Les agents de l’Inrap (Institut national de recherche archéologique préventive) ont profité de la visite de la ministre de la Culture à Dijon vendredi 25 octobre 2013 pour tirer la sonnette d’alarme.
Les agents de l’Inrap Grand Est Sud ont interpellé la ministre qui participait aux Rencontres cinématographiques de Dijon. Rappelons que l’Institut national de recherche archéologique préventive a notamment pour mission de fouiller des sites archéologiques avant qu'ils ne fassent l'objet de travaux d'aménagements (routes, voies ferrées, zones d'activités, etc.)
Le personnel de l’Inrap dénonce « une situation inacceptable » qui s’est mise en place il y a dix ans, « quand le gouvernement de Raffarin a soumis la sauvegarde du patrimoine archéologique à la règle de la concurrence commerciale ».
Depuis l'ouverture à la concurrence des activités de fouilles en 2003, « une quinzaine d’entreprises privées ont vu le jour et ont montré que l’archéologie préventive pouvait être une activité très lucrative », expliquent les salariés de l’Institut. Par le biais de stratégies immobilières sophistiquées et en s’octroyant de confortables dividendes, une poignée d’actionnaires s’est enrichie sur le dos du patrimoine archéologique et des deniers publics, avec des taux de profit qui dépassent ceux de l’industrie du luxe. Pour la discipline, le bilan scientifique et social est accablant. La collaboration scientifique a fait place à la concurrence commerciale, les conditions de travail ne cessent de se dégrader et la précarité explose », dénonce l’Intersyndicale archéologie Sud-culture- SGPA CGT-Culture – CNT – CCS.
Les agents ont obtenu un rendez-vous dans les prochains jours au ministère de la Culture pour exposer leurs revendications de façon plus détaillée.
La Cour des Comptes a estimé dans un rapport rendu cet été que le modèle français d'archéologie préventive était menacé si l'Etat ne dotait pas l'Inrap des moyens nécessaires aux missions qu'il lui a confiées. La Cour des Comptes juge que des "réformes structurelles majeures" sont nécessaires.