Témoignages. "Quand je joue, j’oublie que j'ai Parkinson", le pari du tennis de table pour contrer la maladie

Publié le Écrit par Blandine Lavignon

Jouer au tennis de table pour contrer la maladie de Parkinson ? C’est le pari du club de tennis de table de Gerland, près de Lyon, qui a ouvert une section dédiée aux personnes atteintes de cette maladie neurodégénérative.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Allez maintenant on compte le nombre d’échanges" lance l'entraîneur Florian Berthet, à la vingtaine de joueurs présents ce lundi soir au sein du club de tennis de table de Gerland. Tous sont atteints de Parkinson. Cette maladie neurodégénérative se caractérise par la destruction de certains neurones du cerveau. Mais lorsqu’ils se saisissent de la petite balle blanche, une transformation s’opère et la maladie reste au vestiaire.

"Les effets sont réels. J’ai vu des personnes qui tombaient à cause du déséquilibre, puis, au fil des séances, gagnaient en équilibre. Parfois, on fait des exercices où l'on compte les points pour qu’ils fournissent aussi un effort au niveau cognitif. Mais l'essentiel est surtout de passer un bon moment" souligne Florian Berthet.

Tremblements du corps, muscles qui se raidissent, difficultés à parler… les manifestations physiques de Parkinson sont multiples. Le tennis de table, qui requiert agilité et concentration, permettrait aux malades de ralentir son évolution.

Dans le gymnase, le bruit des échanges de balles résonne sans discontinuer. Les mouvements sont soignés, malgré le manque de force dans les bras pour certains, ou des doigts qui se raidissent pour d’autres. "Certains jours, quand je me mets à jouer, je ne tremble plus du tout" raconte Nicolas Lebrun, 55 ans, qui s'entraîne ici depuis deux ans. Atteint d’une forme avancée de Parkinson, il est équipé d’un neurostimulateur, à savoir des électrodes qui stimulent des zones de son cerveau. "Heureusement que j'ai commencé à jouer à cause de Parkinson, parce que mon nom était fait pour le tennis de table" plaisante-t-il, en référence aux frères Lebrun.

"Quand je quitte la séance, je vole presque !"

Le tennis de table stimule le système cognitif, et notamment la zone de l'hippocampe. Mais il permet aussi de maintenir les muscles en mouvement afin d’éviter leur raidissement. "Ce sont des mouvements que l’on n'a pas l’habitude de faire au quotidien, et qui nous pousse dans nos retranchements. C'est important pour retarder la perte d'autonomie" détaille Dominique, 64 ans, essayant de rattraper la balle qui vient de lui glisser aux pieds.

À la table d’à côté, Myriam se concentre sur son échange, l’air sérieux derrière des grosses lunettes rondes. "Le ping-pong a été une révélation. Je n’en avais jamais fait avant. Je trouve ça tellement ludique, on n'arrête pas de rigoler, il y a une super ambiance. Quand je commence à jouer, j’oublie tout. D'habitude, j’ai vraiment du mal à décoller les pieds, mais là, quand je quitte la séance, je vole presque !" se réjouit la sexagénaire, qui porte un t-shirt "Je bouge avec Parkinson".

"On essaye de se moquer de la maladie"

Parmi les membres de la section, peu connaissaient le ping-pong avant d’être diagnostiqués Parkinson. Ils ont découvert ce sport via le bouche-à-oreille, ou via des associations.

Ça me fait sortir du quotidien. On est une petite famille, on ne se serait pas forcément choisi, mais comme on est dans le même bain, cela crée des liens forts.

Sandrine, 55 ans,

diagnostiquée depuis 10 ans

Jouer est aussi un moyen de ne pas laisser la maladie prendre le dessus. "Lors des séances, il y a beaucoup d’humour, on essaye de se moquer de Parkinson" témoigne Thierry Augrandjean, bénévole au sein de l’association France Parkinson, signataire d'une convention avec la Fédération de tennis de table pour développer la pratique adaptée de ce sport. "Le tennis de table est recommandé pour notre maladie, cela permet de faire intervenir des réflexes, de la mobilité, de la concentration et aussi surtout créer du lien social, et ne pas rester seuls" précise-t-il.

À la fin du mois d'octobre, plusieurs membres de la section Parkinson de Gerland partiront disputer les championnats du monde de tennis de table Parkinson, à Metz.

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information