Plus d'un mois après la rentrée scolaire du premier degré, de nombreux contractuels du Rhône n'ont pas encore été avertis sur leur sort cette année. Ils ne savent pas s'ils seront employés ou non par l'Académie qui botte en touche.
"Voilà un mois que je n'ai aucune information sur mon avenir : est-ce que l'on va m'appeler ? Est-ce que je dois chercher un autre emploi ?", s'interroge Chloé* (le prénom a été modifié), professeure contractuelle depuis deux ans en école élémentaire et en maternelle.
"On est des pions"
Après l'obtention d'un master "métiers de l’enseignement et de la formation" mais un échec aux concours de professeur des écoles, Chloé a réussi à travailler comme institutrice contractuelle à Lyon.
Aujourd'hui, elle désespère face à l'absence totale de réponse de la part du rectorat. "On nous rétorque que les besoins seront pour plus tard, mais on ne nous donne aucun délai", poursuit l'enseignante. Une commission des emplois, qui permet d'évaluer les besoins en enseignants du 1ᵉʳ degré dans l'académie, devrait se réunir le 30 septembre. Mais aucune promesse de contrat n'a été donnée aux professeurs.
L'année dernière, Chloé avait vécu une rentrée dans la précipitation : "j'avais été appelée le 31 août à 17h00 pour débuter le lendemain à 8h00". Les six premiers mois, elle multiplie les remplacements courts avant d'obtenir un contrat le reste de l'année scolaire dans le 2e arrondissement de Lyon. Les contractuels sont essentiels pour remplacer les titulaires, que cela soit à la journée, à la semaine ou sur une année. "J'ai l'impression d'être un pion que l'on place et déplace selon les besoins : j'ai les mêmes devoirs et exigences d'un fonctionnaire, mais je n'ai ni la sécurité ni la paie".
Précarisation administrative
Non seulement les contractuels n'ont aucune vision sur les prochaines semaines, mais en plus, une majorité d'entre eux n'a pas obtenu d'attestation employeur leur permettant de débloquer leurs droits auprès de Pôle emploi. Résultat, ils ne touchent pas de salaire. "Je n'ai pas de revenus depuis la fin de mon contrat le 31 août, donc je vis sur mes économies et grâce au soutien de mon conjoint", explique la jeune femme.
Le salaire d'un contractuel dépend de son niveau d'étude. Chloé touche environ 1 500 euros nets mensuels. Elle partage un appartement avec son conjoint et paie le loyer à hauteur de 545 euros, sans compter les factures, alors ce manque à gagner reste problématique pour la jeune femme. Toutefois, elle souligne sa chance comparée à d'autres collègues dont le contrat s'est achevé début juillet et qui, eux non plus, n'ont rien touché depuis près de trois mois.
Les élèves d'abord
En attendant d'être, peut-être, appelée à effectuer des remplacements, Chloé s’est mise au travail. Elle se consacre déjà aux révisions pour repasser le concours de professeurs des écoles en avril prochain.
"Je me résigne parce que c'est une vocation, une grande partie de ma vie, mais mes proches ne comprennent pas mon entêtement alors que je ne suis pas reconnue dans mon métier et qu'ils me voient quotidiennement stressée et affectée par cette situation", admet la jeune professeure.
Chloé pense avant tout à ses élèves, prête à remplacer au pied levé si on l'appelle. "Selon le temps que l'on a avec une classe, il faut assumer toutes les questions des élèves, rassurer les parents, créer du lien avec les enfants et très rapidement savoir leur apporter une structure".
À l'appel des syndicats FO et SUD-Éducation, près d'une trentaine d'enseignants contractuels du premier degré du Rhône se sont rassemblés devant le rectorat à Lyon ce 27 septembre. Une autre réunion devrait être organisée début octobre.