Roland Heguy, le président de l'Umih, première organisation patronale du secteur, Michel Jeanpierre, CFTC et Jean Terglav, de Force ouvrière, tous d'accord pour qualifier le relèvement de la TVA de "mesure antisociale".
Front commun patrons syndicats
Restaurateurs et syndicats font front commun sur la TVA au nom de l'emploi, et en appellent au président François Hollande contre le rapport parlementaire de Thomas Thévenoud, qui propose un relèvement du taux réduit.
Lors d'une conférence de presse commune tenue avec quatre syndicats de salariés (FO, CFDT, CFTC et CFE-CGC), Roland Heguy (Umith) a estimé que "relever le taux de TVA serait une mesure anti-sociale" dont François Hollande "porterait la responsabilité", un point de TVA (en plus) égale 10.000 emplois", et 100.000 emplois seraient supprimés en cas de remontée à 19,6% de la TVA, aujourd'hui à 7%".
Le rapport du député de la majorité Thomas Thévenoud, remis mardi après-midi à la commission des finances de l'Assemblée nationale, et qui
préconise de remonter la TVA "est complètement (...) fantaisiste et faux", a-t-il .ajouté.
Côté salariés, "augmenter le taux de TVA, c'est nous qui allons (le) payer les premiers", a déclaré Michel Jeanpierre, de la CFTC, affirmant que les syndicats étaient "solidaires de organisations patronales". Le projet de hausse de la TVA "est fait contre des salariés qui ont voté pour
ce gouvernement", a dit Dejan Terglav, de Force ouvrière (FO). "Cela va forcément entraîner la rupture du dialogue social".
La CGT, absente de la conférence de presse, a jugé qu'une hausse de la TVA constituerait "une triple peine pour les salariés", dans un communiqué.
Elle "pourrait entraîner la perte de l'équivalent de près d'un mois de salaire pour des milliers de salariés", déjà pénalisés par la fin de l'exonération de heures supplémentaires et les hausses d'impôt, selon la centrale.
Thomas Thévenoud persiste
Face au front des patrons et des syndicats, le député Thévenoud persiste. "Ce n'est pas la pression des lobbies, des corporatismes et des grands
groupes industriels ou de la restauration qui me fera reculer", a-t-il déclaré à l'AFP, dénonçant un "chantage à l'emploi, aux salaires, à la fiscalité".
"Il y a un double discours" des restaurateurs, qui se disent "être au bord du gouffre", et d'autre part se plaignent de ne pas trouver de candidats pour 50.000 emplois non pourvus, affirme-t-il
.
Quant aux syndicats, qui s'inquiètent d'une remise en cause de la prime TVA accordée en 2009, M. Thévenoud juge que les avancées sociales consenties par le patronat depuis cette date "ont été relativement faibles".
A hauteur de 2% du salaire brut annuel, la prime TVA "ce n'est même pas un 13e mois", souligne-t-il.
Dans son rapport, M. Thévenoud propose deux pistes. Soit la TVA est rétablie à 19,6%, ce qui rapporterait 3,08 milliards d'euros dès
2013. En contrepartie, les petits établissements de moins de 20 salariés seraient aidés pour "soutenir l'attractivité touristique de la France" et "l'emploi dans nos territoires ruraux".
Soit le taux est remonté, sans atteindre les 19,6%. Avec un casse-tête à la clé, le droit européen imposant de remonter aussi d'autres secteurs à 7% (rénovation de l'habitat, hôtellerie, spectables, transports....) soit de les descendre à 5,5%.
Une augmentation d'un point de la TVA dans la restauration rapporterait 300 millions d'euros à l'Etat. Si l'ensemble des secteurs à 7% remonte, une augmentation d'un point rapporterait jusqu'à 1,1 milliard d'euros, a calculé M. Thevenoud.
Une concertation sur le sujet est en cours à Bercy, qui doit se terminer mi-novembre.