Ce vendredi 8 mars, c'est la Journée Internationale de la Femme. Nous avons décidé de donner la parole à cinq personnalités féminines de la région. Aujourd'hui on suit Ophélie Claude-Boxberger, 25 ans, athlète de haut-niveau.
Elle a coupé une semaine. Partie changer d'air en Guadeloupe. objectif: oublier la compétition et surtout le boulot, le vrai. Ophélie Claude-Boxberger est championne d'athlétisme le week-end pour le Montbéliard Belfort Athlétisme et professeur d'EPS dans un établissement de la banlieue parisienne. En février dernier à Clermont-Ferrand, elle terminait médaille de bronze des Championnats de france du 800 mètres en salle.
La Guadeloupe pour se reposer un peu donc. Manque de bol, elle avait oublié de couper son téléphone quand le journaliste l'a appelée pour l'interview. Il était 10 heures à Besançon. 5 heures du matin en Guadeloupe. Même pas mal.
La " Journée de la Femme", cela vous parle ?
" Bien sûr que ça me parle. Je l'aime bien cette journée. Parce qu' elle nous est réservée! On a malheureusement encore besoin de faire valoir notre droit à l'égalité et aux respect parfois. Je vais forcément cibler des exemples avec mon sport. Les courses réservées aux filles sont minoritaires. C'est en train de changer, avec des courses comme "La Féline" organisée par le marathon de Belfort ou "La Parisienne". On doit profiter de tous les moyens possibles pour valoriser l'image et le rôle de la femme."
C'est dur d'être une femme en 2013 en France ?
" Non. Nous avons la chance d'être dans un pays où la femme est respectée. Dans ma vie professionnelle j'y entrevoie malheureusement des écueils. Je suis prof d'éducation physique et sportive dans un collège dit "sensible" de la banlieue parisienne. Je vous avoue que j'ai parfois du mal à me faire respecter par certains élèves. Et c'est clairement parce que je suis une femme. Mais rien de bien grave. Après, dans mon sport, je constate aussi des inégalités criantes. Prenez les primes dans les courses. Vous trouvez normal que dans une grande compétition les 12/15 premiers athlètes reçoivent une somme d'argent en récompense et seulement les 3 premières femmes ? Cela signifie tout bêtement que le 4ème masculin sera récompensé et pas la 4ème féminine ?!"
Le machisme, vous le côtoyez au quotidien ?
" Je ne vais pas encore parler de mes élèves..(rires). Je vais parler des moqueries, des regards sur le physique. Je suis une athlète de haut niveau. alors, forcément, je suis musclée. Et je dois malheureusement très souvent affronter les regards mais surtout les petites phrases des hommes. C'est toujours dit sur le ton de la plaisanterie et toujours par des hommes bien moins sportifs. Mais sur la longueur, ça saoule. Et ça blesse un peu. Voilà, le machisme je le ressens à ce niveau-là."
Votre métier aurait été différent si vous aviez été un homme ?
"Non. Et oui. Non, parce que j'aurais vécu ma passion de la même façon. Mais oui, cela aurait aussi été différent car..si j'avais été un homme, j'aurais gagné plus d'argent et vu mes performances être mieux jugées.
Le nombre de fois où j'ai entendu des quolibets comme : " tu gagnes tout car il y a moins de concurrence chez les filles, vous êtes moins nombreuses, c'est plus facile de sortir du lot!" Demandez à des gens dans la rue de citer 10 athlètes hommes et 10 athlètes femmes. A part une Christine Arron avant ou une Myriam Soumaré maintenant, les athlètes françaises ne sont pas très connues.
Enfin, dans mon travail, si j'avais été un homme, j'aurais eu cette autorité naturelle qui me fait un peu défaut dans les yeux de mes élèves"
Votre message pour les femmes ?
" Continuez à vous mettre dans la lumière ! Continuons à nous battre pour nos droits. Battons-nous pour l'égalité des sexes, pour que l'on ne se sente plus dévalorisées. Vous savez, dans nos sports, les femmes ne dépasseront jamais les hommes. Nous ne pourrons jamais courir plus vite que les meilleurs. Mais, comme pour les temps du marathon, l'écart se réduit entre nos deux sexes. Alors continuons!"