Marie-Jeanne Gourlet a été victime d'une erreur au bloc opératoire à l'hôpital nord-ouest de Villefranche-sur-Saône. Opérée du mauvais genou en avril 2022, elle s'est décidée à porter plainte.
La marche n'est pas assurée. Elle doit se tenir pour sortir sur son balcon et arroser ses plantes. Elle adorait les grandes promenades, c'est fini. La douleur la lance toujours. Elle continue les séances chez un kinésithérapeute. Sa vie se vit désormais au ralenti.
Pas le droit, le gauche !
En avril 2022, elle subit une intervention pour la pose d'une prothèse au genou gauche. Au réveil, dans le couloir, elle passe sa main sous le drap et demande à l'infirmier : "pourquoi j'ai mal là ?". Surpris, il lui répond : "vous êtes rentrée pour une pose de prothèse !" Et là, elle comprend : "oui, mais pas le droit, le gauche !".
La septuagénaire n'est pas procédurière. Mais son entourage l'incite à révéler cette histoire et à aller plus loin, en portant plainte.
J'étais furieux, parce qu'il se trompe de genou, il aurait coupé la jambe, c'était pareil !
Joël Gourlet, son mari
Pourtant, dans le compte rendu opératoire, il est précisé qu’au moment de la check-list, "initialement cette éventuelle erreur avait été soulevée par l'équipe paramédicale". Un soignant explique même : "on a désinfecté le genou droit, mais ce n'est pas le bon". L'opération se déroule quand même, sur le mauvais genou.
"Une erreur humaine"
Dans un communiqué, l'hôpital "déplore l'erreur dont Madame Gourlet a été victime" et ajoute qu'une "procédure d'indemnisation a été immédiatement engagée auprès de l'assureur. Des expertises médicales se poursuivent". L'hôpital explique que cette "erreur humaine" a mené à un renforcement de la sécurité au bloc opératoire.
La check-list
Plus de 6,5 millions d'interventions chirurgicales se déroulent chaque année en France. Entre 60 000 et 95 000 "événements indésirables graves" surviendraient selon la Haute Autorité de Santé. La moitié pourrait être évitée si les procédures étaient respectées. Notamment le strict respect de la "check-list". Une liste de questions qui doivent être posées au patient et entre les différents acteurs de l'intervention au sein du bloc opératoire (chirurgien, anesthésiste, infirmiers…).
La galère continue
Malgré la fameuse check-list, la patiente est donc opérée du mauvais genou, mais l'erreur ne s'arrête pas là. Après des semaines de douleurs insupportables, Marie-Jeanne se voit prescrire par son médecin généraliste une scintigraphie du genou. L'examen révèle une suspicion de descellement de l'implant. En septembre 2023, nouvelle chirurgie pour changer la prothèse mal posée. Entre-temps, son autre genou a lui, aussi, été opéré. Un parcours long et éprouvant pour Marie-Jeanne.
Elle s'est décidée à porter plainte. Elle souhaiterait que le chirurgien soit sanctionné et espère des dommages et intérêts pour le préjudice subi.