Les principaux syndicats de France Télévisions ont appelé à une grève de 24h mardi 18 décembre 2012.
Ce mouvement social a lieu au lendemain de la première rencontre d'envergure entre le PDG du groupe, Rémy Pflimlin, et la ministre de la Communication, Aurélie Filippetti, qui l'a récemment désavoué publiquement.La réunion de lundi était prévue de "longue date". Il s'agissait de la première rencontre de fond entre les deux responsables depuis le début des négociations sur le nouveau contrat d'objectifs et de moyens du groupe audiovisuel public (France 2, France 3, France 4, France 5, France ô, 1ère), qui vont se prolonger jusqu'à "fin janvier".
"La discussion a porté sur la stratégie d'ensemble de France Télévisions. A la fois sur les missions des différentes chaînes, et sur les grandes orientations en matière de programmes", indique le ministère de la Culture. "Ont notamment été abordées, la question de l'évolution de France 3 et sa mission de proximité, mais aussi celle du positionnement de France 4 et de France O dans le paysage audiovisuel". Aurélie Filippetti et Rémy Pflimlin ont par ailleurs "évoqué la politique de création audiovisuelle et cinématographique à l'ère du numérique, ainsi que la question de la place dans le service public des programmes pour les enfants".
Cette rencontre intervenait six jours après les déclarations fermes de la ministre à l'encontre de Rémy Pflimlin. Aurélie Filippetti a sommé Rémy Pflimlin de lui présenter un "plan stratégique avec des missions de service public". Contactée par l'AFP, la direction du groupe n'a pas souhaité faire de commentaires sur la rencontre.
Le flou autour de la stratégie de la chaîne régionale France 3
"La ministre a témoigné une nouvelle fois au président de France Télévisions de sa confiance et lui a redit son attachement à l'indépendance de la télévision publique", a cependant souligné le ministère. France Télévisions et le ministère de la Communication négocient depuis septembre un avenant au Contrat d'objectifs et de moyens (COM) pour le groupe audiovisuel public, qui sera confronté en 2013 à une baisse de son budget de 85 millions par rapport à 2012.
C'est dans ce contexte que la CGT, la CFDT, FO et le SNJ ont appelé à une grève de 24 heures mardi, jour d'un Comité Central d'Entreprise extraordinaire où M. Pflimlin s'exprimera sur sa stratégie (financement, évolution des effectifs, périmètre des missions du service public de France Télévisions). "Savoir que notre PDG a rencontré l'autorité de tutelle la veille ça galvanise les troupes", estime Antoine Chuzeville, secrétaire adjoint du comité central d'entreprise de France Télévisions.
"C'est le premier mouvement de grève intersyndical depuis l'arrivée de Pflimlin. Pour nous, c'est déjà bien même si c'est difficile de savoir quelle va être l'ampleur. Les retours que l'on a des antennes régionales, du siège et de l'outre-mer sont plutôt bons", a-t-il ajouté.
Outre le flou entourant la stratégie, les syndicats dénoncent une "gestion défaillante" et une mise en oeuvre "calamiteuse" de l'entreprise unique, initiée en 2010. Autre source d'inquiétude, le plan de départ volontaire à venir qui va toucher jusqu'à 1.000 salariés, soit 10% des effectifs, mais sur lequel la direction ne "communique pas", dit Antoine Chuzeville. Le flou autour de la stratégie de la chaîne régionale France 3 pèse aussi, alors que des plans d'économies prévoient des suppressions temporaires ou définitives d'éditions locales d'information.