Depuis deux ans, Cécile Kohler est détenue en Iran dans la prison d’Evin. Elle avait été arrêtée alors qu’elle était en voyage touristique. Depuis Lyon, sa sœur Noémie se bat pour sa libération.
"Il y a écrit “liberté pour Cécile" devant, et son visage est imprimé derrière". Dans son appartement lyonnais, Noémie Kohler présente le tote bag que le comité de soutien "Liberté pour Cécile" a créé. Le visage de sa sœur sur des objets du quotidien pour ne pas l’oublier, avec l’espoir tenace de sa libération.
Mais le temps semble s’étirer. Depuis deux ans, Cécile Kohler est retenue en otage par l’Iran dans la prison d’Evin, à Téhéran. Cette enseignante agréée de lettres modernes, amoureuse de l'aventure, était en voyage touristique dans ce pays lorsqu’elle a été arrêtée le 7 mai 2022, avec son compagnon.
"Elle partage une cellule de 9 mètres carrés avec d’autres femmes. Elle dort sur des couvertures à même le sol. Elle n’a eu que 3 visites consulaires sous haute surveillance. À part les rares appels qu’elle a avec nous, elle n’a aucun lien avec le monde extérieur. Elle est très affaiblie" soupire sa sœur Noémie, qui peine à contenir l’émotion dans sa voix. À Lyon, elle garde précieusement des livres et des archives dans l’attente du retour de Cécile, très incertain pour l’instant.
"On doit apprendre à lire entre les lignes"
Accusée d’espionnage par la République islamique, Cécile avait fait des aveux devant la télévision iranienne. Des aveux contraints selon sa famille, comme cela est souvent le cas. "C’est un cas de prise d’otage. Il s’agit d’intérêts qui dépassent totalement Cécile, qui nous dépassent complètement" explique Noémie Kohler.
Le cas de Cécile n’est pas un cas isolé. C’est ce que l’on appelle "la diplomatie des otages" pratiquée par l’Iran, qui espère ainsi obtenir des contreparties d’Etats en échange de la libération de leurs ressortissants. Une trentaine d’Occidentaux seraient actuellement détenus par le régime, souvent dans des conditions particulièrement dures.
Cécile Kohler est, elle, dans la tristement célèbre section 209 de la prison d’Evin. Elle a passé quelques mois en isolement cellulaire total, et n’a le droit désormais qu’à trois promenades dans la cour de la prison par semaine. Lors des échanges téléphoniques avec sa famille, elle est sous haute surveillance. "On doit apprendre à lire entre les lignes pour savoir comment elle va" témoigne Noémie.
Quatre Français seraient détenus en Iran
Régulièrement, la famille de Cécile Kohler organise des rassemblements pour réclamer sa libération. Grâce à la poursuite de la médiatisation de son histoire, ses proches espèrent que la mobilisation ne faiblira pas. "C’est toujours aussi dur. Mais on doit rester fort, on doit s’accrocher. Elle a besoin de savoir que l’on va bien, que l’on tient le coup. Elle aura besoin qu’on soit solide quand elle reviendra" affirme la porte-parole du comité de soutien.
De son côté, le quai d’Orsay a de nouveau dénoncé le chantage permanent des autorités iraniennes. Les familles, elles, s’apprêtent à saisir l’ONU, dans l’espoir de retrouver leurs proches. "L’appel qu’on attend vraiment c’est celui du quai d’Orsay qui nous dira que Cécile est dans l’avion et qu’elle a quitté l’espace aérien iranien, elle est en sécurité. Là, seulement quand on l’aura prise dans nos bras, on sera en paix" soupire Noémie Kohler.
Officiellement, quatre Français sont toujours emprisonnés en Iran. Dans les faits, ils pourraient être plus nombreux, car leurs noms ne sont pas toujours rendus publics.