En Bourgogne, seuls les écologistes -par la voix de Philippe Hervieu- se disent déçus de la suspension de l'écotaxe. François Patriat, président PS de la région, réclame, lui, un moratoire de plusieurs mois. Quant aux transporteurs bourguignons, ils sont satisfaits.
L’application de l’écotaxe suspendue
Jean-Marc Ayrault a suspendu mardi l'application de l'écotaxe sur l'ensemble du territoire pour une durée indéterminée, reculant sous la pression du mouvement d'hostilité en Bretagne où les opposants restent mobilisés et réclament sa suppression pure et simple.Les réactions en Bourgogne
Pour Philippe Hervieu, secrétaire régional des Verts de Bourgogne, "il aurait fallu mettre plus de pédagogie", cela aurait évité les "manipulations politiciennes".
François Patriat, président du conseil régional de Bourgogne, estime que , compte tenu de la situation économique actuelle, il fallait réduire l'écotaxe ou la reporter dans le temps. Il a réclamé un "moratoire" prolongé. Même s'il dit "comprendre le bien fondé" de l'écotaxe, "le moment n'est pas approprié" au regard de la situation économique de la France.
Raymond Cordier, président régional de la Fédération Nationale des Transporteurs Routiers, lui, est dans l'attente. Actuellement, pour lui, la situation pour les chefs d'entreprise est "indigeste", c'est comme un "mille feuille dans lequel on aurait mis trop de couches", trop de taxes.
- Philippe Hervieu, secrétaire régional des Verts
- Raymond Cordier, président régional de la Fédération Nationale des Transporteurs Routiers
- François Patriat, président du conseil régional (PS)
« Suspension n’est pas suppression »
Le Premier ministre a annoncé vouloir se "donner le temps nécessaire d'un dialogue au niveau national et régional" sur cette taxe, décidée en 2009 par la précédente majorité."Suspension n'est pas suppression", a assuré Jean-Marc Ayrault, pour donner un signal au partenaire écologiste qui redoutait une disparition pure et simple de cette taxe sur les poids lourds de plus de 3,5 tonnes.
Le gouvernement ne peut de toutes les manières pas supprimer cette taxe, avait prévenu lundi le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Car mettre fin au contrat conclu avec la société chargée de sa collecte Ecomouv' lui coûterait un milliard d'euros dont 800 millions dans l'immédiat.
L’environnement est un « bouc-émissaire » estiment les écologistes
Pour le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Pascal Durand, cette décision "ne va résoudre en rien les problèmes que rencontre la Bretagne". Pour autant, la coprésidente du groupe à l'Assemblée, Barbara Pompili, a clairement exclu une sortie du gouvernement, dont son parti reste "partenaire".Mais dans l'ensemble, cette décision passe très mal chez les responsables écologistes, associations comme politiques, qui estiment que l'environnement est devenu "le bouc émissaire des problèmes économiques" des éleveurs et des transporteurs.
Un geste salué par les milieux économiques
Ce nouveau recul a en revanche été bien accueilli par les élus bretons présentsà Matignon comme par les milieux économiques. Seul élu breton représentant l'UDI, et seul participant de l'opposition à la réunion de Matignon, le député d'Ille-et-Vilaine Thierry Benoit a salué "un geste d'apaisement" de la part du chef du gouvernement. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, estime lui avoir "été entendu" et assure qu'il sera présent au nouveau round de négociations. Même son de cloche à la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) qui a toutefois ironisé en affirmant que désormais "toute nouvelle taxe connaîtrait le même sort". Pour la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR), il s'agit aussi d'une "bonne nouvelle" car "la date du 1er janvier était irréaliste".
L’opposition se dit « soulagée »
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, s'est lui aussi déclaré "soulagé pour les entrepreneurs, les agriculteurs, les Français, que le Premier ministre ait entendu leur cri de colère et leur inquiétude". Il a ajouté que ce report décidé par Jean-MarcMardi, à 18H45, des conseillers de Matignon devaient recevoir des représentants du monde économique breton opposés à l'écotaxe pour expliquer la décision du Premier ministre.
Cette taxe est une mesure du Grenelle de l'environnement mis en place à l'initiative de Nicolas Sarkozy. Elle doit rapporter plus d'un milliard d'euros par an et vise à inciter les entreprises à utiliser des modes de transports des marchandises moins polluants.