Deux lycéens de Besançon, accusés de tricherie, obtiennent la validation de leur bac au tribunal administratif. Ils avaient obtenu un 20/20 au rattrapage. .
Le presse-agrume en question était au cœur de l’examen de rattrapage du bac général STI de 2 lycéens de Besançon cette année. Mais pour avoir rendu copie parfaite, 5 pages de formules immaculées, les aspirants bacheliers éveillent la suspicion de leur examinateur et de leurs professeurs, davantage habitués à les voir plafonner à 10/20. Bizarrement, personne ne croit au déclic salvateur, à l’éveil, même tardif, de leur talent. Leur bac est donc annulé par la commission ad hoc le 10 septembre et inscription d’un blâme est faite sur leur livret scolaire. Le rectorat va même plus loin qui évoque un faisceau d’indices permettant de dire qu’il y a eu tricherie ; en clair, les candidats auraient eu connaissance du sujet avant de passer l’épreuve… Un cas d’école soumis ce matin en référé au tribunal administratif de Besançon.
Dans la salle, l’un des lycéens, accompagné d’un ami, 2 avocats pour la défense et 3 représentants du rectorat aussi intimidés qu’un jour d’oral. Le dossier est épluché, quartier par quartier, et les répliques plutôt acides.
« La discipline est cumulative, argue un représentant du Rectorat. C’est comme en langue : quelqu’un se mettrait à parler parfaitement une langue étrangère dont jusque là il connaissait à peine la grammaire ! Dans leur cas, cela reviendrait à rattraper en 2 jours 2 ans de programme ! » Surprenant, en effet… mais pas impossible pour la défense. « Le bac est un examen, pas un contrôle continu, son résultat est aléatoire, et la chance, ça existe ! » s’insurge Me Schwerdorffer qui évoque un bachotage pour le moins efficace…
Et lorsque le rectorat invoque l’impossibilité quasi mathématique que des candidats habituellement si médiocres ont de réussir l’épreuve, la défense raille l’émergence d’un nouveau et dangereux type de preuve, la preuve « statistique ».
Et Me Schwerdorffer de poursuivre, logique jusqu’au bout : un candidat abonné au 20/20 toute l’année qui ne décrocherait qu’un pitoyable 5/20 au bac pourrait-il exiger l’annulation de sa note au prétexte que « statistiquement » il aurait dû réussir l’épreuve ? L’argument fait mouche, même si, curieusement, l’échec accidentel paraît moins suspect que le miracle d’une soudaine réussite…
Le président quant à lui s’étonne que l’examinateur, chargé d’interroger oralement les candidats au sortir de cette épreuve digne des annales, n’ait pas cherché à creuseur plus profond un champ de connaissances aussi fertile et maintenu le 20/20 si douteux fut-il…
Après une heure de débats et plusieurs autres de réflexion, le tribunal administratif de Besançon a fini par rendre sa copie. La sanction, qui représentait « un préjudice grave et immédiat de nature à obérer (l’) avenir » des jeunes hommes est levée, le bac validé, le blâme annulé. Ils peuvent ainsi poursuivre leur cursus, sans pépin, du moins pour le moment. Le tribunal va en effet devoir maintenant statuer sur le fond. Fraude y a-t-il eu ? L’instruction du dossier pourrait prendre une bonne année. Les candidats resteront dans leur jus… tout ça pour un presse-agrume !