Au terme de trois jours d’un procès éprouvant, les jurés de la cour d’assises de Côte d’Or ont condamné Fabien Souvigné à 22 ans de réclusion criminelle, pour avoir étranglé sa compagne et découpé son corps en 2012 à Dijon. Après l'énoncé du verdict, il est sorti sous les insultes.
Le verdict est tombé peu après 20h30 mercredi 23 octobre 2013. Finalement, la cour d'assises de Côte d'Or a condamné Fabien Souvigné à 22 ans d'emprisonnement pour le meurtre de Marion Bouchard. Une peine qui a suscité des remous dans la salle, notamment parmi les proches de la victime. Ils se disent en colère et déçus par le verdict. Ce jeune homme est un monstre, qui récidivera quand il sortira de prison, estiment-ils.
Un procès marqué par un fait surprenant
L'accusé a lui-même réclamé d'être condamné à la réclusion à perpétuité. "Pour ce que j'ai fait à Marion, pour la souffrance que je fais subir à sa famille et pour que plus jamais je ne puisse faire de mal à quelqu'un, je demande à ce que la cour me condamne à perpétuité", a demandé le jeune serveur de 26 ans lors du dernier jour d’audience mercredi 23 octobre 2013.Comment peut-on découper celle que l'on dit aimer ?
Pendant trois longues journées, les proches de Marion Bouchard ont dû subir le récit détaillé des circonstances de sa mort. La victime a été étranglée par son compagnon lors d'une dispute qui a eu lieu dans la nuit du 15 au 16 janvier 2012. "Ce soir-là, on s'est disputé, elle me criait dessus, elle m'insultait. Je voulais qu'elle s'arrête, alors je l'ai étranglée. Je voulais juste qu'elle se taise", a déclaré Fabien Souvigné.L’audience a aussi été marquée par les précisions macabres sur les mutilations infligées au cadavre de la jeune Dijonnaise.
"Ma question est terrible. Combien de temps faut-il pour découper le corps de Marion ?" a demandé la présidente de la cour. "Je ne sais pas, plusieurs heures... J'allais souvent vomir entre mes gestes".
Une autre question posée par la présidente était dans tous les esprits : "Comment peut-on découper celle que l'on dit aimer ?". A cela, le jeune homme a répondu qu’il avait peur, "la peur que les gens sachent que je l'avais tuée…"
L'accusé a reconnu qu’il avait bien eu l’intention de tuer
Pour le psychiatre Jean-Claude Archambault, Fabien Souvigné est pleinement responsable de ses actes. "C'est un personnage froid, indifférent, qui a réalisé un acte sadique, barbare et qui ne fait état d'aucune culpabilité". Selon l'expert, il existe des risques de récidive en cas de reprise d'alcool et de drogue "qui sont des facilitateurs dans le cas de l'accusé".L’avocat général a requis 30 ans de prison pour "un menteur" qui livre des versions toujours différentes des faits, "qui esquive les questions et finit par avouer un meurtre lorsqu'il se sent cerné". Le magistrat a rappelé que chaque année en France 122 femmes meurent sous les coups de leur compagnon. "C'est un décès tous les trois jours. Marion était l'une de ces victimes", a-t-il dit.
Dans leur plaidoirie, les avocats de Marion Bouchard avaient tenté de faire passer des messages : "Son acte est monstrueux, mais cela ne fait pas de lui un monstre", avait plaidé maître Émilie Cavin. "Marion et Fabien s'aimaient mal, mais ils s'aimaient", avait dit maître Emmanuel Touraille. Les jurés les ont apparemment entendus. Ils n'ont pas suivi les réquisitions de l'avocat général et ont décidé de condamner Fabien Souvigné à 22 ans de réclusion criminelle.
Le reportage d’Elsa Bezin, Pauline Ringenbach et Damien Rabeisen avec :
- Yves Bouchard, père de Marion
- Dominique Burdy, mère de Marion
- Dessins d’audience de Thierry Doudoux
- Maitre Emmanuel Touraille, avocat de la défense