11 septembre : Pourquoi nous souvenons-nous tous de cette journée ? C'est un "traumatisme collectif" selon ce psychiatre

Les 20 ans des attentats du 11 septembre 2001, l’ouverture du procès des attentats de Paris et du Bataclan… Ces actualités nous rappellent nos traumatismes et nous confrontent à nos angoisses pour le docteur Jonathan Ahovi, psychiatre au centre hospitalier de Dole (Jura). 

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“J’étais au travail”, “j’étais devant ma télé”, “à la sortie du lycée, on vient me chercher, et dans la voiture, j’entends les infos en flash spécial”.... Ces récits, nous les avons tous entendus. Le 11 septembre, raconté des dizaines, des centaines de fois, par nos proches, notre familles, nos collègues, et même parfois, des inconnus, croisés, lorsque, à l’approche de la date anniversaire, une radio, un reportage ou un passant évoque l’événement. Un phénomène qui s’est reproduit, quelques années plus tard, lorsque les attentats du Bataclan et de Paris ont, le 13 novembre 2015, marqué les Français. 

Pour le docteur Jonathan Ahovi, psychiatre au centre hospitalier de Dole dans le Jura, ces témoignages révèlent le traumatisme collectif qu'ont traversé tous ceux qui se souviennent de ce jour-là. “Il y a un arrêt sur image”, explique-t-il, “nos souvenirs, comme la vie, défilent sur un fil. Et puis, tout à coup, c’est comme si le disque était rayé. C’est le signe que c’est traumatique”

La dynamique habituellement fluide de l’histoire, bégaye à cet endroit-là, le défilé normal des événements trébuche sur le même moment. C’est une indication que c’est traumatique

Jonathan Ahovi, psychiatre au centre hospitalier de Dole dans le Jura

Comme si la Tour Eiffel disparaissait 

En d’autres termes, pour le praticien, cet instant de l’histoire nous ramène à notre propre mort. “Le psycho-traumatisme, c’est ce qui nous confronte à notre mort", expose-t-il. Nous savons que nous allons tous mourir, mais nous nous le cachons, et c’est bien parce que nous vivons. Et là, tout à coup, soudainement, un événement vient nous confronter à notre finitude”. 

En effet, pour le médecin, si les attentats du 11 septembre ont autant marqué les Français, c’est parce qu’il réunit plusieurs facteurs : la rapidité, l’intensité, la violence, et la portée du symbole. “C’était une image de l’Amérique éternelle qui a été détruite” élabore le docteur Ahovi, qui compare la place des deux tours du World Trade Center à New York, à celle de la Tour Eiffel à Paris. “Si quelque chose comme ça arrive dans un petit pays comme le Togo, ça ne nous touche pas, continue-t-il, mais quand ça arrive dans un pays bien plus fort que nous, on pense que notre sécurité est mise à mal”. Pas seulement parce que les Etats-Unis sont un allié militaire de la France, d’un point de vue diplomatique, mais d’un point de vue bien plus intime. “Ce sont des choses qu’on considère comme sûres et stables, fixes”, détaille-t-il. Des repères qui prennent une place importante dans l’imaginaire intime des individus. “Si elles peuvent tomber, alors, tout peut tomber”

Des anniversaires qui nous renvoient à ces images… et nous permettent de les appréhender

Alors, chaque année, les attentats du Wolrd Trade Center du 11 septembre 2001, que l’on abrège souvent par “le 11 septembre”, se rappellent à nous. “La soudaineté et la violence, l’intensité d’un événement qui a été une catastrophe, on pense que ça a disparu dans l’inconscient…”, raconte le docteur Ahovi, “et tac ! Ça revient, et ça nous rappelle notre finitude, notre précarité.”

Le médecin confie avoir régulièrement connaissance de personnes qui se trouvent plongées “dans un état de désordre” lorsque l’événement est évoqué, ou ses images diffusées, de nouveau. “Par exemple, on se lève pour prendre un truc dans son frigo, et subitement on ne sait plus”. Un phénomène similaire à celui que peut provoquer le rappel des attentats de Paris le 13 novembre 2015. 

Pour le psychiatre, pour sortir de cet écho à la peur, ou à la sidération, que l’on a pu ressentir, une solution simple existe : “si l’on est avec d’autres personnes, c’est bien de se parler”. “C’est mieux d’être ensemble, avec des gens qui peuvent être dans d’autres états, donner d’autres explications”, développe-t-il. Relater son expérience de l’événement, ses souvenirs et ses ressentis. “Ce qui était un arrêt sur image peut alors redevenir un film, plus dynamique”. L’envie de partager ce que l’on faisait, ce jour, ou ce soir-là, et les dizaines de récits entendus, prennent tout leur sens. 

Pour le soignant, si, dans le cas de ceux qui n’étaient pas proche d’une victime, ou de la famille d’une victime, ces rappels des attentats nous ébranlent de manière transitoire, il faut en tirer une question : “et si ça se reproduit, serons-nous capable de nous occuper des plus faibles, des enfants” ?. “Comment traduire ces choses-là, qui sidèrent et débordent les capacités d’élaboration des adultes ? Comment les traduire sans porter les angoisses” ? “Il faut trouver une manière de dire les choses” conclut le docteur. 

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