Malgré la fermeture des remontées mécaniques, plusieurs stations ont été prises d’assaut ce week-end en Isère. Le maire de Lans-en-Vercors dénonce l’incohérence du gouvernement qui laisserait les amateurs de ski de randonnée "s’agglutiner" et prendre des risques sur les pistes.
"Aujourd’hui, dimanche 13 décembre, nos parkings sont saturés plus qu’un week-end de février". Michael Kraemer, maire de Lans-en-Vercors, a du mal à cacher son écœurement.
Pour limiter la propagation du virus, le gouvernement a décidé d’interdire les remontées mécaniques pendant les fêtes de fin d’année. En revanche, la pratique du ski de fond, des raquettes et du ski de randonnée est toujours autorisée en montagne.
Entre "4000 et 5000 personnes" ce dimanche
Ce dimanche 13 novembre, les Isérois habitants à moins de 20 kilomètres de Lans-en-Vercors ne se sont donc pas fait prier pour profiter de la poudreuse.
Dans une vidéo publiée sur Facebook par Michael Kraemer, on remarque en effet des dizaines de voitures garées au bord de la route à cause de parkings saturés. "Vu l’état des parkings, je pense qu’on a eu entre 4000 et 5000 personnes hier, explique-t-il. Et les vacances n’ont même pas commencé ! C’est mon deuxième mandat et je n’avais jamais vu autant de monde sur les parkings. Les gens devaient se garer sur la route départementale".
Contacté par téléphone ce lundi matin, le maire semble toujours énervé après avoir passé un dimanche particulièrement éprouvant. "Il y avait du monde partout, des gens pas canalisés avec zéro respect des gestes barrières, zéro masque et des groupes de plusieurs familles. Tout ce qu’on veut éviter quoi ! s’agace-t-il. Moi j’ai passé une journée infernale entre les gens qui ignorent les conseils et qui continuent quand on a le dos tourné et ceux qui nous insultent à cause de l’interdiction de la montagne!"
Face à ce constat, le premier édile a publié un coup de gueule sur les réseaux sociaux pour mettre le gouvernement "face à ses contradictions" : "Au-delà, du chiffre d’affaire perdu, qui n’est au final qu’un épiphénomène au regard de tout le reste, c’est le manque d’anticipation, de volonté de compréhension de nos métiers de nos stations, et le sentiment d’abandon qui prédomine", écrit-il.
Ça a dégénéré en bagarre
Selon lui, la décision de fermer les remontées mécaniques pour éviter les accidents et les prises en charge hospitalières ne tient pas la route. Ce week-end, il aurait constaté de nombreux comportements dangereux de la part des skieurs : "J’ai vu des gens en baskets ou encore des papas qui remontaient les pentes avec les skis de toute la famille sur le dos ! Certains sont allés faire de la luge sur les pistes de slalom, qui étaient ouvertes uniquement pour les mineurs licenciés du club. Ça a suscité une incompréhension, les gens ne comprenaient pas pourquoi certains jeunes avaient le droit de skier. Ça a dégénéré en bagarre entre un papa qui voulait faire de la luge au milieu du slalom et les compétiteurs".
Les gens sont là, agglutinés les uns sur les autres
Ce week-end, d’autres stations ont été prises d’assaut, comme celle de Chamrousse en Isère. Le maire de Lans-en-Vercors regrette que les élus et professionnels du milieu n’aient pas été plus écoutés par l’exécutif : "L’ensemble des acteurs de la montagne avait mis en place un protocole pour éviter la propagation du virus et permettre un encadrement de la pratique de la montagne, écrit-il sur Facebook. Vous avez voulu faire sans nous. Aujourd’hui, force est de constater que les gens sont là, en groupe de 5, 10, 15…voire plus sans masque, sans gestes barrières, agglutinés les uns sur les autres".
De nombreuses personnes sont présentes sur le domaine de ski de fond à Chamrousse 1600 pour profiter du soleil et de la neige fraîche. pic.twitter.com/8IQubvOGfz
— Chamrousse (@Chamrousse1700) December 13, 2020
Malgré la confirmation de la fermeture des remontées mécaniques par le Conseil d’Etat, l’édile demande au gouvernement de "rectifier le tir" à l’approche des vacances de Noël : "On avait mis en place des protocoles qui nous auraient permis de canaliser les gens mais l’Etat n’en a pas voulu. Résultat : il a encouragé les gens à aller en montagne en prenant des risques. C’est désolant. On a eu de la chance de ne pas avoir d’accident grave. Mais on voit que les gens ont envie de skier, c’est indéniable, et ils feront tout pour y arriver".
Particulièrement inquiet pour le premier week-end des vacances scolaires, le maire espère que la prévention suffira à canaliser les skieurs les plus inconscients. Il va toutefois devoir faire preuve de patience car pour le moment, l’exécutif n’envisagerait de rouvrir les remontées mécaniques qu’à partir du 7 janvier. Si les conditions sanitaires le permettent.