Un homme handicapé, ayant échappé à la justice pendant 15 ans, comparaîssait depuis lundi 3 décembre 2012 devant les assises de Côte-d'Or pour avoir assassiné son épouse et tenté d'assassiner leur fils.
Cette fois, l'homme est bien présent dans le box des accusés. En septembre dernier, lors du premier procès, Nicolas Jacobin ne s’était pas présenté à l’audience. Il devait comparaître libre devant la cour d’assises. Au vu de son état de santé, la justice avait considéré qu'une liberté sous contrôle judiciaire était suffisante. Mais l'accusé est resté introuvable. Le quinquagénaire avait été interpellé deux jours plus tard dans un hôtel de la région parisienne et placé en détention provisoire.
Deux mois après, Nicolas Jacobin est donc jugé par la cour d'assises de Côte d'Or.Ce procès intervient 15 ans après les faits. L'homme, de 56 ans, en fauteuil roulant, est accusé d'assassinat sur sa femme et de tentative d'assassinat sur son fils de 3 ans.
Mardi 4 décembre 2012
Les jurés ont été moins sévères que le ministère public qui avait requis 20 ans de prison à l'encontre de Nicolas Jacobin. Ce dernier a maintenu qu'il n'avait pas tué sa femme, mais qu'il s'agissait d'un accident. Pourtant, les démonstrations des experts contredisent sa version des faits. L'accusé a aussi nié avoir tenté d'assassiner son fils. Au cours de l'audience, il lui a demandé pardon, mais pour la partie civile, ces excuses du père envers son fils sont peu crédibles.Reportage de Pauline Ringenbach et Jean-Louis Saintain avec :
-Brigitte Ruelle-Weber, avocate de la partie civile
-Virginie Nunes, avocate de la défense
Lundi 3 décembre 2012
Pour la première fois, on a pu entendre la version de l'accusé. Condamné par contumace en 2002 à 30 ans de réclusion criminelle, il n'avait encore jamais été auditionné. "Est-ce qu'il va reconnaître sa culpabilité ?", s'interrogeait avant le procès Brigitte Ruelle Weber, l'avocate du fils de l'accusé. "On peut en douter", estimait-elle. Et, en effet, l'homme reconnaît avoir tué sa femme, mais pas par préméditation, dit-il. Il invoque une dispute qui aurait mal tourné. De même, il n'a jamais été en cavale, estime-t-il. Mais, comme personne ne l'a cherché, il ne s'est pas manifesté. Enfin, pour justifier son absence à l'audience du 24 septembre dernier, il déclare d'abord qu'il avait raté son train, avant d'expliquer finalement qu'il avait paniqué à l'idée d'être jugé et de revoir son fils qu'il n'avait pas vu depuis les faits.
Lors de l'audience de ce lundi, la meilleure amie de la victime a confirmé que le couple allait très mal. L'homme avait déjà tenté d'étrangler sa femme et l'avait séquestrée. Suite à ces événements, elle avait obtenu une place dans un foyer. Le soir du drame, elle avait emmené l'enfant voir son père pour qu'il garde un contact avec lui. Finalement, ils auraient diné ensemble, indique le prévenu. Au cours de la soirée, la victime aurait annoncé à l'accusé qu'elle le quittait définitivement. L'épouse se serait emparée d'une arme achetée par son mari une année auparavant, quand il était agent de sécurité dans un grand magasin de Dijon, et elle l'aurait menacée. Toujours selon la version de l'accusé, c'est en voulant se défendre que les coups seraient partis.
Demain, mardi 4 décembre, de nouveaux témoins seront entendus. Il y aura aussi les réquisitions du ministère public, suivies des plaidoiries des avocats de deux parties. Le verdict est attendu dans la soirée.
Rappel des faits
L'affaire remonte au 21 décembre 1996. Appelés pour un différend familial, les policiers de Dijon découvraient le corps d'une femme de 27 ans, tuée d'un coup d'arme blanche derrière l'oreille et de deux tirs d'une arme de gros calibre. A quelques mètres gisait son fils de trois ans, blessé par balle aux jambes. Le père avait disparu. En dépit d'un mandat d'arrêt, il parvenait à se faire oublier pendant quinze ans, avant d'être interpellé en région parisienne en janvier 2011.Magistrats et jurés tenteront de comprendre, pendant 2 jours, comment cet homme a pu échapper aux enquêteurs sans changer d'identité et en étant régulièrement hospitalisé. Une mauvaise chute en 1999 avait provoqué une paralysie partielle le contraignant à se déplacer en fauteuil roulant.
Pour les avocats de la défense, Maître Virginie Nunes et Maître Jean-Baptiste Gavignet, la réponse est simple: leur client n'a jamais vraiment été recherché par la police. "Depuis 2001, il a des comptes bancaires, la même adresse à Saint-Ouen, il percevait l'allocation adulte handicapé, votait aux élections", avaient-ils souligné à l'issue de l'audience avortée de septembre.
"C'est quand même atypique qu'il ait pu s'enfuir et rester autant de temps dans l'anonymat", a déclaré Maître Brigitte Ruelle Weber, l'avocate du fils de l'accusé, partie civile, qui n'a pas revu son père depuis le drame.
Le procès devrait être l'occasion d'entendre pour la première fois la version de l'accusé. Condamné par contumace en 2002 à 30 ans de réclusion criminelle, il n'a encore jamais été auditionné. "Est-ce qu'il va reconnaître sa culpabilité ? s'interroge Maître Ruelle Weber. On peut en douter".