Après la chute de Bachar al-Assad en Syrie, qui marque la fin de plus de 50 ans d’une dictature sanguinaire, les Syriens de Lyon partagent leur joie et leur espoir d'un futur démocratique.
C’est un moment historique, dont beaucoup de Syriens exilés n’osaient même plus caresser l’espoir. Celui de la chute du dictateur Bachar al-Assad, le 8 décembre dernier. La fin de plus de 50 ans d’une des dictatures les plus sanguinaires au monde dans une Syrie exsangue après 13 ans de guerre civile. À Lyon, les réfugiés syriens partagent leur joie et leur espoir d'un futur démocratique.
"Je suis très ému, je n’arrive toujours pas à l’exprimer. C’est comme si les ténèbres étaient toujours là, j’aurai besoin de temps pour sortir vraiment de ce cauchemar qui durait depuis 55 ans" exprime Khaled Aljeramani, musicien et opposant au régime de Bachar al-Assad. ll est réfugié en France depuis 2011 et habite aujourd'hui à Lyon. "Les images de prisonniers qui sortent des prisons du régime m’ont libéré de mes cauchemars". Ancien détenu dans les geôles syriennes, ses nuits sont hantées par des cauchemars d’enfermement depuis 30 ans. "La prison est en nous, même une fois hors de ses murs" témoigne le professeur de musique. Les prisons syriennes, qualifiées pour certaines "d'abattoir humain" par Amnesty International sont le symbole de la répression du régime, qui a fait plus de 500 000 morts et 100 000 disparus depuis 2011.
Khaled regrette que certains observateurs agitent les craintes d'un régime sous le joug islamique."J'ai de l’espoir pour l’avenir du pays. La Syrie est un pays coloré, qui n’acceptera pas un groupe radical à sa tête. Nous avons une vingtaine de confessions, de nombreuses ethnies, on a toujours vécu comme cela. Un jour, moi aussi je retournerai dans ce pays, c’est une certitude" affirme Khaled.
"Pour la première fois, notre pays est libre"
Pour Ruba Khatib, 38 ans, "c’est vraiment la libération de la Syrie. La concrétisation de la révolution pour laquelle tant de Syriens et d’activistes se sont battus". Originaire de Damas, Ruba a fui la Syrie en 2012, et est arrivée en France en 2016 avec le statut de réfugié politique. Elle a fondé avec son mari le restaurant la Petite Syrienne, à Francheville. "C’était un rêve qu’on n’osait même plus espérer, après 50 ans de dictature. Pour la première fois, notre pays est libre, on va avoir les mêmes libertés, les mêmes droits. J’ai hâte de voir pour la première fois des gens voter".
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Cela fait 15 ans que je n’ai pas pu voir mes parents, je vais enfin pouvoir les retrouver. Mes enfants ont grandi en France, ils n’ont jamais vu leur famille syrienne donc je me réjouis aussi que cela soit possible
Ruba Khatib, réfugiée politique syrienne à Lyon
Depuis le 8 décembre, elle enchaîne les appels avec ses proches restés en Syrie. Avec son mari Mhiar, elle espère participer à la reconstruction de la Syrie post-Assad avec les ressources et le réseau dont elle dispose. En attendant, la restauratrice regarde en boucle les vidéos des libérations des villes emblématiques du pays comme Alep ou Damas : "j’aimerais être sur place pour voir la joie et l'union du peuple de mes propres yeux. C'est ce qui m'a le plus manqué de cet exil, avec ma famille".