Dans un entretien publié dans le quotidien Le Monde, l'ancien député de Saône-et-Loire persiste à prendre le contre-pied de son Premier ministre sur la question de la "nationalisation temporaire" de Florange.
Après une abstinence médiatique quasi complète depuis le 30 novembre, date de l'accord entre le gouvernement et ArcelorMittal, Arnaud Montebourg reprend son discours là où il l'avait arrêté. "La nationalisation temporaire est une solution d'avenir" et cette "arme" est toujours "sur la table, et durablement", dit-il. "C'est l'arme qu'utilisent tous les Etats, y compris les plus libéraux, qui refusent de se laisser lier les mains par des multinationales dont les décisions sont prises au détriment des outils industriels", poursuit le ministre du Redressement productif qui souhaitait y recourir dans le dossier Florange (Moselle).Arnaud Montebourg se justifie également de n'avoir pas démissionné après le désaveu de Florange, en insistant sur le rôle du président François Hollande. "J'ai été maintenu à mon poste par le président de la République. Je n'ai pas une mentalité de déserteur, et n'aime pas esquiver mes responsabilités", explique-t-il. L'ancien député de Saône-et-Loire, à la faveur de cette prise de parole, marque clairement son désaccord avec le Premier ministre, malgré le déjeuner qui a réuni les deux hommes vendredi et dont rien n'avait filtré, mis à part le menu du jour, du "poulet de Bresse". Le déjeuner était "résolument tourné vers l'avenir", a-t-il simplement déclaré au Monde.
ArcelorMittal et le gouvernement ont mené des négociations pendant deux mois sur l'avenir de ce site sidérurgique, lors desquelles Arnaud Montebourg a brandi la menace d'une nationalisation temporaire si le géant de l'acier n'acceptait pas de céder le site dans son entier, et non les seuls hauts-fourneaux. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui n'était pas sur la même ligne, a finalement eu le dernier mot et conclu un accord avec le sidérurgiste, laissant apparaître une fracture nette. Après les négociations, une source à Matignon avait qualifié de "juridiquement hasardeux" et "économiquement instable", le scénario de nationalisation proposé par Arnaud Montebourg et argué du coût considérable d'une telle solution pour les finances publiques.
Arnaud Montebourg a failli claquer la porte du gouvernement
Ces arguments sont contestés avec vigueur par le ministre du Redressement productif, qui avait failli claquer la porte du gouvernement au lendemain de l'accord. "La nationalisation temporaire ne coûte rien, précisément parce qu'elle est temporaire : c'est donc un investissement ou un placement pour les contribuables", dit-il. Il cite également le rapport de l'expert gouvernemental Pascal Faure, qui avait estimé que le site, pris dans son ensemble, était "rentable". "Il s'agissait d'un investissement avisé et non d'une subvention à fonds perdus", souligne Arnaud Montebourg. La nationalisation temporaire "est admise dans notre Etat de droit, comme l'ont écrit les services juridiques de Bercy, et acceptée par l'Union européenne", affirme-t-il également. Le Canard Enchaîné a révélé la semaine dernière une note signée de la directrice du service juridique du ministère de l'Economie, qui valide la faisabilité juridique de la nationalisation, selon les éléments publiés par l'hebdomadaire.
Arnaud Montebourg était l'un des rares ministres absents mardi matin 18 décembre 2012 du comité interministériel pour la modernisation de l'action publique, présidé par M. Ayrault à Matignon. La date de ce mardi 18 décembre 2012 était en revanche inscrite à son agenda pour la visite de la société Radiall, dans l'Indre-et-Loire, avec François Hollande.