Alexandre Gilet, un ancien gendarme volontaire en Isère appartenant à la mouvance néonazie, a été condamné en appel ce vendredi à 18 ans de réclusion criminelle. Il était accusé de fomenter des actions terroristes contre des mosquées, des personnalités politiques comme Jean-Luc Mélenchon ou encore le Crif.
Un ancien gendarme appartenant à la mouvance néonazie a été condamné ce vendredi aux assises en appel à 18 ans de réclusion criminelle pour des projets terroristes, a-t-on appris ce lundi 23 septembre.
Alexandre Gilet, ex-gendarme volontaire grenoblois, a été condamné en appel, comme en première instance, à 18 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, mais cette fois-ci la décision n'a pas été assortie d'une peine de sûreté des deux tiers.
Un suivi socio-judiciaire de sept ans a été ordonné, ainsi qu'une interdiction de tout emploi public pendant 10 ans : "À travers cet appel Alexandre Gilet souhaitait surtout retirer la période de sûreté prononcée en première instance", a déclaré à l'AFP Me Jason Etelbert, un de ses avocats avec Me Fanny Vial. "L'objectif est donc rempli. C'est désormais à lui de faire ses preuves pour espérer, à terme, une réinsertion paisible".
"Projet Waffenkraft"
En première instance, trois autres hommes, dont l'un était mineur au moment des faits, avaient aussi été condamnés dans ce dossier par la cour d'assises des mineurs, mais à des peines plus légères, allant de trois ans de prison dont un ferme à cinq ans, dont deux ferme. Ils n'ont pas fait appel et n'ont donc pas été rejugés.
Il s'agissait du premier procès pour terrorisme d'ultradroite à être jugé devant les assises. Membres d'un forum privé sur la messagerie Discord, nommé "projet Waffenkraft" (puissance de feu) créé en 2017 et qui comptait une vingtaine de membres, ils y échangeaient propos haineux et menaces contre les étrangers, les juifs, les homosexuels et les institutions.
Âgé de 22 ans au moment des faits, Alexandre Gilet avait intégré la gendarmerie en tant que volontaire en Isère. Il aurait été affecté à Montbonnot-Saint-Martin en 2017, l’année où il a rédigé un texte intitulé "Tactiques et opérations de guérilla".
Ce "manifeste de passage à l'acte terroriste" rédigé "à la manière des tueurs de masse de l'ultra-droite (...) détaillait notamment des fusillades ou des actions au camion-bélier", détaillait l'accusation en première instance. De son côté, son avocate avait balayé le terme de "manifeste" et évoquait plutôt un "journal intime de la haine", "jamais diffusé et dont il a honte aujourd'hui".
"Il fallait faire la loi du talion"
En juillet 2018, les quatre hommes s'étaient retrouvés avec un cinquième jeune, un collégien de 14 ans, pour une séance de tir clandestine en forêt dans la région de Tours (Indre-et-Loire). Certains avaient seulement essayé les armes détenues par Alexandre Gilet - un pistolet, un fusil de chasse et un fusil d'assaut -, mais ce dernier et Julien, un des autres condamnés, s'étaient entraînés activement.
Ils étaient aussi accusés d'avoir préparé des actions violentes contre des mosquées, des organisations comme le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et des personnalités politiques telles que l'ex-candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise).
Devant la cour d'assises d'appel, Alexandre Gilet a expliqué qu'il était à l'époque "dans un processus de radicalisation à la suite des attentats de 2015" qui l'avaient "perturbé et traumatisé". "Il fallait faire la loi du talion, leur rendre la monnaie de leur pièce", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il n'y avait toutefois "pas la volonté réellement de faire un attentat".