Quatre mois après les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, le quarantième anniversaire de la "Marche pour l'égalité et contre le racisme", revêt une résonance particulière. Rétrospective d'une marche née aux Minguettes, à Vénissieux dans la banlieue de Lyon.
Durant l'été 1983, le quartier des Minguettes à Vénissieux, au sud de Lyon est secoué par les affrontements entre les jeunes et la police. Toumi Djaïdja, alors président de l'association SOS Avenir Minguettes, se fait tirer dessus par un policier.
Une marche née aux Minguettes
Émeutes urbaines, violences policières, discrimination, le cocktail est explosif, alors que plusieurs crimes racistes défrayent la chronique. Le père Christian Delorme et le pasteur Jean Costil, lancent alors l'idée d'une longue marche, inspirée des moyens d'action de Martin Luther King et Gandhi.
Le 15 octobre 1983, cette marche part de La Cayolle à Marseille, qui vient d'être le théâtre d'un meurtre raciste d'une enfant de 13 ans. Dix-sept personnes, dont neuf issues des Minguettes démarrent le cortège, avec comme message sur leur banderole “Marche pour l’égalité".
De Marseille à Paris
Très médiatisé, le cortège qui s’étoffe au fur et à mesure de la progression, contera 1 000 personnes à Lyon et se terminera à Paris le 3 décembre 1983, avec 100 0000 participants. La marche deviendra la “Marche pour l’égalité et contre le racisme", surnommée "La Marche des Beurs".
Si l'élan de 1983 n'a pas débouché sur un mouvement structuré, le nom de cette marche reste gravé dans l'imaginaire collectif et raisonne avec une actualité toujours secouée par les questions de racismes, de violences urbaines et policières.
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En juillet dernier, une marche pour la justice était organisée à Vénissieux, à la suite de la mort de Nahel à Nanterre. Rezdui Arbi, un des marcheurs de 1983 est présent dans le cortège.
Quarante ans après, sur le plateau de Vénissieux, les Minguettes connaissent de nombreux bouleversements, avec des démolitions de barres et de tours. Mais, elles restent un quartier prioritaire, de la banlieue lyonnaise, avec un taux de pauvreté de 50%, selon les chiffres du gouvernement.