A Bourgoin-Jallieu, un local de stockage du Secours populaire a été la cible d'un vol par effraction, constaté par les bénévoles ce lundi. Déjà victime de deux cambriolages en Isère, en mars et en décembre, l'association envisage désormais d'investir pour sécuriser ses bâtiments et déplore des pertes à long terme.
"Un champ de ruines." C’est ce qu’ont découvert, ce lundi 6 mai, les membres du Secours populaire en pénétrant dans leur entrepôt à Bourgoin-Jallieu, en Isère. Le cadenas qui barrait la porte du local mis à disposition par la mairie, scié.
Les boîtes remplies de vêtements, éventrées. Environ 200 cartons, estime l’antenne Portes de l’Isère, préparés depuis des semaines pour une vente de levée de fonds. Du textile, de l'électroménager, des bibelots ont disparu ou ont été dégradés - "à peu près 50% du stock prévu".
"On a la double peine : s’être fatigués pour rien et perdre de l’argent pour aider les plus démunis", soupire Jean-Michel Monnet-Paquet, le secrétaire général de l'antenne. Ce mercredi, l’évaluation du préjudice était encore en cours et devrait s’élever à plusieurs milliers d’euros. En attendant, les bénévoles s’activent : "La stupeur passée, on s’est mis à l’ouvrage pour essayer de reconditionner tout ce qui était dispersé."
Bourgoin, Vif, Echirolles
Chantier toujours en cours. Affairée à empaqueter des peluches, Danièle Goutaudier soupire : "Vu le prix qu’on vend franchement, ça ne vaut pas le coup de voler !" Un "dégoût" que partage Nabil Chetouf, avec une pensée pour ces "mois de travail de bénévoles qui sont partis en fumée". "C'est scandaleux et inacceptable", martèle le secrétaire général de la fédération de l’Isère. Il assure que celle-ci complétera les stocks pour que le "bric à brac" de l’antenne berjalienne puisse avoir lieu comme prévu, le 18 mai prochain.
Même si on est vraiment déçus d’avoir fait tout se travail pour rien et d’avoir perdu de l’argent, on va se mobiliser, pour à court terme, essayer de satisfaire les besoins des personnes que l’on accueille. Eux, ils ont toujours besoin d’aide alimentaire, d’aide vestimentaire, d’accès aux droits, de cours de français, de cours d’informatique… Il faut qu’on continue.
Jean-Michel Monnet-Paquet, secrétaire général du comité des Portes de l'Isère du Secours populaire
Le coup est rude. Nabil Chetouf doute que les auteurs aient visé intentionnellement l'association. Mais depuis 28 ans qu'il a rejoint ses rangs, de mémoire, le "Secours populaire n’avait jamais connu" de cambriolage. Celui-ci est le troisième subi en l’espace de quelques mois, après le local de Vif en mars et celui d’Échirolles en décembre. Des véhicules endommagés, le fruit d’un an de collecte dérobé, les installations électriques touchées : à deux jours de Noël, l’affaire avait alors suscité l’émotion et un préjudice estimé aujourd'hui à "plus d’un million d’euros".
Préjudice de long terme
"Vous avez le matériel que vous perdez, toute la partie exploitation que vous n’avez pas, qu’il faut réussir à quantifier, et toute la partie solidarité que vous auriez pu apporter", appuie Nabil Chetouf. Car quatre mois après les faits, le local est toujours inutilisable et, encore récemment, "des dons n’ont pas pu être rentrés" faute de mètres carrés pour les entreposer.
Désormais, l’association qui avait jusque-là compté sur la "vigilance citoyenne" dit entamer une "réflexion de fond" sur la sécurisation de ses locaux. Elle envisage d’installer des systèmes de vidéo-surveillance et d’alarmes dans ses antennes et leurs annexes – environ 80 bâtiments à équiper dans tout le département. Et donc d’importants financements à trouver, notamment auprès des collectivités.
La situation est d’autant plus critique qu’avec l’inflation, les ramasses alimentaires sont à la peine. Les associations de solidarité ont vu leurs dépenses s’accroître en même temps que le nombre de bénéficiaires.
En Isère, 32.000 familles sont accompagnées par le Secours populaire. "Les gens qui ont cambriolé notre stock, dans un certain nombre d’années, ils [en] auront peut-être besoin", soupire Jean-Michel Monnet-Paquet. "C’est la vie qui leur apprendra", conclut-il, les mains plongées dans un carton de vêtements.