Comme lui, des milliers d'enfants handicapés sont privés de rentrée faute de places en établissements spécialisés. Ils doivent rester à la maison. C’est une situation lourde à gérer pour leurs familles.
Paul Mouchon, 12 ans et demi, est atteint de cytopathie mitochondriale : cette maladie génétique entraîne un retard psychomoteur. Il est "sans solution" éducative pour cette rentrée 2013-2014, explique sa mère, Valérie Briffaut.
Lorsqu’il était en maternelle et primaire, Paul était scolarisé en milieu ordinaire, avec l'aide d'une auxiliaire de vie scolaire (AVS), puis en classe spécialisée. Mais, en grandissant, il n’a pas pu intégrer un collège, car son handicap a été jugé trop lourd. Il a alors été orienté vers un institut médico-éducatif (IME) de Dijon. Paul y avait fait sa rentrée l'année dernière. "Ca s'est très mal passé. Il se faisait pousser par d'autres enfants, on lui a cassé ses lunettes. Une fois, il s'est ouvert la tête en tombant", explique sa mère. Comme il n'a pas été possible de négocier des aménagements au sein du même établissement, il en est sorti.
Ses parents n'ont pas pu obtenir de dérogation pour qu'il retourne en classe spécialisée en primaire, et "les IME des départements limitrophes n'ont pas de place". Il est donc sur liste d'attente, et c'est sa mère qui s'occupe de lui à la maison. "A l'approche de la rentrée scolaire, c'est angoissant" pour elle. Paul "a réclamé l'école plusieurs fois cet été. Ce n'est pas facile de lui dire: « Tu ne peux pas y retourner".
Reportage de Maryline Barate et Romain Liboz avec :
- Valérie Briffaut, mère de Paul
- Thierry Mouchon, père de Paul
- Isabelle Miler, présidente de l'Adapei 21
15 000 enfants sont "sans solution ou avec des solutions bricolées"
"Au moins 5 000" enfants, et même probablement "entre 10 000 et 15 000" sont "sans solution, ou avec des solutions bricolées", déclare Thierry Nouvel, directeur général de l'Unapei, fédération de familles et proches de personnes handicapées mentales. "C'est un phénomène qui se reproduit chaque année. C'est extrêmement difficile à gérer pour les familles, très désocialisant pour elles et pour l'enfant, qui subit un déficit d'éducation, donc un surhandicap". Ils seraient 3 à 400 dans ce cas en Côte d'Or, dont 70 sont totalement déscolarisés.Le gouvernement vient d'annoncer des mesures pour améliorer l'accompagnement par les AVS (auxiliaire de vie scolaire) des enfants scolarisés en milieu ordinaire. Par ailleurs, l’Etat poursuit la création de places en établissements spécialisés pour enfants et adultes. Le plan autisme prévoit notamment 3 400 places de plus d'ici à 2017. Environ 300 000 enfants et adolescents handicapés sont scolarisés, les trois quarts en milieu ordinaire.