La vente aux enchères des Hospices de Beaune est un baromètre qui détermine les tendances du marché pour l'année à venir. Depuis plusieurs années, les prix augmentent sensiblement. Cette tendance va se confirmer en 2013.
Vous pourrez suivre la vente des vins des Hospices de Beaune en direct sur le site internet de France 3 Bourgogne dimanche 17 novembre 2013, à partir de 14h.
L'édition 2013 battra-t-elle le record de 2012 ? L'an dernier, le total des ventes avait dépassé 5,9 millions d'euros. La pièce du président - un tonneau de 350 litres de Corton grand cru Charlotte Dumay - avait été adjugée 270 000 euros à un Ukrainien par l'intermédiaire de la maison beaunoise Bichot.
En huit ans, le prix moyen de la pièce de vin est passé de 4 803 euros à 10 238 euros
Le prix du vin de Bourgogne ne peut que monter
C’est l’avis de Joëlle Brouard, professeur de marketing, directeur du mastére spécialisé en commerce international des vins et spiritueux, directrice de l'Institut du Management du Vin
Y a-t-il une tendance à la hausse des prix lors de chaque vente aux enchères des Hospices de Beaune ?
La vente des Hospices de Beaune est un indicateur de confiance, confiance dans la qualité d'un millésime et confiance dans les marchés.Les évolutions des prix suivent l'évolution de la demande des vins de Bourgogne. Il est donc logique que ces dernières années le prix des vins à la vente des hospices ait fluctué à la hausse vu l'engouement des consommateurs du monde entier pour les vins de Bourgogne de plus en plus prisés et de très haute qualité.
Cette année, la récolte de faible volume, mais de belle réussite devrait induire un prix en hausse. Il faut noter que certains producteurs en Bourgogne ont perdu entre 60 et 40 % de leur production et que bien évidemment ils ne pourront obtenir le même chiffre d'affaires alors que leurs charges d'exploitation progressent.
Est-ce que le fait de confier la vente aux enchères des Hospices de Beaune à la société Christie's en 2005 a eu une influence sur l'évolution des prix ?
L'arrivée de Christie's est marquée par l'accès en quasi-direct de consommateurs particuliers, alors qu'auparavant la vente concernait le négoce. Hormis la pièce des Présidents, une pièce de vin de la vente des Hospices est" accessible" à des amateurs éclairés et pas uniquement à de riches milliardaires.Les informations diffusées concernent surtout le montant total de la vente et le score de la pièce des Présidents dont les bénéfices de la vente vont à une œuvre caritative. Le montant atteint par cette pièce mesure l'impact de communication de la personnalité qui préside la vente. On se souvient du rôle joué en 2010 par Fabrice Luchini permettant à la pièce des Présidents d'atteindre 400 000 euros (5oo litres). En 2012, il y a eu aussi la promesse faite par Carla Bruni que la livraison de la pièce serait assurée par Nicolas Sarkozy en personne.
Pour les autres cuvées, le prix final d'une bouteille (achat+élevage+taxes) correspond au prix du marché pour un vin de la même appellation. Par exemple, en 2012, vous pouviez avoir sous l'étiquette Hospices de Beaune, un Pommard "Raymond Cyrot" pour 28,40 euros (TTC) ou un Beaune Premier Cru "Guigone de Salins" pour 26,80 euros.
Est-ce que la hausse des prix va se poursuivre ?
Le vin de Bourgogne est un vin d'exception dans tous les sens du terme : il n'est pas un vin du quotidien, mais un vin destiné à accompagner les grands moments. Il est perçu comme cher, mais cher par rapport à quoi et à quel produit? Sur le marché mondial, les vins de la qualité du bourgogne sont vendus souvent plus chers.La mise en avant de vins iconiques cache la réalité d'un marché plus "raisonnable". Il ne faut pas oublier que les coûts de production sont très élevés en Bourgogne, forte densité de plantation, rendement faible, travail manuel, coût du foncier. Si on compare l'évolution du prix du vin de Bourgogne avec l'évolution du prix d'autres produits alimentaires (on se souvient de la baguette à 1 franc versus la baguette à 1 euro aujourd'hui ou le prix des fruits et légumes), on ne peut pas parler d'inflation. Les consommateurs, les Français notamment, ont la nostalgie du prix du bourgogne des années 80. Je suis la première à le regretter, mais le vin de Bourgogne est un produit de qualité élaboré en petites quantités, son prix ne peut donc que monter.