que je viens exprimer devant vous. Ils ne mentent pas. Nordahl Lelandais ment. Il ment sur tout. Il se crée des alibis, se constitue des preuves."
12h06 - Me Remond : "J'ai versé ce matin au débat des photos des petites cousines à l'âge des faits, et des photos maintenant. Je ne voulais pas que vous partiez délibérer sans avoir vu le visage de ces petites filles. (...) Je ne l'ai pas fait avant parce que la semaine dernière, nous avons vu des vidéos atroces où on voyait le sexe de ces petites filles en gros plan. Je ne voulais pas que vous partiez délibérer sans avoir vu le visage de ces petites filles."
12h05 - Me Remond toujours à propos des relations familiales entre ses clients et Nordahl Lelandais : "Ils ont passé des bons moment à faire des barbecues, à aller en discothèque. Des vacances comme on peut en passer avec des cousins. Ils n'ont rien détecté. Ils ont même laissé leur fille à Nordahl Lelandais pendant qu'ils allaient travailler, faire des courses."
12h01 - Me Remond : "Les petites ont été victimes. Maëlys a été victime. Ils ont la chance, mes clients, d'avoir leur fille vivante. Je souhaite que mes propos ne heurtent pas la famille de Maëlys. Je tiens à les remercier d'avoir eu quelques contacts avec mes clients. Ils ont cette intelligence d'avoir compris qu'il n'y avait plus aucun lien entre mes clients et la famille Lelandais. Je tiens à dire toute mon admiration à Colleen (la sœur de Maëlys, ndlr). Ce que vous avez fait, c'est d'une grande force, quasiment de l'ordre de l'impossible pour une jeune fille de votre âge. Vous l'avez fait avec une énorme dignité.
Nordahl Lelandais c'est le bon cousin. Mes clients l'ont soutenu au départ de l'affaire Maëlys. Ils l'ont soutenu car ils ne pouvait pas imaginer ces actes là. Ils ont toujours connu ce cousin. Nordahl Lelandais passait des vacances dans la maison de mes clients. ils ont tenu des rapports familiaux (...). Ces quatre parents l'ont toujours vu comme un bon cousin, jovial, festif, serviable. C'était le tonton "Nono"."
11h58 - Me Remond : "Mes premiers mots iront pour la famille de Maëlys. On ne choisit pas sa famille. Ca peut paraître banal de le dire. Mes clients sont les cousines de Nordahl Lelandais, évidemment ils n'ont pas le même nom. Ils ne l'ont pas choisi. Ils n'ont pas choisi d'être dans cette affaire."
11h57 - Me Crespin a terminé sa plaidoirie très ému. Il quitte la barre. Il cède la place à Me Remond, avocate des deux familles des petites cousines agressées sexuellement par Nordahl Lelandais.
11h55 - Me Crespin au sujet de son dernier procès et de ses souvenirs : "Il est temps pour moi d'arrêter, de laisser la place aux jeunes, de quitter le bal des affreux et d'aller faire des pâtés de sable avec mes petits-enfants mais avant de partir, je ne pourrais pas oublier le soin que vous avez porté au soin de la tenue de ce procès. (..) Je veux vous en remercier. Je n'oublierai pas non plus les accusés du procès d'Outreau. Je n'oublierai pas les 46 accusés pédophiles d'Angers. Je n'oublierai pas les mensonges de la mère de Fiona. Le petit Bastien et la machine à laver, puni par son père. Je n'oublierai pas Julien, le petit punching-ball de 8 mois mort sous les coups de son beau-père. Je n'oublierai pas Gabin, ce petit garçon mort en France, en 2021, de faim et de soif, faisant le poids d'un bébé de 8 mois. J'en ai d'autres, mais il faut arrêter le musée des horreurs. Je n'oublierai pas le beau visage de Maëlys. Le courage et la dignité de sa famille. Je n'oublierai pas les vidéos glauques de Nordahl Lelandais. La dignité de leur famille. Il faut vous battre pour Maëlys, pour elles."
11h53 - Me Crespin : "Il va revenir un jour Nordahl Lelandais dans la communauté humaine. Je suis obligé d'espérer qu'un jour, la prison aura fait fonction de rédemption, lui aura permis de travailler sur lui, de se regarder, d'accepter de se voir tel qu'il a été. Accepter de porter le poids de ses crimes pour pouvoir s'en libérer. C'est un travail énorme à faire et vous aurez le temps. Il faudra vous regarder tel que vous êtes, vous remettre en question et vous libérer du poids de ses crimes."
11h49 - Me Crespin s'adresse aux jurés : "Vous allez vous retirer. Vous resterez avec les images, les impressions. Nous sommes là pour vous donner nos impressions, nos convictions (...) Vous aurez toujours des questions sans réponse. Pourquoi a-t-il enlevé Maëlys ? Pourquoi la taper ? Pourquoi la tuer ? Comment cette bascule de 2017 a fait de cet homme un criminel ? Un criminel dangereux."
11h47 - Me Crespin : "Les experts ont dressé de lui le portrait terrible d'un homme à la dangerosité psychiatrique et criminologique extrême. Il faudra en tenir compte. C'est cet homme que vous allez devoir juger."
11h45 - Me Crespin : "Aujourd'hui vous avez à juger un homme qui n'est pas un monstre mais un mystère. Mais qui êtes-vous M. Lelandais ? Je ne suis pas certain que le procès répondra. Le fils aîné ? Le bon copain un peu bagarreur, impulsif avec des amis que vous ne méritez pas M. Lelandais. L'anorexique du travail (...). L'addict, incapable d'exprimer ses émotions, ses affects, son empathie (...). Si on fait la liste, il coche toutes les cases. Véritablement un criminel atypique par sa personnalité, par les victimes de ses meurtres, par le mode opératoire. J'ai cette terrible conviction qu'il a été arrêté à temps et que Maëlys ne sera pas morte pour rien."
11h40 - Me Crespin revient sur les avancées qu'ont permis le travail des deux associations : "Pour tirer des leçons des procès et faire passer des messages. Notre participation à ces procès nous a permis de faire évoluer la législation sur les enfants. Malheureusement, la maltraitance n'a pas reculé. Ce n'est pas faute d'avoir combattu. (...) Mais nous avons obtenu des avancées majeures pour la protection des enfants." Le travail de Me Crespin avait notamment permis la naissance du fichier des auteurs d'infractions sexuelles.
11h38 - "Ce que j'attends de ce procès ? J'en attends rarement grand chose, j'attendais un peu d'humanité, un pas d'humanité de Nordahl Lelandais vers les familles. Ce pas d'humanité nous l'avons peut-être eu. Chacun appréciera. La reconnaissance de la pédophilie, ses aveux des vendredi aussi sincères qu'une déclaration de revenus", déclare-t-il, lui qui, à 75 ans, plaide "vraisemblablement même surement" pour la dernière fois pour l'association "l'Enfant bleu" et la fédération "La voix de l'enfant".
11h32 - L'audience est reprise. Me Crespin, avocat de deux associations d'aide à l'enfance, va commencer à plaider. Cet avocat, qui exerce au barreau de Paris, représente, pour les parties civiles, les associations "L'enfant bleu" et "La voix de l'enfant". Il avait déjà travaillé sur plusieurs procès d'ampleur comme l'affaire du réseau pédophile d'Angers, l'affaire Joël Le Scouarnec ou encore l'affaire d'Outreau.
11h07 - La présidente en finit avec la lecture de ces pièces. La séance est suspendue, elle reprendra à 11h20.
11h05 - La présidente continue la lecture de différents procès-verbaux sur les procédures de l'administration pénitentiaire. Beaucoup de points reportés par Farid Chabil et un agent du centre de détention de Saint-Quentin-Fallavier n'ont pas pu être vérifiés. Nordahl Lelandais a contesté l'ensemble des "confidences" rapportées par Farid Chabil à l'administration pénitentiaire.
10h30 - La qualification de viol n'avait pas été retenue par la chambre de l'instruction, faute de preuves matérielles ainsi que d'indices graves et concordants.
10h23 - Valérie Blain, présidente de la cour d'assises de l'Isère, aborde désormais le procès-verbal de la confrontation entre Farid Chabil et Nordahl Lelandais. Même lors de cette audition, Farid Chabil a maintenu que Lelandais lui a confié une version des faits où l'accusé a tenté d'agresser sexuellement la petite fille.
10h09 - La présidente lit désormais le procès-verbal de l'ancienne directrice du centre de détention de Saint-Quentin-Fallavier. Elle décrit Lelandais comme quelqu'un qui a "toujours eu un comportement correct avec le personnel".
Elle décrit la réaction de Farid Chabil au moment des confidences. Il était "bouleversé" et "en pleurs" dans son bureau. Elle assure que Chabil n'était pas missionné de faire parler Lelandais. Il n'a pas eu d'aménagement de peine à la suite de ses confidences.
9h59 - La lecture des procès-verbaux d'audition se poursuit. La présidente lit des déclarations de plusieurs autres agents de l'administration pénitentiaire. Elles décrivent comment se passent les interactions sociales au quartier d'isolement. Les plusieurs agents ont bien constaté que les deux hommes communiquaient entre eux. L'un des geôliers a bien entendu les deux individus échanger au sujet de Maëlys. "De toute façon, ce n'était pas un viol, ça n'a même pas duré cinq minutes", aurait entendu ce gardien. Cependant, cet agent de l'administration pénitentiaire n'a pas intégré ses propos dans son rapport. Et Farid Chabil conteste la présence de cet homme dans sa cellule au moment où ces propos auraient été tenus.
Dans le box des accusés, Nordahl Lelandais, en chemise noire, réagit peu et observe la présidente procéder aux différentes lectures.
9h45 - La présidente lit désormais le procès-verbal d'un agent de l'administration pénitentiaire, qui s'était entretenu avec Farid Chabil "bouleversé et choqué" par les confidences de Lelandais.
Chabil n'est pas décrit comme "un grand délinquant. (...) Il n'avait pas mauvais fond", il était condamné pour des "petits délits". Après ces aveux, ce co-détenu aurait voulu changé de cellule.
9h40 - La présidente en termine avec la lecture du procès-verbal de Farid Chabil. L'ancien co-détenu a également donné une version des faits du meurtre d'Arthur Noyer, qui ne correspond pas en tout point à celui décrit lors du procès devant la cour d'assises de Savoie.
9h35 - Ce co-détenu aurait entendu deux versions des faits : l'une où Lelandais aurait déposé le corps de Maëlys près d'un cabanon. L'autre où Lelandais aurait laissé la petite fille dans son coffre avant de retourner au mariage.
Dans ce procès-verbal, Farid Chabil explique ne vouloir "rien en tirer" de ses déclarations car il lui restait juste "quelques mois à tirer".
9h32 - Lelandais aurait confié à ce co-détenu avoir tenté d'agresser sexuellement la petite Maëlys dans sa voiture, qui était garée devant chez lui, et après avoir donné à manger à ses chiens.
L'accusé lui aurait également dit avoir vu le visage d'Arthur Noyer à la place de Maëlys, au moment des coups portés sur la petite fille.
9h27 - La présidente lit le procès-verbal d'audition de Farid Chabil, qui avait affirmé avoir eu des confidences sur Maëlys de la part de Lelandais, au cours de discussions pendant les promenades ou entre les cellules d'isolement du centre de détention de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère.
9h17 - L'audience est reprise. La présidente ne procèdera pas à l'audition de 8 témoins qui ne se sont pas présentés. Il s'agit, entre autres, d'anciennes compagnes de Lelandais, d'un partenaire sexuel masculin et de Farid Chabil, un ancien co-détenu de l'accusé, qui aurait recueilli des confidences concernant Maëlys. La lecture du PV d'audition de ce dernier va être effectuée devant la cour.
9h08 - A quelques instants du début de cette importante 13e journée du procès de Lelandais, les avocats continuent de s'entretenir devant la cour d'assises au sujet des plaidoiries, comme ici, Me Rajon, avocat de la mère de Maëlys, et Me Jakubowicz, avocat de la défense :
9h02 - L'audience n'est pas encore reprise. Mais on connaît l'ordre des plaidoiries pour les parties civiles. Plaideront dans l'ordre suivant :
- Me Crespin, avocat de deux associations d'aide à l'enfance ;
- Me Remond, avocat des familles des petites cousines ;
- Me Boguet, avocat du père de Maëlys ;
- Me Rajon, avocat de la mère de Maëlys.
8h45 - Malgré la pluie, plusieurs dizaines de visiteurs attendent à l'extérieur du palais de justice dans l'espoir de pouvoir entrer dans la cour d'assises. La matinée devrait être, en partie, consacrée à lecture de plusieurs dépositions. Le début des plaidoiries est attendu vers 11 heures. La séance, elle, doit reprendre à 9 heures.