Le sénateur PS et président de la région Bourgogne, François Patriat, a demandé mercredi 30 octobre 2013 au Premier ministre Jean-Marc Ayrault de "revenir" sur le projet de loi sur l'agriculture, qui prévoit de limiter les vétérinaires dans la délivrance des antibiotiques.
"Le projet de loi d'avenir pour l'agriculture comporte en l'état actuel un arbitrage choquant qui met en péril le monde vétérinaire : sous couvert de lutte contre l'antibiorésistance, l'article 20 de ce projet veut en effet limiter les vétérinaires dans la délivrance des antibiotiques (délivrance qu'il faut bien distinguer de la prescription)", écrit dans un communiqué François Patriat, lui-même vétérinaire de profession.
"On stigmatise ici en réalité une profession qui est pourtant, d'après toutes les études et tous les rapports scientifiques, en pointe depuis des années dans la lutte contre l'usage excessif des antibiotiques", poursuit-il. "Nous demandons donc au Premier ministre de revenir sur cet arbitrage, qui ne répond en aucun cas à l'objectif poursuivi, à savoir la lutte contre l'antibiorésistance".
Contrairement aux médecins, les vétérinaires possèdent une double compétence de prescripteurs et distributeurs de médicaments. La loi sur l'avenir et la modernisation de l'agriculture, repoussée à début 2014, entend notamment interdire les marges arrière sur les antibiotiques et veiller à un encadrement plus strict de la prescription des antibiotiques.
Le Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral (SNVEL, qui représente environ 40% des cabinets libéraux) a appelé ses adhérents à manifester le 6 novembre 2013 à Paris contre une disposition qui "a pour objet de lutter contre l'antibiorésistance mais risque d'être étendue à d'autres catégories de médicaments" a expliqué à l'AFP Anne Daumas, directrice du SNVEL.
"D'autres mesures très contraignantes sont déjà prévues" a-t-elle estimé en affirmant que la mobilisation des praticiens et des éleveurs depuis 2000 avait déjà permis de réduire l'usage des antibiotiques, "de près de 40%" selon elle.
"Cette dernière mesure risque de s'avérer contre-productive" et d'obliger les éleveurs à des démarches supplémentaires - avec la possibilité de traitements incomplets, relève-t-elle encore.