La cour d'assises de l'Isère a, ce vendredi, condamné Ludovic Bertin à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 20 ans. Il a été reconnu coupable du meurtre de Victorine Dartois précédé d'une tentative de viol ainsi que du viol d'une jeune femme en 2018.
Les délibérations auront duré 8 heures. Au terme de dix jours d'audience, Ludovic Bertin a été condamné vendredi 6 décembre à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 20 ans, par la cour d'assises de l'Isère pour le meurtre de Victorine Dartois précédé d'une tentative de viol en septembre 2020 et le viol d'une autre jeune femme, Vicky*, en septembre 2018.
La famille et les proches de Victorine Dartois, présents en nombre dans une salle d'audience comble, étaient tous vêtus de vêtements oranges, la couleur préférée de la jeune femme. Dans le box des accusés, Ludovic Bertin, 29 ans, est resté impassible à la lecture du verdict. L'avocate générale avait requis à son encontre, ce jeudi, la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 25 ans pour l'ensemble des faits qui lui sont reprochés.
Les jurés ont répondu par l'affirmative à trois des questions qui leur étaient posées, déclarant l'accusé coupable du meurtre de Victorine Dartois, de tentative de viol sur celle-ci et du viol de Vicky. La cour d'assises a également prononcé à l'encontre de Ludovic Bertin l'interdiction de détenir une arme pendant 15 ans et son inscription au fichier national des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes.
"Son âme souffrira"
"Cela représente beaucoup", a réagi Sylvie, la mère de Victorine Dartois, après l'annonce du verdict, saluant une peine "à la hauteur des faits, de cette cruauté, des viols". "J’aurais aimé que cet homme dise toute la vérité, c’est mon plus grand regret. C’est son âme qui souffrira. Celle de ma fille est là-haut, c’est sûr", a-t-elle ajouté, émue.
"Le plus beau rôle que j’ai pu avoir, c’est d’être la grande sœur de Victorine. Aujourd’hui, c’est elle qui a eu cette victoire. Ce n’est pas nous, mais c’est elle. Je ne la remercierai jamais assez", a également déclaré Romane, le soeur de la victime. "(Ludovic Bertin) continue à sourire, mais il restera enfermé. Je suis très contente. Je me dis qu’il aura le temps de réfléchir, peut-être. J’espère qu’il ne fera pas appel."
Lorsqu'il a livré sa version des faits sur le meurtre de Victorine Dartois, l'accusé a évoqué un "coup de folie" alors que la victime l'aurait "insulté" après une bousculade. La jeune femme, retrouvée morte 36 heures après sa disparition, a été étranglée et noyée dans un déversoir, pantalon retiré et déposé sous sa dépouille.
Ce 26 septembre 2020, Victorine Dartois avait passé l'après-midi au centre commercial avec des amis. Elle rentrait chez elle à pied après avoir raté son bus lorsqu'elle a été tuée par Ludovic Bertin non loin du stade de la Prairie, à Villefontaine.
Les crimes sexuels contestés
"Nous sommes désormais une famille dévastée par la douleur de ton absence au quotidien", confiait Sylvie, sa mère, s'adressant à la cour. "Merci d’avoir été là pour nous et avec nous. Chaque jour, je viens me recueillir au cimetière. Je te raconte ce qu’on vit à la maison sans ton rire, sans tes 'je t’aime mamounette'".
Dans son réquisitoire, l'avocate générale a estimé que "c’est parce qu’il a voulu et commencé à la violer que Ludovic Bertin tue Victorine Dartois." "Il commence à la violer en lui enlevant son pantalon, mais il n’y parvient pas parce que Victorine Dartois se débat", a développé Françoise Benezech. "Fou de rage et ne voulant pas qu’elle le dénonce, il l’achève en la noyant."
Ludovic Bertin a toujours contesté la tentative de viol, affirmant avoir retiré le jean de la jeune femme pour "faire disparaître les preuves". De la même manière, il a nié le viol de Vicky survenu deux ans plus tôt, parlant d'un rapport sexuel consenti. "J’ai peut-être été un peu brutal pendant le rapport, mais elle ne s’en est pas plainte. (...) Je lui ai tiré les cheveux et je l’ai insultée", expliquait-il.
Vicky, 19 ans à l'époque des faits, a pour sa part assuré que l'accusé l'avait "étranglée" pour la contraindre à accepter le rapport. "Si je ne cédais pas, j’allais y rester. Je n’arrivais plus à respirer", a-t-elle raconté, en larmes devant la cour.
"Dangerosité criminologique"
La victime, voulant d'abord "oublier" ces faits, n'a déposé plainte qu'après avoir découvert le visage de Ludovic Bertin "à la télé" au moment de son interpellation pour le meurtre de Victorine Dartois. "J’ai eu énormément de culpabilité. Peut-être que si j’avais parlé à l’époque, ça ne serait pas arrivé", a-t-elle supposé.
L'accusé, alors marié et père d'un petit garçon, a été arrêté le 13 octobre 2020 après que son meilleur ami, auprès duquel il s'était confié, l'a dénoncé aux gendarmes. "J'ai toujours eu un pied dans le bien et un pied dans le mal", dira Ludovic Bertin, ex-chef d'entreprise et dépendant à la cocaïne, enchaînant les soirées et les infidélités.
Les experts psychiatres ont estimé que l'accusé présentait une "dangerosité criminologique" en raison notamment d'un "trouble de la personnalité antisociale" pouvant découler de "carences relationnelles" remontant à l'enfance. Le psychologue qui l'a rencontré a pour sa part relevé de "graves troubles de la personnalité de nature sociopathique", des "traits de personnalité psychopathiques" liés à son fonctionnement "dominant et tout-puissant", ainsi qu'une "impulsivité majeure".
À l'issue du verdict, Ludovic Bertin dispose d'un délai de dix jours pour faire appel. Son avocat, Me Arnaud Adélise, avait demandé aux jurés de ne pas "basculer dans le domaine de l’irraisonnable, dans le domaine de l’émotion". Le défenseur a réagi à l'issue de l'audience, indiquant qu'il souhaitait "prendre connaissance des motivations de la cour" avant de se prononcer sur un éventuel recours en appel.
* Prénom d'emprunt.