A l'Institut national de recherche agronomique (Inra) de Dijon, une plate-forme robotisée permet d'analyser l'évolution des plantes. Objectif : détecter les gènes les plus performants dans une optique d'économie d'eau et d'intrants.
Il s'agit du plus grand dispositif au niveau mondial pour observer, en milieu hautement contrôlé, comment réagissent les plantes soumises à un environnement hostile : manque d'eau, de ressources azotées, maladies... "C'est une adaptation des pratiques de l'industrie pour les besoins de la recherche, souligne Céline Bernard, responsable logistique des serres de l'Inra de Dijon. Le but n'est pas de diminuer le nombre de chercheurs, bien sûr, mais d'augmenter la capacité d'échantillonnage".Cette toute nouvelle plate-forme de phénotypage à haut débit (PPHD) a été inaugurée en juillet dernier. Sur un convoyeur automatisé de 400 mètres de long, les plants de vigne sont dirigés vers des cabines pour être pris en photo sous toutes les coutures par une batterie de caméras. Ils reçoivent ensuite de l'eau et une solution nutritive dosées au millilitre près. Le tout est dirigé par ordinateur.
Jusqu'à 2 000 plantes et plusieurs milliers de graines ou plantules peuvent être analysés en une journée. Manuellement, les mêmes opérations prennent plusieurs jours ou semaines, selon les chercheurs. La plate-forme doit accélérer la détection du ou des gènes que sollicite la plante - ici des légumineuses ou de la vigne - pour résister aux différents stress.
L'objectif est d'identifier les variétés les plus économes en intrants (engrais, produits phytosanitaires) potentiellement nocifs pour l'environnement. "On voit que l'agriculture intensive entraîne des coûts importants. L'agroécologie a justement pour but de réconcilier agronomie et écologie", souligne Christophe Salon, responsable scientifique de la plate-forme. "Il s'agit d'optimiser le fonctionnement des plantes et leur rendement tout en préservant l'environnement", ajoute-t-il.
L'investissement s'élevant à plus de huit millions d'euros, l'Inra met sa plate-forme à la disposition des recherches des organismes privés. "Il faut qu'elle tourne à fond les manettes" pour être rentabilisée, assume Christophe Salon. Un comité de gouvernance se chargera de sélectionner les projets qui atterriront dans la PPHD. Une entreprise pourrait ainsi tester la sensibilité d'une variété de vigne au mildiou. "Il faut qu'il y ait un intérêt scientifique pour nous", précise M. Salon.