Créée en 1998, Terre de liens aide les agriculteurs à financer leur installation. L’association a déjà acquis sept fermes en Auvergne, un huitième projet est en cours. Elle a aussi permis à certains agriculteurs de maintenir leur exploitation menacée.
Installé à Gerzat, dans le Puy-de-Dôme, Jean-Sébastien Gascuel est ce qu’on peut appeler un néo-rural. Il est devenu paysan quand il a repris la ferme de son beau-père aux portes de Clermont-Ferrand en 1984.
Un choix qu'il ne regrette pas : « C’est un métier où on est libre dans l’organisation de ses journées, on travaille dehors, et on remet chaque année en question ce qu’on fait en question de ce qu’on fait, puisqu’on a des cultures annuelles. J’y suis vraiment attaché, c’est vraiment passionnant », explique-t-il.
Ferme bio
Jean-Sébastien Gascuel a fait le choix du bio. Il cultive des céréales sur 80 hectares et élève de la volaille. Il y a trois ans, la mort de sa belle-mère remet en cause son activité. S’il veut garder la ferme, il doit racheter les parts de ses beaux-frères et belles-sœurs. S'endetter et devenir propriétaire de la totalité de la ferme ? Pour cet agriculteur qui voit la retraite arriver doucement, c'est hors de question.C’est là qu’intervient l’association Terres de lien, qui se porte acquéreur de la ferme. Une souscription est lancée et 250 personnes deviennent actionnaires de l’exploitation. Parmi elles, Paul Jourdan, aide-soignant à Clermont-Ferrand. Ce qui motive son investissement : « On voulait participer à la préservation d’une ferme en bio et locale ici près de la ville, dans cette plaine qui est très mangée par tout ce qui est urbanisation, autoroute et compagnie. »
Actionnaires solidaires
Terre de liens est apparue en France en 1998, pour aider les jeunes agriculteurs porteurs de projet mais confrontés à un coût du foncier trop élevé.« Le mouvement a été amené à créer dans un premier temps une foncière qui achète des terres et qui les loue à des paysans en agriculture biologique, explique Corinne Dupasquier, présidente de Terre de liens Auvergne. Et dans un second temps, une fondation qui est reconnue d’utilité publique a été créée, et elle peut recevoir des terres en legs."
En sept ans, Terre de liens est devenue propriétaire de sept petites fermes, en Auvergne, toutes biologiques.
« On est dans l’idée d’une acquisition de ferme par an. Aller au-delà c’est un peu difficile parce qu’acquérir une ferme, c’est trouver un porteur de projet, trouver la ferme, trouver une adéquation entre les deux. Il y a tout un travail en amont. En général il nous faut environ un an et demi entre le premier contact et l’acquisition », précise Bruno Corbara, administrateur de Terre de liens Auvergne.
Nouveau projet
Dernier projet en date : un verger de six hectares à Saint-Amant-Tallende. Avec l'aide de la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) et des élus locaux, Terre de liens est en train d'acquérir des terres arboricoles pour les confier en gestion à une autre association : Ilots paysans. Thomas Frémont y est animateur : « L’idée c’est d’avoir un espace de test permanent, qui permettra à long terme de proposer à des candidats à l’installation notamment en arboriculture, de venir expérimenter leur futur métier, explique-t-il. Nous voulons maintenir une activité arboricole sur le sud clermontois en périphérie urbaine, qui peut faire vivre des actifs agricoles »Comme pour tous ses projets, Terre de liens lance une souscription : chacun peut prendre une action de ce verger au prix de 103,5 €.
« Sa valeur va se modifier dans le temps, précise Bruno Corbara. Si vous voulez récupérer votre action, dans cinq ans, dans dix ans vous récupérerez votre mise. L’idée n’est pas de faire des bénéfices mais de soutenir le projet de Terre de liens."
L'achat du verger va coûter 52 000 euros. Les deux tiers de la somme sont déjà réunis.